Des boulangers n’ont pas attendu une quelconque décision du gouvernement pour vendre la baguette de pain à 15 DA, soit le double du prix fixé par la loi.
Les boulangers attendent la nouvelle d’une décision gouvernementale sur le sort du prix du pain comme ils guetteraient le pain dans le four. Le fait est, si l’on en croit les propos du président de la Fédération nationale des boulangers, que le Premier ministre s’est engagé à régler le problème auquel sont confrontés les fabricants de pain. «La décision au sujet de la révision des prix du pain ou de la subvention des intrants nécessaires dans sa fabrication devrait bientôt tomber», affirme ainsi Youcef Kalafat, plein d’espoir.
Il est à remarquer que, d’ores et déjà, des boulangers n’ont pas attendu une quelconque décision du gouvernement pour vendre la baguette de pain à 15 DA, soit le double du prix fixé par la loi. Bon nombre d’entre eux ont protesté récemment dans plusieurs régions du pays contre ce qu’ils considèrent comme une «mise à la faillite» de leur commerce.
A les croire, les prix des matières entrant dans la fabrication du pain se sont envolés ces dernières semaines, mettant les boulangers sous pression. «Nous sommes dans une situation où les boulangers vendent à perte et n’ont aucun bénéfice sur leurs ventes car celles-ci ne couvrent pas les frais engagés», nous explique M. Kalafat. Selon ses dires, la «baguette ordinaire» est toujours cédée à 10 Da mais le pain amélioré, dans lequel d’autres ingrédients ont été ajoutés, se vend à partir de 15 DA. «Pour survivre, les boulangers sont contraints de procéder ainsi et proposer une autre gamme de pain pour rentrer dans leurs frais», justifie-t-il.
Les boulangers ne cessent de revendiquer une augmentation du prix du pain depuis plus d’une décennie. Le prix de revient de la baguette de pain est évalué au 31 décembre 2021, selon M. Kalafat, à 12 DA.
Les représentants des boulangers ont ainsi proposé de revoir le prix fixé du pain à 15 DA afin qu’ils puissent avoir une petite marge bénéficiaire, ou de leur accorder une subvention des matières premières et des charges (factures d’électricité, d’eau…). «Pendant des années, les pouvoirs publics se sont cachés derrière la subvention de la farine pour refuser une augmentation des prix du pain, cela n’est plus possible aujourd’hui», tranche M. Kalafat.
Il est à rappeler, à ce propos, que ce produit est réglementé par le décret exécutif n° 96-132 en vigueur depuis 1996, fixant le prix de la baguette à 7,5 DA. Un prix qui n’est plus respecté depuis belle lurette dans les boulangeries où la baguette se vend à 10 DA, mettant les pouvoirs publics devant le fait accompli.
Reste à savoir quelle décision prendront les pouvoirs publics afin de contenter les fabricants du pain sans que cela se répercute sur la population déjà éreintée par une hausse généralisée des prix des produits de première nécessité.