L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a exprimé sa vive inquiétude quant à la détérioration rapide des conditions sanitaires.
La destruction systématique des infrastructures sanitaires devient une arme de guerre à part entière. Ghaza est aujourd’hui en proie à une véritable catastrophe sanitaire et humanitaire. Le système de santé, pilier essentiel en temps de guerre, est à l’agonie. Des hôpitaux débordés par l’afflux incessant de blessés, des stocks de médicaments quasi inexistants et des coupures de courant fréquentes : tout contribue à aggraver le bilan humain.
Résultat : la polio, une maladie éradiquée depuis plus de vingt ans à Ghaza, fait son retour et la campagne de vaccination s’annonce compliquée. Selon la Commission d’enquête indépendante internationale des Nations unies, Israël mènerait une «politique concertée de destruction du système de santé de Ghaza», dans le cadre de son offensive en cours dans l’enclave palestinienne.
Le communiqué des enquêteurs ne laisse guère place au doute : les forces armées d’occupation israéliennes sont responsables de crimes de guerre, et même du crime contre l’humanité d’extermination, par le biais d’attaques répétées contre le personnel médical et les infrastructures de santé de Ghaza. Cette commission, composée de trois experts indépendants, avait été créée en mai 2021 par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Sa mission : enquêter sur les violations des droits humains et du droit international commises en Israël et dans les Territoires palestiniens occupés. Deux ans plus tard, la commission publie un rapport accablant, son deuxième depuis l’intensification de la guerre.
Le rapport détaille comment l’armée d’occupation israélienne a délibérément visé des installations médicales ainsi que des ambulances. Des personnels de santé ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions, dans des bombardements ciblés, allant au-delà des dommages collatéraux habituels d’une guerre asymétrique. «Israël commet des crimes de guerre en s’attaquant aux infrastructures vitales de Ghaza», affirme le rapport, accusant l’Etat hébreu de systématiquement empêcher les soins médicaux, exacerbant une situation déjà catastrophique pour les 2,3 millions de Ghazaouis.
Les infrastructures médicales de l’enclave sont en ruines : hôpitaux bombardés, cliniques détruites et ambulances visées. Une situation qui, pour l’ONU, va bien au-delà des aléas de la guerre, s’inscrivant dans une logique concertée de destruction.Selon les derniers chiffres des Nations unies, la capacité hospitalière à Ghaza est aujourd’hui inférieure à 50% de ce qu’elle était avant le guerre, rendant impossible une prise en charge adéquate des victimes des bombardements incessants.
Face à ce constat, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a exprimé sa vive inquiétude quant à la détérioration rapide des conditions sanitaires. Alors que Ghaza est frappée par un retour alarmant de la poliomyélite, une maladie éradiquée depuis plus de vingt-cinq ans, l’OMS, en collaboration avec l’Unicef, a lancé une campagne de vaccination. Cependant, les bombardements incessants compliquent la mise en œuvre de cette initiative vitale.
«Difficile mais possible»
Le Dr Rik Peeperkorn, représentant de l’OMS, a souligné l’urgence d’établir des pauses humanitaires afin de permettre la vaccination d’environ 590 000 enfants de moins de 10 ans. «Les combats rendent cette campagne extrêmement difficile», a-t-il déclaré. Des centres de santé se trouvent dans les zones d’évacuation imposées par Israël, rendant leur accès périlleux. «La campagne doit se poursuivre malgré tout, c’est une question de survie», a-t-il ajouté. «Difficile mais possible» : la nouvelle campagne de vaccination contre la polio à Ghaza qui doit démarrer lundi s’annonce plus compliquée en raison des combats entre Israël et le Hamas dans le nord du territoire palestinien, a fait savoir l’ONU.
«Je suis bien sûr préoccupé par l’évolution de la situation dans le Nord» de Ghaza, a déclaré le représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Dr Rik Peeperkorn, lors d’un point de presse. «Nous sommes inquiets, car les conditions sur le terrain sont vraiment plus compliquées cette fois», a renchéri la représentante spéciale de l’Unicef, Jean Gough. «Il sera absolument essentiel que non seulement les pauses humanitaires localisées soient respectées dans le Nord, mais aussi que les gens ne soient pas forcés de se déplacer d’une zone à l’autre», a-t-elle dit : «Ce sera essentiel pour que nous puissions vacciner au moins 90% des enfants de moins de 10 ans parmi la population du Nord.» Elle a toutefois affirmé avoir espoir que la campagne puisse aller de l’avant. «C’est difficile mais c’est possible», a-t-elle dit.
Une deuxième campagne contre la polio, qui doit permettre de vacciner 590 000 enfants de moins de 10 ans, débutera le 14 octobre dans la bande de Ghaza, annonce Catherine Russell, directrice générale de l’Unicef, sur X. Israël a aussi anéanti tout ce qui pourrait venir en aide aux Palestiniens de Ghaza. L’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA), pilier de l’aide humanitaire à Ghaza, se retrouve lui aussi en première ligne.
Philippe Lazzarini, son directeur général, dénonce une «offensive systématique» contre l’agence, qui, selon lui, est devenue une cible de la stratégie israélienne pour mettre fin à toute forme d’aide internationale aux Palestiniens. L’UNRWA, qui fournit des services essentiels à des millions de réfugiés palestiniens, voit ses ressources diminuer alors que la demande explose. Lazzarini a également exprimé sa déception quant au fait que l’UNRWA n’ait pas été distinguée par le prix Nobel de la paix cette année, même s’il salue le choix du mouvement japonais Nihon Hidankyo. «Cela aurait été un signal fort en faveur des réfugiés palestiniens», a-t-il déploré.