Les fast-foods grands gagnants du recul de l’Europe sur l’interdiction des emballages jetables

30/11/2023 mis à jour: 05:59
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La semaine dernière, les eurodéputés ont voté en faveur d'une initiative visant à rendre les emballages de l'Union Européenne plus respectueux de l'environnement. 

Constatant que le simple recyclage ne suffit pas, l'UE a misé sur la réutilisation en proposant d'imposer des niveaux contraignants de réemploi des emballages pour chaque secteur, notamment celui de la restauration. Bruxelles avait initialement présenté des objectifs ambitieux pour des emballages réutilisables, notamment dans la vente à emporter, avec des cibles de 80% des boissons et 40% des aliments d'ici 2040. Cependant, les eurodéputés ont ultérieurement retiré ces objectifs du texte, optant plutôt pour une simple obligation d'accepter les contenants apportés par les clients, ce qui a été bien accueilli par les chaînes de fast-food.

Le secteur de la restauration rapide et les industriels du papier ont mené un lobbying intense en faveur de cette décision, mettant en avant les aspects «écologiques» des emballages cartons, jugés potentiellement recyclables ou provenant de forêts durables, par rapport au plastique ou au réemploi, qu'ils estiment nécessiterait davantage d'eau et d'énergie. La rapporteure du texte, Frédérique Ries, a regretté que le vote en plénière ignore la réalité des chiffres sur l'économie circulaire, affirmant que la fin des emballages jetables est encore loin. L'ONG Environmental Paper Network a qualifié de «scandaleux» le fait que «toutes les restrictions significatives» aient disparu, prédisant un futur désastre pour les forêts avec une augmentation du volume de déchets papier.

Les Européens ont atteint un record de 188,7 kilos de déchets d'emballages par habitant en 2021, enregistrant une hausse de 11 kilos en un an et de 32 kilos en une décennie, avec un taux de recyclage de seulement 64% (40% pour les emballages plastiques uniquement), selon Eurostat. Pour répondre à cette problématique, la Commission européenne a proposé une législation fixant un objectif de réduction de 10% par habitant d'ici 2035, par rapport à 2018, du volume de déchets d'emballages (-15% d'ici 2040). Le Parlement européen a adopté de nombreux amendements visant à assouplir ces mesures contraignantes, entraînant des négociations avec les États membres.

Malgré cela, les eurodéputés ont introduit des dérogations dans certains cas, notamment pour le secteur viticole et les produits d'appellation protégée. Cependant, ces dérogations ont été critiquées par la coalition d'ONG Rethink Plastic Alliance, qui estime qu'elles rendent les objectifs de réemploi pratiquement inefficaces, constituant un mauvais signal pour l'économie circulaire. La législation prévoit également l'obligation pour les États de mettre en place un système de consigne pour les bouteilles en plastique et canettes métalliques si le taux de collecte de ces déchets n'atteint pas 85%. En outre, au moins 90% des matériaux d'emballage devront être collectés séparément d'ici 2029, et tous les emballages vendus devront être recyclables à partir de 2030. Malgré quelques concessions, la législation marque une avancée importante selon Pascal Canfin, président de la commission parlementaire Environnement.

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