Les comptes suisses de Bouteflika, Nezzar, Ould Kaddour et d’autres dévoilés

22/02/2022 mis à jour: 02:07
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Siège du Crédit suisse à Genève / Photo : D. R.

L’une des révélations les plus éloquentes est celle liée au compte détenu par le fils de Abdelmoumen Ould Kaddour, dont les mouvements se sont faits plus nombreux dès lors que des soupçons de corruption autour de la joint-venture algéro-américaine Brown & Root Condor (BRC), que dirigeait son père.

C’est une déflagration médiatique nommée «Suisse secrets» éclaboussant la banque helvétique Crédit suisse pour avoir permis à des personnalités de cacher des fonds d’origine criminelle ou illicites. Dans cette enquête journalistique à laquelle a participé le journal électronique algérien Twala aux côtés de 47 autres médias partenaires à travers le monde, figurent les noms de dizaines d’Algériens, dont celui de l’ex-président, Abdelaziz Bouteflika, le général à la retraite, Khaled Nezzar, le général-major Hocine Benmalem, le fils de l’ex-PDG de Sonatrach Abdelmoumen Ould Kaddour, ainsi que le fils du général Mohamed Attailia…

L’enquête basée sur une fuite record de quelque 18 000 comptes bancaires, totalisant plus de 100 milliards de dollars, révèle les secrets de personnalités politiques, oligarques et même d’espions à travers le monde, qui ont eu recours aux comptes dits «numérotés» de la banque Crédit suisse, censée leur assurer une certaine confidentialité.

En Algérie, les révélations faites par Twala sont sidérantes. Il apparaît ainsi qu’un mois avant son investiture à la tête de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika avait ouvert un compte à Crédit suisse qui devait bénéficier à tous ses frères et sœurs, à savoir Abdelrahim Nasser, Abdelghani, Mustapha, Saïd, Zhor et Latifa. Le compte en question est crédité de 1,5 million de francs suisses (1 483 528) au 31 décembre 2005, soit, selon Twala, l’équivalent d’un million d’euros au taux de change de l’époque.

Le compte du défunt Président, clôturé en octobre 2011, n’a jamais été mentionné dans ses déclarations de patrimoine. L’une des révélations les plus éloquentes est celle liée au compte détenu par le fils de Abdelmoumen Ould Kaddour, dont les mouvements se sont faits plus nombreux dès lors que des soupçons de corruption autour de la joint-venture algéro-américaine Brown & Root Condor (BRC), que dirigeait son père, se sont fait sentir. Selon l’enquête de Twala, en juillet 2005, huit mois avant l’enquête de l’IGF, Nacim, le fils aîné de Abdelmoumen Ould Kaddour, a ouvert deux comptes à la banque Crédit suisse, lesquels ont enregistré un important mouvement de fonds entre 2007 et 2008.

Le premier compte, ouvert le 25 juillet 2005, était provisionné de 7,8 millions francs suisses en novembre 2008. Le second a été ouvert le 28 juillet 2005 et était provisionné de 587 000 francs suisses en juillet 2007. Soit un total de 8,6 millions de francs suisses (5,5 millions d’euros, selon le taux de change de l’époque). Les deux comptes ont été clôturés en 2009. Les «Suisses secrets» apportent, par ailleurs, un éclairage sur le patrimoine de l’une des personnes acquittées dans l’affaire Khalifa, Reda Rahal, ancien PDG de l’Enageo, filiale de Sonatrach.

Selon les recherches de Twala, il apparaît que Reda Rahal a pu cacher au moins un compte en Suisse à la police judiciaire et aux magistrats instructeurs. Alors que l’instruction du «scandale du siècle» s’intéresse aux agents publics ayant déposé l’argent de leurs entreprises et autres organismes qu’ils dirigent dans la banque Khalifa, Réda Rahal ouvre un compte «numéroté» le 31 novembre 2005, provisionné de 302 370 francs suisses, soit environ 20 millions de dinars au taux de change de l’époque. Il faut rappeler, à ce propos, que la filiale qu’il dirigeait avait déposé 800 millions de dinars dans la banque Khalifa.

Le site d’enquête et d’information cite également le général Khaled Nezzar, qui a ouvert un compte en février 2004, provisionné de deux millions francs suisses au 30 juin 2005. Le général-major Hocine Benmalem a également, si l’on en croit les révélations de Twala, eu recours aux services du Crédit suisse afin d’y «planquer» la coquette somme de 1,15 million de francs suisses (au 31 mai 2008). Le compte, dont il était cobénéficiaire avec son épouse Farida, a été clôturé en octobre 2013 avec encore 810 306 francs suisses.

On découvre, par ailleurs, le nom de Chahreddine Attailia, fils du général Attailia, ancien bras droit du président Chadli Bendjedid. Son compte, clôturé en mai 2012, est pourvu de 377 466 francs suisses au 30 juin 2008. Les données bancaires révélées par «Suisse secrets» concernent d’autres personnalités algériennes qui devront être publiées dans les prochains jours par le site Twala. Le scandale «Suisse secrets», le secret bancaire suisse qui permet d’héberger les milliards de ses clients indélicats n’a pas fini de surprendre. 

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