Le ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, Ali Aoun, appelle à intensifier et élargir le niveau de l’investissement direct européen, en vue de «réduire l’asymétrie qui caractérise actuellement les échanges entre les deux parties».
Depuis la signature de l’Accord d’association (AA) pour consolider les liens entre l’Algérie et l’Union européenne (UE), les échanges entre les deux parties demeurent en deçà des potentialités existantes, notamment dans le volet investissement. Si le volume des échanges commerciaux s’est élevé à 46,5 milliards de dollars durant les 11 premiers mois de l’année 2023, il reste que les investissements directs européens en Algérie restent limités au secteur des hydrocarbures.
C’est ce qu’a souligné, jeudi dernier, le ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, Ali Aoun, dans son discours d’ouverture des travaux d’une journée d’étude dédiée au partenariat euro-algérien pour l’investissement durable.
Ali Aoun appelle à intensifier et élargir le niveau de l’investissement direct européen, en vue de «réduire l’asymétrie qui caractérise actuellement les échanges entre les deux parties». Ceci en rappelant les données éloquentes de la Banque d’Algérie (BA) pour la période 2005/2021, faisant état d’un volume d’investissement européen en Algérie s’élevant à 13 mds de dollars pour un montant de transfert de dividendes de l’ordre de 12 mds de dollars.
«L’Algérie, qui a toujours été un partenaire fiable et sûr pour les pays européens, notamment dans le domaine de l’approvisionnement en gaz naturel, aspire à établir des relations de coopération et de partenariat qui répondent à nos aspirations mutuelles en matière de développement économique», a affirmé le ministre, en mettant l’accent sur les réformes économiques engagées par l’Algérie, notamment avec la révision du cadre juridique régissant les secteurs des hydrocarbures, les finances et l’investissement.
Ceci, et de noter que le voisin européen gagne avec l’Algérie une porte sur l’Afrique, et l’Afrique à son tour gagne avec l’Algérie une porte sur l’Europe. Son adhésion à la Zone de libre-échange africaine ZLECAF et sa position géographique, ainsi que ses infrastructures (ports, aéroports, routes et zones industrielles…), sont autant de facteurs encourageant, dit-il, l’investissement européen en Algérie dans divers domaines : industrie, agriculture, commerce, tourisme et services.
Le directeur général de l’Agence algérienne pour la Promotion de l’investissement(AAPI), Omar Rekkache, a de son côté indiqué l’inscription au niveau de l’agence, de 7000 projets d’investissements déclarés. Sur ce nombre, 123 projets sont en lien avec des partenaires étrangers, dont 44 investissements directs étrangers (IDE) et 79 en partenariat avec des acteurs locaux.
Sur les 123 projets en lien avec l’étranger, 12 seulement sont avec des partenaires européens. M. Rekkache souligne toutefois que des intentions européennes d’investir davantage en Algérie sont bien réelles.
«Plusieurs méga-entreprises, discutent de l’implantation de leurs investissements en Algérie, notamment dans le domaine de l’industrie sidérurgique, du métal et de l’aluminium, avec un montant potentiel d’investissement de 6 mds de dollars pour chaque projet», affirme Rekkache, en notant qu’il s’agit d’une centaine de firmes étrangères, dont un tiers appartient à l’espace européen.
Les secteurs ciblés par ces entreprises sont l’industrie manufacturière, l’agroalimentaire, les énergies renouvelables, et l’économie circulaire. A noter d’ailleurs que la conférence de jeudi est à l’initiative de la délégation de l’UE en Algérie en collaboration avec l’APPI afin d’«explorer les nouvelles opportunités d’investissement et de Nearshoring en Algérie».
Le chef de cabinet du vice-président de la Commission européenne chargé du Commerce et de l’investissement, Michael Hager, présent à cette conférence, a tenu à souligner que cet événement intervient dans un contexte géopolitique très délicat compliquant davantage l’environnement économique.
«Travailler avec des partenaires est essentiel… ensemble nous pouvons faire face aux risques dans un monde de plus en plus incertain», dit-il, en notant que l’investissement est la clé de la connexion de l’Europe à des sources d’économie extérieures. «Notre économie est l’une des plus ouvertes à l’investissement dans le monde, nos investisseurs sont parmi les plus actifs dans le monde, mais cela ne peut fonctionner que s’il y a les bonnes conditions.» Michael Hager cite notamment la facilité d’accès au marché, la transparence des règles commerciales et la protection de l’investissement.
L’investissement n’exclut pas le commerce
«Nous sommes prêts à conclure des accords qui faciliteront l’investissement dans des pays qui souhaitent améliorer leur climat des affaires», affirme le responsable européen, en soulignant que l’Algérie est un pays-clé pour l’investissement.
De son côté, le chef de la délégation européenne en Algérie, Thomas Eckert, a tenu à préciser que renforcer l’investissement européen en Algérie passe également par la levée des litiges commerciaux existants. «Il est temps de réaliser nos attentes dans les deux domaines de l’investissement et du commerce, l’un n’exclut pas l’autre», dit-il en notant que l’objectif de l’Algérie est d’attirer plus d’IDE européens et la partie européenne aspire à une zone de libre-échange sans obstacle commercial. «Nous travaillons ensemble dans un esprit gagnant-gagnant…
Il reste encore plusieurs défis dans nos relations commerciales, il est nécessaire de trouver des solutions avec engagement et sans délai», souligne l’ambassadeur européen, avant de préciser qu’il y a une volonté d’encourager l’investissement européen en Algérie. Plusieurs réunions et visites ont été programmées par l’UE au profit des opérateurs économiques des deux pays. «Les premières rencontres ont eu des résultats extrêmement prometteurs», affirme Thomas Eckert.