Les prix des fruits et légumes toujours aussi élevés : Un Ramadhan pénible pour les Algériens

16/04/2023 mis à jour: 03:31
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Les prix des fruits et légumes ont encore flambé cette année

Ce mois de Ramadhan restera dans les annales. Trop cher, très cher, tous les produits ont «flambé». Comme tous les ans, ce mois n’a pas fait exception. Cette année, le phénomène s’est accentué pour les ménages, atteignant des niveaux inabordables. 

Une grande partie a été dans l’obligation de recourir à l’endettement pour faire face aux dépenses de ce mois et celles relatives aux vêtements de l’Aïd et à la confection des gâteaux. De plus en plus de familles ont opté pour la sobriété lors des repas de rupture du jeûne. La crise a eu un impact assez conséquent en général sur la manière dont les Algériens perçoivent ou vivent le Ramadhan. 

C’est devenu de moins en moins festif. Les prix des denrées ou leur disponibilité sont devenus des sujets de discussion quotidiens. 

Le scénario que craignaient les Algériens à la veille du Ramadhan s’est finalement réalisé : les prix des produits de large consommation ont enregistré des hausse vertigineuses dépassant 100% pour certains d’entre eux malgré les assurances continues du gouvernement sur l’approvisionnement du marché pour freiner l’appétit insatiable des spéculateurs qui ont fini par perdre le sens spirituel de ce mois. 

L’Etat doit reprendre son rôle régulateur en instaurant des lois et les faire appliquer sur le terrain. Sur les étals, la pomme de terre est cédée à 75 DA/kg, alors que la carotte se négocie à partir de 115 DA/kg. Idem pour les tomates qui sont exposées à 190 DA/kg. C’est le cas aussi de la laitue qui est cédée à 145 DA/kg ou de l’oignon qui a atteint plus de 300 DA/kg et les poivrons qui sont vendus à 180 DA/kg. Toujours dans les rayons des légumes, les haricots verts, dont le prix était descendu sous la barre de 250 DA avant le début du Ramadhan, sont cédés à plus de 500 DA/kg. 

Des citoyens, qui ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts pour les courses et qui font de plus en plus attention à leur budget s’interrogent : où sont les opérations de contrôle ? Sur le marché, tous les prix sont élevés. L’Algérien ne sait plus quoi acheter ni quoi manger. 

Or, cette cherté des produits a coïncidé avec les augmentations de salaires des travailleurs du secteur public et les pensions des retraités, sur ordre du président Abdelmadjid Tebboune, dans le but de protéger le pouvoir d’achat et d’absorber une partie de l’inflation qui a fait chuter la valeur du dinar. 

Les trois semaines du Ramadhan ont démontré malheureusement que les 533 marchés de proximité, dispatchés un peu partout dans le pays, que le gouvernement a décidé d’ouvrir avec des produits qui vont directement du producteur au consommateur, n’ont pas suffi à briser la spéculation et à assurer la stabilité du marché. 

Le ministère du Commerce a pourtant enjoint aux propriétaires des entrepôts et des chambres froides, au nombre de 14 000, «de déstocker les produits alimentaires et agricoles sous peine de poursuites judiciaires». «Les prix flambent à chaque début de Ramadhan parce qu’on est toujours dans la même situation de non-maîtrise et de non- régulation du marché, chose que nous avions toujours mis en évidence et demandé d’aller vers une planification de la production agricole et de la production agroalimentaire afin de pouvoir fournir les produits au moment voulu avec la quantité voulue en fonction du nombre des consommateurs algériens, c’est ce qu’on appelle la régulation du marché», a analysé Hacène Menouar, président de l’association El Aman. 

C’est un Ramadhan qui a fait du mal à toutes les bourses pratiquement, le pouvoir d’achat étant dégradé depuis quelques années. Beaucoup d’Algériens se retrouvent sans travail ou avec un demi-salaire ou carrément endettés. «Nous souhaitons que cet exercice va déclencher un changement de politique concernant la régulation du marché des produits agricoles, on ne peut plus continuer comme ça il faut élaborer une carte agricole qui sera dirigée par un data center un tableau de bord au département de l’Agriculture pour surveiller tous ses aspects», a déclaré Hacène Menouar. 

Il faut que les pouvoirs publics optent pour la professionnalisation des réseaux de distribution privilégiant les grandes centrales de distribution, les marchés de gros et de proximité, les hypermarchés et les grandes surfaces commerciales. 

C’est toujours la même bataille pour les associations de protection du consommateur qui sont quelquefois consultées mais sans qu’aucune suite favorable soit donnée à leurs recommandations. Tahar Boulenouar, président de l’Association nationale des commerçants et artisans, avait prédit une «stabilité des prix des légumes et des fruits à partir de la deuxième semaine du mois de Ramadhan». 

Mais cela n’a pas été du tout le cas. L’opération d’importation de grandes quantités de viandes rouges et leur prix fixé à 1200 DA le kilogramme n’a pas vraiment bénéficié aux petites bourses et n’a pas eu d’incidence sur le prix global des viandes. 

La viande  rouge est devenue, ces derniers temps, un produit de luxe, inaccessible même pour les consommateurs appartenant à la classe moyenne. Les prix se sont stabilisés entre 2500 et 2600 DA le kilo pour la viande rouge, tandis que celui du poulet atteignait 470 DA le kilo. 

Selon les statistiques de l’ONS en février 2023 et par rapport à février 2022, les produits alimentaires ont augmenté de 15,04% alors que pour les produits agricoles frais la hausse est de 25,53%. La tendance haussière touche également les viandes ovines, bovines et les viandes blanches. 

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