Livré aux groupes terroristes, aux narcotrafiquants et aux conflits armés : Le Sahel, cette poudrière de l’Afrique

23/01/2025 mis à jour: 07:12
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Photo : D. R.

Le dénouement du rapt d’un ressortissant espagnol, au sud du pays, intervient après une série d’autres rapts qui ont eu lieu au Niger et à sa frontière avec le Burkina Faso, et dont les victimes ne sont toujours pas libérées. Ces actes ont pour points communs le mode d’emploi, les mêmes moyens et le même profil des auteurs, pour qui les enlèvements de ressortissants étrangers ou influents constituent une prestation de service  à Al Qaïda et à l’Etat islamique du Sahel,  dans une région où les deux organisations terroristes ont étendu leurs tentacules meurtriers aux pays côtiers d’Afrique de l’Ouest, avec une augmentation des attaques violentes de plus de 250% durant ces deux dernières années.

Liés ou pas, les quatre enlèvements presque simultanés au sud de Tamanrasset en Algérie, au sud-ouest du Niger et à sa frontière avec le Burkina Faso, menés par des groupes armés, suscitent de lourdes inquiétudes quant aux liens avérés entre les groupes terroriste affiliés à Al Qaïda et l’Etat islamique au Sahel (EIS) et les organisations de narcotrafiquants  et de traite de migrants qui prolifèrent sur le même terrain.

En effet, les quelques informations obtenues sur ces opérations montrent un mode opératoire identique pour les quatre opérations, qui n’étaient revendiquées ni par les groupes d’Al Qaïda ni par l’EIS, souvent très prompts à annoncer leurs «faits d’armes» par leurs moyens de communication. 
Le premier rapt a eu lieu le samedi 11 janvier, lorsque Eva Grezmatcher, une Autrichienne de 73 ans, résidente depuis 28 ans  à Agadez, au Niger, a été enlevée.

Un groupe de cinq hommes armés a forcé le gardien à ouvrir la porte d’entré de la maison vers 19h,  avant de l’obliger à monter à bord d’une Toyota tout-terrain et de disparaître en direction de la frontière avec le Mali. Moins de 48 heures après, le GNIM a rejeté toute implication dans le rapt, qui a suscité une mobilisation de la société civile locale, sous le choc de la disparition, à ce jour d’ailleurs, d’Eva.

Le sort de celle-ci n’est toujours pas connu, comme celui d’un ancien directeur général de l’Office des produits viviers du Nige, Alassane Souleymane, le même jour, un peu plutôt que l’Autrichienne, en ce 11 janvier  2025, aux environs de 11h, kidnappé par des hommes armés.

Ces derniers l’ont pris de sa maison à Savajé, une commune de Torodi,  dans la région de Tilabéri, au sud-ouest du Niger. A bord d’une Toyota tout-terrain, les ravisseurs ont pris  la direction de la frontière entre le Mali et le nord du Burkina Faso.

Ifluence de puissances étrangères

Le 14 janvier 2025, un ressortissant espagnol, Navarro Giane Gilbert, en bivouac avec ses accompagnateurs dans le sud algérien est  surpris par l’arrivée de deux 4X4, desquels cinq hommes armés ont surgi.

Les premières informations obtenues par les notables de Tamanrasset font état de la présence des ravisseurs, tous membres d’une organisation criminelle, au nord est du Mali, généralement sous le contrôle des combattants de l’Azawad affiliés au FLA (Front de libération de l’Azawad), anciennement le CSP (Cadre stratégique permanent pour la paix, la sécurité, signataire de l’accord d’Alger pour la paix au Mali).

Le point commun entre tous ces enlèvements, c’est le fait que les auteurs ne sont pas désignés comme faisant partie de groupes islamistes armés. Ils sont liés à des organisations de narcotrafiquants et de banditisme qui sont prêts à enlever des ressortissants étrangers ou influents,  les «vendre» à Al Qaïda et à l’EIS,  qui se partagent la région du Sahel :  du nord à l’est du Sahel central, à des centaines de kilomètres jusqu’au Niger, Mali et Burkina Faso, le territoire sous «contrôle» de l’EIS qui aspire à se déployer encore plus loin,  alors qu’au sud de tout cet espace, règnent les phalanges d’Al Qaïda.

Une expansion qui menace plus que jamais la sécurité des pays de la région déjà lourdement affectés par les coups d’Etat, les conflits armés, le recours aux mercenaires et les luttes d’intérêt et d’influence de puissances étrangères. Autant d’ingrédients qui font de la région une véritable 
poudrière. 

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