Les bouleversements du monde

21/06/2023 mis à jour: 04:33
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La guerre entre la Russie et l’Ukraine épuise les forces militaires engagées sur le terrain et désespère les populations civiles ukrainiennes qui ne voient aucune issue à leur calvaire. Les Etats-Unis et l’Europe campent toujours sur l’option militaire, ne laissant place à aucune initiative diplomatique pour que s’ouvre enfin un espoir de retour à la paix. 

C’est la Chine qui s’engouffre dans cette voie, mais sans résultats tangibles jusque-là. Moscou ne bronche pas, persuadée qu’elle est dans son «bon droit» dans le conflit qui l'oppose à l’Ukraine : elle avait dit, dès le début des années 1990, qu’elle ne voulait pas d’un pays de l’Otan à ses frontières et n'a pas été écoutée. Elle l’a fait savoir d’une manière militaire. On en est là aujourd’hui, avec cette guerre, qui n’est pas drôle, au cœur de l’Europe avec ses milliers de morts, terrifiant le monde entier par une perspective de se transformer en conflit nucléaire, plongeant la planète dans le chaos. 

Paradoxalement, ce sont les populations dites du tiers-monde qui sont les plus inquiètes, car les plus fragiles. Celles des pays occidentaux ne se démarquent pas des politiques guerrières de leurs dirigeants, qui ont un seul objectif : détruire la Russie sous le couvert de l’aide à l’Ukraine, projet qui ne date pas d’aujourd’hui. Dès le moment où le communisme s’y est installé au début du siècle dernier, et consolidé par la suite, le summum après la Seconde Guerre mondiale, la Russie est devenue la cible première de tout l’Occident. Elle l’est toujours, alors même que le communisme a presque disparu en tant qu'idéologie suprême, et cela après la chute du mur de Berlin, à la différence de la Chine qui a réussi à mouler le libéralisme dans le communisme, puisant leurs utilités des deux doctrines et s’attelant in fine avec le temps à gérer pragmatiquement les contradictions. 

Cela semble marcher, puisque la Chine est devenue une superpuissance planétaire, disputant le leadership aux Etats-Unis, lesquels cependant n’ont jamais accepté qu’on puisse remettre en cause leur volonté de dominer le monde. Pour cela, ils s’en prennent ouvertement aux Chinois, n’hésitant pas à brandir la possibilité d’une confrontation militaire, au prétexte de la protection de Taïwan, comme ils le font au demeurant à propos de l’Ukraine. 

Les Américains adorent les aventures guerrières, ne tirant aucune leçon de celles perdues, que ce soit au Sud-Est asiatique ou dans le monde arabo-musulman. Des millions de morts jalonnant les passages armés des Américains, sans que ces derniers en ont jamais rendu compte à aucune institution internationale de justice, y compris à l’intérieur de leur territoire. Au contraire, ce sont eux qui demandent des comptes. Ils n’hésitent pas à couvrir les pires régimes politiques dans le monde, un temps en Amérique latine et aujourd'hui en Palestine occupée. 

Avec la passivité et souvent la complicité de l’Union européenne censée pourtant être le cœur des droits humains. Depuis la Seconde Guerre mondiale, l’Europe est tombée dans le giron américain, notamment les pays phares que sont la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne et l’organisation qui les représente, l’Union européenne. 

Le Vieux Continent a perdu sa singularité politique pensée par ses grands hommes aujourd’hui remplacés par des équipes technocratiques dirigeantes sans grands desseins, fascinées par le pouvoir de Wall Street et par la force du Pentagone. Et les Américains et les Européens ignorent superbement qu' il existe un autre monde, toujours méprisé, celui des pays du tiers-monde. 

Ces derniers ont évolué et assimilé l’histoire, notamment la séquence coloniale et les épreuves subies en matière de non-respect des droits de l’homme et des remises en cause des souverainetés des Etats. Aussi, disent-ils aujourd’hui non à l’ordre mondial actuel, bâti précisément en large partie sur les expéditions et les doctrines du colonialisme d’antan. Et non à toutes les tentatives de reconquête néocoloniale des pays pauvres ou émergents par de nouvelles formes empruntées à l’ultralibéralisme. 

La prise de conscience est réelle, mais la tâche est ardue pour le tiers-monde, qui n’a à opposer que le poids du nombre singulièrement au sein des instances internationales, principalement l’ONU, poussée à se reformer. Mais des initiatives prometteuses sont là, une d’entre elles, l’élargissement des BRICS. L’Algérie y est candidate.

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