L’établissement hôtelier a commencé à accueillir ses premiers clients : Comment le Seybouse International a échappé au bradage

27/02/2024 mis à jour: 01:37
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Photo : D. R.

Remis en exploitation il y a quelques jours, cet imposant établissement entame une ère nouvelle où l’excellence et l’innovation sont les maîtres-mots.

C’est un Seybouse International, dans ses plus beaux atours et rajeuni, après plusieurs opérations de lifting ayant duré plus d’un lustre et valu un investissement public de quelque 11 milliards de dinars, qui commence à accueillir ses premiers clients, venus de différentes régions du pays, avons-nous constaté sur place.

Remis en exploitation il y a quelques jours, cet imposant établissement entame, ainsi, une ère nouvelle où l’excellence et l’innovation sont les maîtres-mots.

Ses dirigeants comme son personnel sont déterminés à élever la qualité de service à de nouveaux sommets pour permettre à l’ex-Plaza de recouvrer sa notoriété d’antan et d’aller à pas sûrs vers la concrétisation de ses objectifs d’expansion. En effet, malgré une longue éclipse et un passage à vide qui auront duré bien des années, sur le marché local et national de l’hôtellerie haut de gamme, Seybouse International reste un challenger exceptionnel.

Ce phénix qui renaît de ses cendres a toutes les chances de répondre aux défis uniques auxquels il est désormais confronté, pourvu que les nouvelles volontés, si elles sont réellement bonnes, aient les coudées franches. Car bien d’opportunités de croissance lui avaient été sciemment ravies durant les années 1990 par d’autres volontés, lesquelles n’étaient pas forcément toutes bonnes.

Leur but étant de l’affaiblir avant de l’offrir, au moindre prix, aux enchérisseurs qui se bousculaient au portillon du Conseil national de privatisation (CNP), organe auquel fut confiée la vente de nombre d’entreprises publiques dont de grands hôtels, prétendument jugées économiquement non viables.

Dans la foulée du programme de privatisations à la pelle, lancé en 1995, avaient été mis en vente certains établissements hôteliers publics dont l’ex-Plaza Annaba) et le Sofitel (Alger). Cessions qui devaient rapporter à l’Etat quelque…6 milliards alors que l’opération de rénovation et de réhabilitation des 58 hôtels publics, décidée après, devait initialement coûter 44 milliards de dinars.

Aussitôt le processus effectivement actionné en 1998, sous la houlette des «fossoyeurs» du patrimoine public, ce fut Omar El Mahdi Aboucharida, un nom que certains employés de l’hôtel, encore en poste, ne sont pas près d’oublier, qui ouvrira le bal des enchérisseurs.

La trentaine, à l’époque, l’«homme d’affaires», se présentant comme tantôt libyen, tantôt koweitien ou asiatique, avait soumissionné en janvier 1999, pour le rachat du Seybouse International au prix de 750 millions dinars, puis 1,5 milliard de dinars, soit plus de 10 fois moins cher que le coût de sa rénovation.

N’étaient le niet catégorique opposé par ses travailleurs et cadres gestionnaires, la détermination de certains dirigeants de la holding mère qui avaient flairé l’arnaque et surtout le coup de pouce décisif, donné de loin, par Brahim Merad, l’actuel ministre de l’Intérieur, et ce, bien que ses détracteurs de la mafia politico-économique locale aient réussi, avec l’appui de leurs protecteurs au pouvoir de l’époque, à l’éloigner de Annaba où il était wali de juillet 1995 à juillet 1997, car devenu trop gênant pour leur «affaires», le Seybouse serait passé sous le contrôle de ce jeune pseudo-homme d’affaires.

Pas que : avant lui, c’étaient les saoudiens de Sidar qui s’y étaient intéressés avant de décider, pour des considérations et raisons occultes, d’y renoncer et d’opter pour la mise sur pied d’un nouvel hôtel de luxe dans le cadre du projet mirage Sidar Annaba. Sidar-Société Eddar International- née en 1998 en Algérie à l’initiative d’hommes d’affaires saoudiens, jordaniens et palestiniens intervenant dans la promotion immobilière est, en effet, un autre nom dont se souviennent encore  les Annabis, les habitants de Sidi Salem, localité populaire (commune d’El Bouni), en particulier.

Et pour cause, bien des rêves d’une vie meilleure et d’une image moins exécrable de leur cité qui s’y étaient construits au lendemain de la pose, en mai 2007, par feu Abdelaziz Bouteflika, de la première pierre, lançant la mise en route pour la réalisation d’un village touristique dans la supposée Zone d’extension touristique (ZET).

Pour les besoins de financement du projet inscrit dans le plan d’aménagement de cette ZET, comprenant un centre d’affaires et des résidences haut standing en plein centre-ville, ainsi qu’un complexe hôtelier très haut de gamme le long de la corniche annabie, Sidar devait déployer des investissements à hauteur de 50 millions de dollars.

Aussi, pas moins de 15 000 emplois, directs et indirects, étaient attendus. De bien longues années ont passé et pas un seul pas ne sera franchi. Tous ces milliers de rêves finiront par s’effilocher et la pierre de Bouteflika s’effritera.

Fort heureusement, le Seybouse International, qui a survécu aux promesses fantaisistes des capitaux étrangers, celui de privatiser l’un des joyaux hôteliers pour, soi-disant, atténuer les tensions budgétaires et stimuler la croissance économique, aura développé sa résilience et réussi à rebondir.

Aujourd’hui, avec des spécifications de qualité et des normes conformes aux standards internationaux, «Seybouse International est une attraction touristique de référence, capable de fournir des services modernes et de haute qualité, conformes aux exigences du tourisme d’affaires…», se félicitait, à juste titre, le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Mokhtar Didouche, lors de la cérémonie de réouverture de l’emblématique établissement.

Emblématique car pour la ville d’Annaba et ses habitants, l’ex-Plaza représente bien plus qu’un simple établissement hôtelier, c’est un lieu qui regorge de références et de rappels à son caractère affirmé, eu égard à l’histoire mouvementée qu’il a connue. 

 

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