Les banques américaines lèvent 164,8 milliards de dollars en emprunts : La crainte d’une contagion de la crise pas encore écartée

19/03/2023 mis à jour: 01:02
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La Silicon Valley Bank, 16e banque des Etats-Unis - Photo : D. R.

Semaine chaotique pour le secteur des finances américain dont la faillite de certaines banques fait craindre aux établissements financiers occidentaux un effet de contagion. L’économie mondiale reste aux aguets face aux nouvelles venant d’outre atlantique craignant une récession semblable à celle provoquée par la crise des subprimes en 2008.

Les banques américaines ont soulevé durant la semaine écoulée, un emprunt de pas moins de 164,8 milliards de dollars auprès de deux mécanismes de soutien chapeautés par la Réserve Fédérale. Le record de 2008 vient ainsi d’être battu. La mort, pourtant prévisible depuis une année, de la Silicon Valley Bank a donné le là le 10 mars dernier à une cascade de dépôt de bilans.

La Signature Bank basée à New York n’a pas tardé à fermer tout comme la Silvergate, et la crainte de voir la First Republic, établie à San Francisco et 14ème banque américaine par la taille des actifs, subir le même sort est bien réelle.

Afin d’éviter que le cortège funèbre ne compte davantage de cercueils, JPMorgan, Citigroup et d’autres grands groupes ont injecté 30 milliards de dollars pour calmer la panique des investisseurs. Crédit Suisse a reçu une bouée de sauvetage dont la valeur s’est élevée à 54 milliards de dollars pour lui permettre de reconstruire ses activités.

La Secrétaire d’Etat au Trésor, Janet Yellen, rapporte l’agence Bloomberg, s’est voulue rassurante devant le Congrès en affirmant que le système bancaire demeurait solide. Mais des voix ont mis en doute cette déclaration en appelant à revoir le système des taux d’intérêt bas qui a un effet direct sur le capital-investment et la dette privée.

Lorsque la Réserve fédérale « relève les taux d’intérêts, comme elle le fait depuis un an, une récession est toujours à craindre. Et si la politique monétaire de la Banque centrale vise à corriger l’inflation, elle peut aussi révéler des faiblesses cachées » notent les analystes de Bloomberg. Ces derniers craignent deux scénarios possibles et les deux sont négatifs : -une récession imminente, ou - une inflation bien ancrée.

« Il s’agit d’un scénario perdant-perdant que les décideurs politiques ont eux-mêmes élaboré ». Mardi et mercredi prochains, et avant que la FED ne songe à une hausse des taux d’intérêt, elle devra mettre en balance la crise financière, la pression forte sur les prix et un marché de l’emploi en plein crise.

«La Banque centrale européenne a relevé ses taux d’intérêt d’un demi-point cette semaine, les investisseurs américains espèrent qu’une pause est encore possible. Mais les économistes interrogés par Bloomberg News prévoient une hausse d’un quart de point».

Notons que le prêt engagé par la Fed a permis d’augmenter son bilan de 297 mds de dollars. La Fed avait pour rappel procédé à la réduction de son bilan depuis juin 2022, après qu’elle ait inondé le marché de liquidités durant la crise sanitaire. Avec cette nouvelle crise financière américaine, l’Europe craint la contamination.

Déjà au niveau du marché boursier et malgré les mesures d’aides, le secteur bancaire a conclu la semaine par un nouveau plongeon et les banques européennes tremblent déjà. Vendredi, le Crédit Suisse a chuté de 8% alors que la First Republic aux Etats-Unis a lâché 33%. Leur valeur en Bourse a fondu comme neige sous le soleil avec une chute de 25% pour le premier et 80% pour le deuxième.

L’indice des banques européennes a chuté vendredi de 2,85% creusant ses pertes à 11,47% sur la semaine soit la plus forte depuis six mois. Les pertes hebdomadaires ont été plus notables pour Société Générale (-16,94%), Commerzbank (-19,53%), ING (-14,76%), Standard Chartered (-14,30%) et Unicredit (-14,31%). Les mesures prises pour soutenir les banques américaines en difficultés n’ont pas réussi à calmer le marché. Les investisseurs restent « effrayés par une contagion à d’autres établissements après la faillite éclaire de la Silicon Vallzey Bank la semaine passée ».

Le chef économiste de l’OCDE « écarte toute crise systémique pour éloigner le spectre de la crise financière de 2008 », mais les investisseurs ont préféré affiché leur inquiétude face à la plus forte volatilité au niveau du marché des emprunts d’Etats, depuis la crise des subprimes. 

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