L’OPEP+ à nouveau sous pression

01/03/2022 mis à jour: 21:05
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Les pressions occidentales, notamment américaines, se font de plus en plus plus insistantes sur l’Organisation des exportateurs de pétrole (Opep) pour l’amener à mettre plus de brut sur le marché afin d’inverser la courbe des cours de l’or noir sur les marchés mondiaux.

Alors que les contrats à terme sur le pétrole continuent leur progression au-dessus de 100 dollars pour le Brent, les regards se tournent à nouveau vers l’Opep+ qui doit se réunir demain 2 mars pour statuer sur son plan de production.

Les prix en nette hausse réagissaient notamment aux sanctions décidées par les Etats-Unis et alliés en vue d’empêcher certaines banques russes d’accéder au système de paiement international SWIFT, parmi un ensemble de sanctions financières. Dans ce contexte, les pressions occidentales, notamment américaines, se font de plus en plus plus insistantes sur l’Organisation des exportateurs de pétrole (Opep) pour l’amener à mettre plus de brut sur le marché afin d’inverser la courbe des cours de l’or noir sur les marchés mondiaux.

La tentative de briser la solidarité entre les producteurs Opep et leur allié russe est aussi sur la table pour tenter d’impacter les prix ; or la Russie est le plus grand producteur de l’alliance OPEP+ aux côtés de l’Arabie Saoudite, représentant environ 10% de l’offre mondiale totale. Le brut de l’Oural est un produit de base pour les raffineurs du nord-ouest de l’Europe et de la Méditerranée. Les principaux acheteurs sont l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Pologne, la Finlande, la Lituanie, la Grèce, la Roumanie, la Turquie et la Bulgarie. La Russie est également un fournisseur majeur des Etats-Unis et de la Chine.

Malgré les pressions, les alliés Opep de la Russie semblent pour le moment se démarquer de la campagne internationale visant à isoler Moscou. Aucune critique n’a ciblé le Kremlin. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a réitéré l’engagement de son pays envers l’accord OPEP+ lors d’un entretien téléphonique avec le président français Emmanuel Macron, selon l’agence de presse saoudienne officielle citée par Platts.

La presse occidentale spécule tout de même sur «une cassure» éventuelle au sein de la coopération OPEP+ suite à la crise ukrainienne. «La formule de succès de Riyad-Moscou-Abou Dhabi est en grave difficulté, car les puissances occidentales mettront l’Arabie Saoudite, Abou Dhabi et d’autres sous une pression sévère pour rompre leur coopération stratégique avec Moscou», écrit notamment le site spécialisé Oil price.

Pourtant, pour le moment, rien n’indique qu’une éventualité est étudiée, les membres influents que sont les pays du Golfe n’ayant fait aucun pas vers une telle démarche, au vu de leur «neutralité» politique officielle envers le conflit armé en Europe.

La prochaine réunion de l’Opep+ se tiendra alors que la situation du marché est caractérisée par une offre limitée face à une demande exponentielle, ce qui laisse prévoir une décision en faveur du statu quo malgré les pressions des pays occidentaux. Ceux-ci disposent par ailleurs d’une marge de manœuvre limitée, en termes de libération de stocks stratégiques pour faire baisser les prix. Une tentative renouvelée ces derniers jours sans grand succès pour le moment.

Une baisse de la demande salutaire

Selon Goldman Sachs Group Inc. la baisse de la demande est la seule chose qui peut empêcher le pétrole de continuer sa progression. La banque a relevé ses prévisions sur un mois pour le brut Brent à 115 dollars le baril, contre 95 dollars, avec des risques à la hausse importants en cas de nouvelle escalade ou de perturbations plus longues de l’offre.

La baisse de 2 à 4 millions de barils par jour de la demande est nécessaire pour compenser une perte proportionnelle d’un mois des exportations russes, a déclaré la banque qui souligne que la réponse de l’offre de schiste américain ne serait plus un mécanisme de rééquilibrage approprié pour un choc potentiel aussi important, la Russie exportant environ 7,3 millions de barils par jour de pétrole brut et de produits pétroliers transportés par voie maritime.

La seule réponse potentielle à court terme de l’offre devrait provenir de l’alliance OPEP+, selon Goldman. «Une augmentation de la production de l’Arabie Saoudite et des Emirats arabes unis, ainsi qu’une levée des sanctions américaines contre l’Iran pourraient augmenter les approvisionnements mondiaux quotidiens de 2 millions de barils au cours des prochains mois, avec une libération de réserves coordonnée au niveau international aidant à combler l’écart. Mais cela se ferait au détriment d’un épuisement des capacités inutilisées, poussant les prix à la hausse», ont déclaré les analystes de la banque

Les contrats à terme sur le pétrole brut, pour livraison en mai, ont bondi, hier, dans les premiers échanges de Londres alors que les marchés pesaient l’impact de sanctions financières plus sévères contre la Russie par rapport aux informations faisant état de négociations possibles entre le gouvernement ukrainien et le Kremlin. Le Brent s’échangeant à plus de 103 dollars en cours de matinée, en hausse de plus de 4 dollars par rapport à la clôture de vendredi dernier. Le Nymex WTI d’avril était à 96 dollars, en hausse de près de 4 dollars également.

 

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