L’improbable consensus ?

06/01/2022 mis à jour: 02:00
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Avec l’année 2022 qui démarre, le pays se met-il sur les rails du changement ou va-t-il continuer à naviguer dans les eaux troubles de la crise ? Les dirigeants versent dans l’optimisme et avancent leurs arguments, ce qui n’est pas le cas d’une bonne partie de la population, vaccinée contre les promesses et aujourd’hui plongée dans un état de grande sidération par l’effet des malheurs cumulés.

Le coronavirus en est un, et pas des moindres, par son effet destructeur des vies humaines et de la vie sociale. Les Algériens en veulent aux gouvernants de les avoir exposés à la désorganisation du système de santé, l’aberration étant la pénurie d’oxygène, mais en même temps, ne comprennent pas le laisser-aller et surtout les réticences vaccinales de leurs compatriotes, alors que les pouvoirs publics ont fini par mettre les moyens et que tant de professionnels de santé se sont mobilisés, parfois sacrifiés, pour contrer la pandémie.

Un paradoxe qui n’est pas près de faciliter un consensus national dans la lutte contre le virus, ce dernier heureusement moins répandu qu’outre-Méditerranée, mais quand même quotidiennement mortel. Mais là où les autorités pensent être à l’aise en ce début d’année, c’est sur la sphère économique, en délivrant des projections positives en matière de taux de croissance, de création d’emplois et de facilitations étatiques en matière de création de richesses, tant au niveau public que privé.

Les Algériens voudraient bien les croire et persévérer dans le sacrifice, si les données et les projections officielles n’étaient pas souvent remises en cause par nombre d’experts nationaux et internationaux et d’institutions mondiales. Des données essentielles prêtent à confusion, telles la nature et l’importance du déficit public, le niveau anormalement élevé du train de vie de l’Etat et les affectations des ressources. Des textes importants sont rédigés en vase clos au niveau de l’Exécutif, puis soumis à une approbation, presque automatique, du Parlement.

Citons la levée progressive des subventions publiques, la révision du monopole de l’Etat sur les entreprises publiques, la refonte du code du travail, les aménagements du code pénal, des mesures parmi d’autres tout aussi importantes. Les administrés n’en prennent connaissance qu’à leur publication au Journal officiel. Tout, on l’aura deviné, est le résultat du manque de transparence conjugué à l’absence de culture du débat public.

C’est ce qui empêche in fine les Algériens de s’inscrire dans un quelconque consensus national en matière de lutte contre les crises multiformes. Le consensus ne tombe pas du ciel, c’est une construction qui engage le pouvoir politique, la classe politique, la société civile et la grande masse des citoyens. C’est une convergence d’opinions entre des points de vue contradictoires.

C’est un préalable démocratique. L’Algérie ne peut plus fonctionner de manière verticale et la sphère politique dirigeante continuer d’imposer ses décisions sans se soucier outre mesure des points de vue des citoyens et, bien entendu, de leurs revendications essentielles, maintes fois exposées, y compris dans la rue. Car ces Algériens, pas ou peu écoutés et sollicités, ne pouvant plus faire entendre leur voix, dans un contexte sécuritaire extrêmement tendu, continueront tout naturellement à se replier sur eux-mêmes et se laisser aller à d’anciennes habitudes, souvent néfastes.

Dès lors, ne peut que s’élargir la rupture entre la base et le sommet et s’éloigner tout projet ou toute volonté de construction d’une autre Algérie, plus moderne, plus ouverte et davantage tolérante. Se perdra toute perspective consensuelle de rassembler le plus grand nombre dans un véritable «front intérieur» devant faire face aux multiples défis intérieurs et, bien entendu, aux graves dangers extérieurs. Cette problématique devra être le souci majeur des autorités en cette année 2022.

 

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