Les responsables onusiens parlent d’un «enfer sur terre»

20/11/2023 mis à jour: 09:53
2115

Alors que des dizaines de malades intransportables étaient  toujours à l’hôpital Al Shifa à Ghaza,  après l’expulsion de milliers centaines de patients, du personnel médical et des déplacés, samedi dernier, le Croissant- Rouge palestinien (CRP) a annoncé, hier après-midi, l'évacuation de 31 bébés prématurés en situation de souffrance respiratoire. 

Dans un communiqué, diffusé par l’agence Wafa, le CRP a affirmé que ses «ambulanciers ont pu les évacuer et les transporter via ses véhicules vers le Sud, en vue de leur transport vers l'hôpital Emirati Crescent de Rafah, avec la coordination de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Ocha (Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires). 

La même journée, l’OMS rendait public le rapport de ses experts autorisés, pour une heure, à évaluer la situation à l’intérieur de cet hôpital qui a vécu des journées d’horreur, avec les bombardements et l’assaut donné par les forces d’occupation à la recherche du QG de Hamas et des otages, jamais retrouvés. 

Le rapport décrit «une situation désastreuse»  qui régnait sur ce complexe médical, un des plus importants à Ghaza, après l’expulsion de la plupart des patients, les blessés et le personnel médical, forcés «à marcher à pied vers le Sud», sur une distance de 15 km. Il qualifie  l’hôpital de «zone de mort» et la situation générale de «désespérée», avant de signaler que l’équipe «a été témoin de signes de bombardements et de tirs israéliens». «Il est choquant de constater qu'une fosse commune a été découverte à l'entrée de l'hôpital, et des rapports indiquent que plus de 80 personnes y auraient été enterrées (…)», lit-on sur le document de deux pages.  
 

«La situation est insupportable, cessez le feu maintenant !»

L’OMS exprime une «profonde préoccupation quant à la sécurité et aux besoins de santé des patients, des agents de santé et des personnes déplacées dans les hôpitaux restants partiellement fonctionnels du Nord, menacés de fermeture en raison du manque de fournitures essentielles et d'intenses hostilités». 

Dans un post sur son compte X (anciennement Tweeter), le responsable de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, affirme sur son compte X (anciennement Tweeter) que l’hôpital Al Shifa «ne pouvait plus fonctionner : pas d'eau, pas de nourriture, pas d'électricité, pas de carburant et les fournitures médicales étaient épuisées» et d’ajouter que  son organisation travaille avec ses partenaires «pour élaborer un plan d’évacuation urgent» et de lancer : «Nous continuons d’appeler à la protection de la santé et des civils. 

La situation actuelle est insupportable et injustifiable. Cessez-le-feu maintenant !» Durant la même journée, MSF (Médecins sans frontières) annonce qu’un de ses convois «a été délibérément attaqué par les forces d'occupation israéliennes lors de leur évacuation du complexe médical Al Shifa, au centre de la ville de Ghaza». Au même moment, et après de longues semaines d’attente, avec des conséquences désastreuses, notamment dans les hôpitaux, les autorités d’occupation ont autorisé, hier, l’entrée de 120 000 litres de carburant destinés aux opérations humanitaires de l’agence onusienne Unrwa. Cette autorisation ne concerne, cependant, que la moitié des besoins quotidiens minimum, a déclaré, hier, Philippe Lazzarini,  Commissaire général de l’Unrwa, agence des Nations unies chargée des refugiés de la Palestine au Proche-Orient.

 Pour le responsable, «c'est loin d'être suffisant pour répondre aux besoins…» Sans la quantité  totale de carburant, a ajouté le responsable, les gens ne disposeront que des deux tiers de leurs besoins quotidiens en eau potable ;  de grandes parties de Ghaza continueront d'être inondées par les eaux usées, augmentant encore davantage les risques de maladies ; 70% des déchets solides ne seront pas évacués, ce qui représente un risque majeur pour la santé ; et l’UNRWA sera obligée de gérer un nombre réduit de camions d’aide qui traversent quotidiennement Rafah. 

L’agence onusienne a été particulièrement éprouvée par l’intensification des raids des forces de l’occupation israéliennes, contre les écoles qu’elle gère et qui servent de refuge aux populations civiles de Ghaza. Ces bombardements ont fait des centaines de morts et beaucoup plus de blessés et de disparus, encore sous les décombres, alors que 192 victimes se comptent parmi son personnel humanitaire. «Nous recevons des images effroyables de dizaines de personnes tuées et blessées, encore une fois, dans une école de l’Unrwa abritant des milliers de déplacés dans le nord de la Bande de Ghaza», avait écrit, samedi dernier, le chef de l’agence, Philippe Lazzarini, ajoutant :  «Ces attaques ne doivent pas devenir monnaie courante, elles doivent cesser. 

Un cessez-le-feu humanitaire ne peut plus attendre». Pour sa part, Catherine Russell a aussi utilisé son compte X pour fustiger, «une fois de plus, des images horribles d'enfants et de civils tués à Ghaza alors qu'ils s'abritaient dans une école qui doit toujours être protégée». 

Pour elle, «le carnage doit cesser. La souffrance doit cesser. Ce cauchemar pour les enfants doit cesser maintenant !» Il faut dire que tous les responsables des agences onusiennes ainsi que le secrétaire général de l’ONU n’ont cessé de mettre en garde contre le désastre humanitaire engendré par les bombardements intensifs et ininterrompus d’écoles, d’hôpitaux, des quartiers résidentiels et des camps de déplacés, par l’armée d’occupation israélienne, mettant des centaines de milliers de civils dans une situation de vulnérabilité des plus extrêmes, les exposant ainsi  aux maladies, à la soif et à la famine. 

«S’il y a un enfer sur terre maintenant, c'est bien le nord de Ghaza», avait déclaré sur son compte X,  il y a une semaine, Jens Laerke, porte-parole de OCHA.

Copyright 2024 . All Rights Reserved.