Les victimes ont été enterrées dans un climat émouvant : Fouka pleure ses enfants

18/05/2022 mis à jour: 09:43
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A peine la trentaine, Ramzi un enfant de Fouka, commune de Tipasa, avait tout pour être heureux. Marié avec un enfant âgé d’un an, il occupait tout un étage d’une villa familiale. Il avait sa voiture et son propre business. Ramzi figure parmi les onze harraga que la mer a «avalés» ce dimanche.

Depuis l’annonce de leur décès, Fouka est sous le choc. Les jeunes, âgés entre 18 et 30 ans, habitaient presque tous au quartier Aïn Lahjer. D’ailleurs, cinq d’entre eux résidaient dans la même cité et leurs maisons sont situées l’une à côté de l’autre. A 14h, les familles attendaient toujours l’arrivée des dépouilles.

Les victimes ont été enterrées deux heures plus tard dans le même cimetière, dans un climat émouvant. «La dépouille de Ramzi se trouvait à la morgue de l’hôpital de Beni Messous et les autres ont été acheminées vers le CHU Mustapha. Aucun corps des victimes ne se trouvait dans la morgue de l’hôpital de Tipasa ; l’on se demande pourquoi», s’interroge Leïla, une amie de la famille de Ramzi. La mère de ce dernier, témoigne-t-elle, est éplorée. «La veille, elle a pu voir et identifier le corps de son fils à l’hôpital de Beni Messous, mais n’a pas pu le récupérer pour des raisons dues a des formalités ou enquêtes policières et judiciaires», affirme Leila, venue soutenir ses voisins. Elle raconte que la mère de Ramzi s’est relevée difficilement de la mort de son plus jeune fils : «Cette mère éplorée a deux filles et trois garçons. Elle a déjà perdu un de ses enfants l’année dernière dans un accident de la circulation et aujourd’hui elle en perd un autre. C’est trop pénible. Cette tragédie a bouleversé cette famille et le voisinage. Aucun mot ne peut soulager ses familles de leur douleur». D’aucuns s’interrogent sur les raisons ayant poussé Ramzi à oser braver le danger et l’interdit pour traverser clandestinement la Méditerranée. Lui qui avait un travail et une famille.

Pour Leila, Ramzi et les autres victimes étaient conscients des risques qu’ils encouraient en s’engageant dans une aventure aussi périlleuse et à l’issue incertaine. «Les cinq jeunes de la cité étaient issus de familles très modestes, ils n’étaient pas des chômeurs, mais ils voulaient à tout prix quitter le pays alors qu’ils avaient entendu parler de la fin tragique vécue par des jeunes issus de Tipasa ; ils ont pourtant entendu parler des corps de harraga rejetés par la mer et des immigrés clandestins refoulés. Mais avec tous ces dangers et toutes ces contraintes, ils ont préféré braver la mer à la recherche de l’espoir perdu, laissant derrière eux des familles inconsolables», relate une habitante proche des familles.

Hier après l’enterrement, les proches des familles affirmaient qu’ils étaient 18 jeunes harraga, parmi eux une fille et son frère. Ces derniers ont pu être sauvés, alors que trois autres sont toujours portés disparus. Selon le témoignage des proches des familles, certaines des victimes n’ont même pas informé leurs parents de leur projet, ce qui n’est pas fait pour apaiser leur douleur.

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