Les dernières pluies qui se sont abattues sur le nord du pays sont arrivées malheureusement en retard pour la filière oléicole, la période de gonflement du fruit étant dépassée. De ce fait, pas de changement concernant les prévisions de production d’huile d’olive en Algérie.
Certes, «il est encore prématuré de tirer des enseignements de la récolte qui ne fait que démarrer. Ce qui caractérise un petit peu cette récolte, c’est qu’il y a eu une sortie normale de l’olive. Mais le calibre est très petit. Compte tenu des fortes sécheresses. Ce qui aura un impact sur le volume produit et sur le taux de trituration», nous explique Olivier Rives, chef du projet PASA-Pôle Soummam (Programme d’appui au secteur agricole).
Un programme dédié à huit wilayas oléicoles lancé par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural (MADR), avec l’appui de l’Union européenne) et qui sera clôturé officiellement le 5 décembre prochain, avant d’être reconduit pour une deuxième phase. «Le taux de trituration est assez faible pour les vergers qui ne sont pas irrigués. Mais dans les régions où des apports d’eau ont été effectués, les rendements s’annoncent positifs. Globalement, nous sommes devant une récolte limitée en volume», résume Olivier Rives.
En effet, connaissant l’importance du verger oléicole sauvage en Algérie, les perspectives pour cette saison ne sont pas au beau fixe pour une filière actuellement en phase de mutations. Des mutations qui s’imposent à l’ère de ces grands changements climatiques.
C’est dans ce nouveau contexte mondial que l’Algérie a célébré, hier, la journée mondiale de l’Olivier. Une occasion pour les acteurs la filière de se pencher justement sur les défis pour une meilleure résilience face à ces turbulences qui ont plombé la production mondiale, particulièrement dans les régions où les vergers sont menés en intensif, comme c’est le cas en Espagne.
Ce pays a vu sa récolte s’effondrer de 1,8 million de tonnes d’huile d’olive à moins de 800 000 tonnes ces deux dernières années. «Le sud de la Méditerranée résiste mieux que le nord et la qualité est bonne puisque les vergers sont en extensif», ne manquera pas de relever le chef du projet PASA-Pôle Soummam, mettant en exergue les atouts de l’Algérie. «Le verger oléicole de l’Afrique du Nord est extensif et les variétés sont plutôt résistantes au changement climatique. Dans ce cadre, l’Algérie dispose d’atouts importants. Paradoxalement, les limites d’hier deviennent des atouts aujourd’hui et pour l’avenir. Autant alors valoriser le produit algérien», appelle Olivier Rives
Saisir les atouts pour assurer une bonne chaîne de production
Selon notre interlocuteur, les grandes étendues d’oliviers sauvages sont parfaitement adaptés aux conditions pédoclimatiques rudes dans les zones de piémont et de montagne. «Ils constituent d’excellents porte-greffes qui permettent de greffer des variétés qualitatives», nous explique t-il.
Aussi, le verger algérien avec moins de 200 arbres par hectare, associé à un système d’apport simulé en eau, permet de conserver une production moyenne. L’existence d’un grand patrimoine génétique avec 35 variétés locales inscrites au catalogue (20 sont en cours d’inscription) est un autre atout à saisir. Et ce d’autant que ces variétés sont riches en qualités nutritionnelle et organoleptique.
Mais faudrait-il assurer une bonne chaîne de production et de transformation pour mettre ces avantages au profit du développement de la filière.
D’où l’importance des défis à relever. Il s’agit notamment, selon le représentant du programme PASA, de restructurer le verger oléicole et d’assurer le greffage des oliviers sauvages. «L’installation de bonnes pratiques sur les vergers permettront de consolider les vergers produits et d’espérer une production de 20 à 30% de volume sur cinq ans», estime à ce sujet Olivier Rives, faisant valoir le rôle du réseau des 60 conseillers spécialisés qui encadrent actuellement la filière dans les wilayas touchées par le programme. Il y a lieu, par ailleurs, de généraliser la mécanisation de la récolte, d’accélérer la mutation des moulins pour produire davantage d’huile vierge et extra-vierge.
Dans ce cadre, une politique active de soutien à la transformation des moulins sera mise en place à travers l’octroi de prêts bonifiés, pour encourager les pratiques modernes en matière de trituration.
L’appui à la conquête des marchés et la valorisation des coproduits de l’olivier sont également préconisés. Une étape a été franchie dans ce sillage avec le lancement de quatre unités de transformation de grignons à Béjaïa, Bouira et Tizi Ouzou.