Les entreprises médiatiques ferment les unes après les autres : La presse algérienne à l’agonie

03/04/2022 mis à jour: 01:01
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La survie de beaucoup de médias algériens ne tient qu’à un fil

Le quotidien francophone Liberté baissera rideau dans les prochains jours. La décision a été confirmée, hier, par le propriétaire du titre aux journalistes et travailleurs lors d’une réunion tenue pour tirer au clair la situation. 

Sans expliquer les raisons de cette décision d’enterrer l’un des plus anciens titres de la presse privée en Algérie, l’industriel Issad Rebrab s’est juste engagé à indemniser l’ensemble des travailleurs. A-t-il subi de nouvelles pressions politiques ? La situation économique du journal ne permet-elle plus son maintien en vie ? En tout cas, la disparition de Liberté est un nouveau drame pour la presse algérienne qui s’ajoutera à celle de plusieurs autres titres qui se sont éclipsés de la scène pour diverses raisons. 

Ces derniers mois, des dizaines de journaux et de magazines, généralement à faible tirage, ont cessé leur parution. 

«Nous n’avons pas les chiffres sur le nombre de journaux fermés, pour la simple raison que beaucoup d’entre eux ne sont pas connus. Nous avons également des grosses boites qui ont cessé d’exister et cela est un véritable drame. L’on se rappelle du cas de La Tribune qui a été fermé de manière brutale et injustifiée. Il y a aussi le groupe Le Temps d’Algérie, composé de deux journaux et d’une chaîne de télévision. Avant eux, il y avait également Le Matin et El-Alem Essayassi. Il y a aussi des journaux qui ferment naturellement», nous explique Kamel Amarni, secrétaire général du Syndicat national des journalistes (SNJ). 

Selon lui, la crise économique engendrée notamment par la chute des prix du pétrole depuis 2014 a fortement impacté le marché publicitaire qui a subi des pertes énormes. 

A cela, souligne-t-il, il faut ajouter le monopole de l’ANEP sur la publicité institutionnelle. «Tout cela s’est répercuté gravement sur les entreprises de presse. En premier lieu, ce sont les journalistes et les travailleurs qui sont le plus touchés», indique-t-il, rappelant que «la population journalistique s’est multipliée ces dernières années et que beaucoup de titres où ils travaillent sont menacés de disparition». 

Pour Kamel Amarni, la disparition de Liberté «sera un véritable drame pour la presse et pour le combat démocratique dans le pays». «J’espère que nos confrères trouveront de la solidarité auprès des journaux publics et privés», ajoute-t-il. 

Des médias fragilisés 

La crise n’a épargné presque aucun titre, à l’exception, peut-être, des médias soutenus directement par l’Etat en les arrosant de pages de publicité institutionnelle. Mais même pour cette catégorie, ce maintien en vie n’est qu’artificiel. 

De ce fait, leur survie ne tient qu’à un fil, tellement ils sont, eux aussi, fragilisés à l’image de la majorité des médias du pays. La crise n’a pas épargné aussi les journaux électroniques, pourtant rassuré par l’ex-ministre de la Communication en leur promettant de la publicité institutionnelle. 

Certains d’entre eux résistent péniblement, alors que d’autres ont cessé d’exister après seulement une courte expérience. Le dérèglement a concerné aussi les médias audiovisuels, dont les revenus publicitaires ne leur permettent pas d’assurer les salaires de leurs journalistes et techniciens. Certaines chaînes mettent parfois des mois pour payer leurs employés. 

Cette situation générale s’est répercutée également très négativement sur la qualité du produit fourni aux lecteurs et aux téléspectateurs…

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