Il a fallu que deux cas de botulisme, suite à la consommation de thon en conserve, soient enregistrés au mois d’août à El Khroub dans la wilaya de Constantine, dont l’une des victimes, un homme de 25 ans, est décédée, pour que «les vieux démons» de cette maladie se réveillent. Durant cet épisode, l’un des principaux faits de cet été en Algérie, les citoyens ont été tenus en haleine, restant à l’affût de la moindre information.
Alors que l’on s’interroge sur les enseignements à tirer de cette affaire, l’opinion publique reste encore dans l’attente des résultats de l’enquête menée par les services du commerce de la wilaya de Constantine, au moment où le silence entoure toujours celle décidée par le procureur de la République près le tribunal de Constantine, depuis le décès de l’une des victimes, le 22 août.
Cette même opinion publique est en droit de connaître la vérité sur les causes réelles de cette infection, par souci de sensibilisation. Mais enfin pourquoi parler encore de botulisme, après tout ce qui a été dit dans la presse et la polémique qui s’en est suivie entre le producteur du thon mis en cause et une association de protection du consommateur ?
La réponse est bien simple. Bien qu’elle soit, tout de même, une infection rare en Algérie, le botulisme est mortel et la tendance chez nous a toujours été à l’oubli. L’amnésie est aussi dangereuse que l’infection elle-même. Pour ceux qui ne s’en souviennent pas, le botulisme avait déjà défrayé la chronique au mois de juillet 1998, avec l’affaire du cachir avarié d’un fabricant de la wilaya de Sétif, ayant fait 44 morts et des dizaines d’hospitalisations dans plusieurs villes de l’Est. Une véritable épidémie jamais enregistrée.
Ce malheureux épisode, marqué aussi par une polémique sur la responsabilité des différentes parties, dont des institutions de l’Etat, s’est terminé au mois de mars 2006 devant le tribunal criminel de Sétif par une peine de vingt ans de prison prononcée à l’encontre du fabricant de produits impropres à la consommation.
Au mois de juin 2015, une autre affaire de botulisme, suite à la consommation de cachir et de pâté de volaille impropres à la consommation, avait éclaté à Kais, dans la wilaya de Khenchela. Sur les neufs patients évacués vers le CHU de Batna, trois ont succombé, dont deux enfants de 11 ans et un homme de 66 ans.
Plusieurs années après, l’affaire du botulisme à Constantine est venue rappeler que le consommateur en Algérie n’est jamais à l’abri de mauvaises surprises, pouvant avoir des conséquences dramatiques. On ne peut pas toujours incriminer les services de contrôle qui demeurent désarmés face à une faune de gens sans scrupules, exploitant des ateliers clandestins pour fabriquer des produits alimentaires dans des conditions d’hygiène déplorables.
Des quantités impressionnantes de poulet avarié, de viandes impropres à la consommation destinées à la préparation de cachir, de merguez et autres ont été saisies par les services de sécurité. A l’opposé, des consommateurs insouciants prennent toujours le risque en s’achetant des aliments d’origine douteuse et mal conservés. A ce stade, c’est au citoyen de se prémunir lui-même, en ayant une véritable culture d’hygiène pour ne plus se faire de soucis. Un consommateur averti en vaut deux.