Trois semaines après un bombardement massif qui avait ciblé le quartier général du Hezbollah où le successeur potentiel de Nasrallah, cheikh Hachem Safieddine, était réuni avec de hauts responsables militaires du mouvement de résistance libanais, il a été confirmé hier que Safieddine a été tué lors de cette attaque.
Durant la nuit du 3 au 4 octobre 2024, soit une semaine à peine après l’assassinat de Hassan Nasrallah, l’armée israélienne avait lourdement bombardé le quartier général du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth.
Ces raids visaient le successeur potentiel de Hassan Nasrallah, cheikh Hachem Safieddine. Suite à cette attaque, il n’y avait plus de nouvelles du chef du Conseil exécutif du «Hizb». Il avait été probablement touché par les frappes mais le Hezbollah n’avait pas communiqué sur ce qui est advenu de son nouveau leader. Le parti chiite avait toutefois indiqué qu’il avait perdu tout contact avec son chef.
Hier, le mouvement de résistance libanais a confirmé la mort du cheikh Safieddine. « Nous pleurons Sayyed Hachem Safieddine qui a rejoint le Seigneur avec les meilleurs de ses frères moudjahidine lors d’un raid sioniste», a annoncé le Hezbollah dans un communiqué.
L’armée israélienne a également communiqué sur cette nouvelle perte infligée à son ennemi juré. «On peut maintenant confirmer que lors d’une frappe il y a environ trois semaines, Hachem Safieddine, chef du conseil exécutif du Hezbollah, a été tué», a indiqué un communiqué de l’armée sioniste cité par l’AFP. Avec la tragique disparition de celui qui devait prendre les rênes du parti, c’est un autre cadre dirigeant que perd le Hezbollah.
Décidément, la liste de son martyrologe ne fait que s’allonger, après l’élimination de son guide le plus emblématique, Hassan Nasrallah, et la liquidation de Fouad Chokr, haut commandant militaire du Hizb ; d’Ibrahim Akil, autre haut cadre militaire et chef de la force Al Ridwan, un corps d’élite de la formation chiite, ou encore Nabil Kaouk, chef de l’unité préventive du Hezbollah.
Sept frappes sur la banlieue sud de Beyrouth
Mardi soir, de nouvelles frappes israéliennes ont ciblé la banlieue sud de Beyrouth. Selon l’Agence nationale d’information libanaise (ANI), au moins sept frappes ont été déclenchées à l’occasion de cette offensive aérienne. Les raids qui ont eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi se sont concentrés sur le quartier de Haret Hreik, un des principaux fiefs du Hezbollah dans la capitale libanaise. Ils ont également visé des installations du parti chiite à Laylaké et Bordj El Brajneh, d’après l’ANI. L’hôpital Bahmane à Haret Hreik a été sérieusement touché, signale l’agence libanaise, subissant les contrecoups du bombardement d’un immeuble situé à proximité de l’hôpital.
Une autre série de frappes, lundi soir, qui a visé des infrastructures près d’un autre établissement de santé, en l’occurrence l’hôpital Rafic Hariri, dans le quartier de Jnah, toujours dans la banlieue sud, a fait 18 morts et 60 blessés, selon le ministère libanais de la Santé. Il convient de relever également ce tir de missile spectaculaire, mardi, qui a réduit en un nuage de poussière un immeuble de 11 étages dans le quartier de Ghobeiri, au sud de Beyrouth.
Et cet acharnement, ces attaques répétées, sont en train de transformer la «Dhahiya» en un champ de ruines, un mini-Ghaza. «La banlieue sud, où vivaient jusqu’à récemment 850 000 personnes, a été en grande partie désertée par ses habitants après qu’Israël a lancé une campagne de bombardements massifs ciblant les fiefs du Hezbollah à travers le pays le 23 septembre», note l’AFP.
«Le Liban est au bord de l’effondrement»
En visite à Beyrouth, la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a lancé hier un message d’alerte en déclarant : «Le Liban est au bord de l’effondrement.» Elle a également mis en garde contre les attaques visant les forces de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) : «Toute attaque délibérée contre les Casques bleus de l’ONU constitue une violation du droit international humanitaire», a-t-elle prévenu, selon des propos rapportés par l’AFP. La Finul a accusé l’armée israélienne de tirer «de façon répétée» et «délibérée» sur ses positions. « Les soldats de la Finul ont tout notre soutien. Ils sont nécessaires pour trouver une solution politique au conflit», a plaidé la cheffe de la diplomatie allemande.
Et alors que le conflit a bouclé ce mercredi 23 octobre un mois depuis qu’Israël s’est lancé dans une guerre ouverte contre le Hezbollah, le Liban s’enlise de plus en plus dans l’horreur. Le pays est confronté à une grave crise humanitaire avec un accroissement vertigineux du nombre de déplacés fuyant les bombardements israéliens, notamment dans le Sud. Le Liban aura besoin de 250 millions de dollars par mois pour aider plus d’un million de personnes déplacées par les attaques sionistes, a affirmé hier Nasser Yassin, ministre libanais de l’Environnement chargé de répondre à la crise, rapporte l’APS.
«La réponse du gouvernement, aidée par des initiatives locales et l’aide internationale, ne couvre que 20% des besoins de quelque 1,3 million de personnes déracinées de leurs foyers et réfugiées dans des bâtiments publics ou chez des proches», s’est alarmé le représentant du gouvernement. Et de préciser : «Ces besoins vont probablement augmenter, car les vagues quotidiennes de frappes aériennes poussent de plus en plus de personnes à quitter leurs maisons et obligent le gouvernement libanais à se démener pour trouver des moyens de les loger.»
«Nous avons besoin de 250 millions de dollars par mois pour couvrir les besoins de base en nourriture, en eau, en assainissement et en éducation des personnes déplacées», a-t-il détaillé. D’après Nasser Yassin, les dommages causés par les bombardements israéliens au Liban s’élèvent déjà à des milliards de dollars. «Des villages entiers ont été détruits ces derniers jours, mais aussi des institutions publiques, des installations d’eau, des stations de pompage, des hôpitaux. Tout cela doit être reconstruit», a-t-il déploré.