Libération de 25 otages et de 39 détenus palestiniens : Pourquoi l’application de l’accord a été retardée de 24 heures

25/11/2023 mis à jour: 03:03
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Après un report d’une journée, la trêve de quatre jours, signée entre le Hamas et l’entité sioniste, est entrée hier en vigueur

Après avoir été retardée de jeudi à vendredi, la mise en application de l’accord pour une trêve et un échange d’otages et de détenus a commencé très tôt dans la matinée d’hier. 

Pendant que les premiers camions d’aide humanitaire franchissaient le poste frontalier de Rafah, reliant Ghaza à l’Egypte, des tirs ont ciblé des familles qui retournaient chez elles, aux alentours de l’hôpital Al Rentissi. Des dizaines d’autres personnes, poussées à l’exil vers le sud de Ghaza, ont pris le chemin du retour vers le nord à travers une route jonchée de corps de personnes ciblées la veille par des raids aériens. 

Le début d’exécution de l’accord entre le Hamas et l’entité sioniste rencontre certes des entraves mais les premiers détenus ont retrouvé leurs familles après avoir passé plusieurs années en prison. 

Le premier communiqué du Hamas annonçait hier l’identité du premier groupe de détenus de moins de 19 ans, composé de 39 personnes – 15 adolescents et 24 femmes, dont des adolescentes – devant être libérées, sur un ensemble de près de 300, en échange de la libération d’une vingtaine d’otages, également de moins de 19 ans, sur un total de 240 devant être remis aux équipes du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), chargées d’assurer leur transfert de la frontière égyptienne. 

Mais que s’est-il passé au cours de cette nuit du mercredi pour que l’exécution de l’accord soit retardée de 24 heures ? Après de longues négociations par l’intermédiaire du Qatar et de l’Egypte, entrecoupées par des coupures de contact de la partie palestinienne et de lenteurs dans les discussions suscitées par l’autorité d’occupation, particulièrement des détenus à libérer et leur nombre, un accord pour une trêve de 4 jours a été conclu mercredi dernier et devait entrer en vigueur jeudi, 24 heures plus tard, soit le 23 novembre. Il est articulé autour de cinq points : une trêve de 4 jours avec arrêt des opérations militaires des deux côtés, arrêt total du survol de l’aviation militaire sur toute la partie sud de Ghaza et partiel de 10h à 16h au centre et au nord de Ghaza, libération de trois détenus femmes et enfants palestiniens en contrepartie de celle d’un otage détenu par le Hamas. 

Durant les quatre jours, 50 otages, femmes et enfants de moins de 19 ans, seront libérés, 200 camions d’aide humanitaire et 4 autres de carburant seront autorisés à entrer pour approvisionner toutes les régions de Ghaza en produits alimentaires et médicaux. Cette trêve devait entrer en vigueur jeudi dernier, mais «des divergences de dernière minute» ont retardé son application jusqu’à hier matin à 7h. La libération du premier groupe d’otages a eu lieu à 16h et en contrepartie, pour chaque otage, trois détenus palestiniens (femmes et enfants) ont été libérés par ordre d’ancienneté dans les geôles israéliennes. 

La liste des 300 détenus devant quitter la prison a été validée par l’armée d’occupation. Elle se compose de 33 femmes, 123 adolescents de moins de 18 ans et 144 âgés de 18 ans, et pourrait être élargie par étape. Selon la résistance palestinienne, parmi les 300 détenus, 49 sont des militants du Hamas, 28 du Jihad islamique, 60 du mouvement Fatah et 17 du Font populaire de libération de la Palestine (FPLP), des partis, qui représentent dans leur globalité la résistance ayant pris part à l’opération «Toufane Al Aqsa», du 7 octobre dernier.

 La première vague qui quittera les prisons représente 50% de la liste des détenus concernés par la libération, et publiée par l’entité sioniste. La majorité d’entre eux ont été arrêtés pour des jets de pierres sur des forces de l’occupation, dans les régions de Cisjordanie et d’El Qods, et n’ont pas eu droit à un procès. Cette trêve, faut-il le préciser, est susceptible d’être prolongée d’un jour et, autant que possible, à chaque fois que des otages sont libérés. 
 

Conditions de remise des otages

La liste des 300 détenus concernés a été publiée par l’autorité d’occupation, en vertu d’une loi qui accorde le droit aux citoyens de se pourvoir contre la mise en liberté d’un détenu. Les familles des otages ont été invitées donc à saisir en recours la Cour suprême, alors que les détenus ont introduit (sur demande des autorités) auprès des tribunaux des demandes de mise en liberté. 

Les familles ont été déboutées, alors que les détenus ont obtenu une réponse positive validant ainsi les mesures de mise en libération. Il restait cependant la validation de l’identité des premiers otages à libérer et les conditions de leur remise aux autorités d’occupation. Celles-ci se sont opposées au fait qu’ils (otages) soient transférés vers l’Egypte et remis à une tierce personne.

 Face à l’intransigeance des représentants de la résistance, l’entité sioniste, qui subissait aussi la pression des familles des otages, a fini par accepter que l’échange se fasse à la frontière avec l’Egypte et que le Comité de la Croix-Rouge se charge du transfert (des otages). Il faut dire qu’Israël a pesé de tout son poids pour faire accepter des visites médicales aux otages, par le CICR, avant leur libération dans leur lieu même de détention, mais le Hamas s’y est opposé. 

Un point qui a pris beaucoup de temps pour arriver à un consensus. Les discussions ont été très rudes, expliquent des sources qataries, suscitant parfois l’intervention des Américains, qui coordonnent l’opération de négociation, pour faire pression sur l’entité sioniste. Hier, les premiers camions d’aide humanitaire et de carburant sont entrés comme prévu à Ghaza, alors qu’un groupe de 13 otages israéliens et un autre de 12 Thaïlandais libérés en dehors de l’accord ont été transférés vers l’Egypte, où ils ont été remis au CICR, alors que 39 détenus palestiniens quittaient la prison en direction de la Cisjordanie. 

Les points de la première journée de trêve ont été relativement respectés par l’entité sioniste. Très vulnérable, cette trêve n’a pas été aussi facile à obtenir pour les Palestiniens, qui ont passé 47 jours sous les bombardements, et ce, même en début de cette première journée d’arrêt des hostilités. 

Considéré comme un des suprémacistes du gouvernement Netanyahu, le ministre de la Sécurité a imposé aux détenus libérés une interdiction de fêter leur sortie de prison, de recevoir leurs proches et familles, de s’exprimer publiquement ou de publier leurs photos sous peine d’une forte amende, alors que des arrestations ont eu lieu, et des blessés par balle ont été enregistrés en Cisjordanie, Khan Younès et Ghaza. 

Peut-on espérer un respect par l’armée d’occupation des clauses de cet accord durant les trois jours à venir ? Rappelant que le négociateur, le ministre des Affaires étrangères qatari, avait déclaré aux médias que cette période de trêve «va permettre de collecter des informations sur les autres otages, afin d’envisager la possibilité de nouvelles libérations et de prolonger la trêve pour d’autres négociations». Le temps nous le dira... 
 

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