Les affaires Sonatrach, Amar Benamor, Metidji et Amenhyd programmées : PROGRAMMÉES Procès en cascade et juges submergés

03/01/2022 mis à jour: 19:14
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Les affaires Sonatrach, Amar Benamor, Metidji et Amenhyd programmées cette semaine / Photo : H. Lyès

La première semaine du mois de janvier s’annonce avec de gros dossiers liés aux groupes Amar Benamor, Metidji et Amenhyd, mais aussi celui de Sonatrach, communément appelé GNL3.

Durant les dernières semaines du mois de décembre, le pôle pénal financier de Sidi M’hamed, à Alger, a vu la création d’une troisième section, pour absorber le retard et soulager les collègues magistrats dépassés par le nombre de plus en plus important des dossiers au rôle de cette juridiction spécialisée.

Néanmoins, de nombreuses anomalies, telles que l’absence de témoins et parfois de prévenus en liberté, la mauvaise connexion avec les établissements pénitentiaires durant les auditions des détenus, ou encore la remise très en retard des ordonnances de renvoi et l’absence d’avocats, ont suscité le report successif de plusieurs affaires, surchargeant davantage le rôle de chacune des sections.

Pour cette première semaine de janvier, la liste des affaires au programme est très longue. Aujourd’hui, c’est le premier procès de Chakib Khelil, ancien ministre de l’Energie, en fuite aux Etats-Unis, lié au contrat de réalisation du complexe gazier GNL 3 à Arzew, Oran, accordé à l’italienne Saipem, qui devrait s’ouvrir, après deux reports successifs.

Il n’est pas le seul, puisque le même magistrat, en charge de l’examen de l’affaire, doit aussi statuer sur les faits reprochés au groupe Metidji, dont les propriétaires les frères Metidji, pour «le financement» de la campagne électorale pour le 5e mandat, avortée, du défunt président déchu, Abdelaziz Bouteflika, mais surtout pour ceux liés aux «indus avantages» et à «la complicité dans la dilapidation de deniers publics», en lien avec les activités de ses 14 semouleries et 13 autres sociétés, ainsi que les marchés conclus dans la filière blé.

Plus d’une vingtaine de personnes, dont l’ancien Premier ministre, Abdelmalek Sellal, son directeur de cabinet, Mustapha Rahiel, l’ancien chef de protocole, au niveau de la présidence de la République, Mokhtar Reguieg, ainsi que d’ex-ministres, Abdelkader Bouazgui, Abdelwahab Nouri, Abdelkader Kadi, Boudjemaâ Talai, Abdelghani Zaalane, et d’anciens walis, dont Abdelkader Zoukh, et de nombreux fonctionnaires de l’Etat, dont des cadres de l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) et des directeurs d’agences de banques publiques. Il est clair que le procès GNL 3 risque de connaître un troisième report, pour permettre au juge de se consacrer à celui du groupe Metidji, plus important en nombre de prévenus.

Le 5 janvier en cours, le pôle financier aura à statuer aussi sur deux autres affaires ayant connu déjà deux reports. Celle du groupe Amar Benamor, liée «aux indus avantages» dont il a bénéficié, notamment la cession des silos de l’entreprise publique Eriadh, pour laquelle, en plus des dirigeants et propriétaires du groupe privé, sont appelés à comparaître près d’une vingtaine de prévenus, dont les deux ex-Premiers ministres Abdelmalek Sellal et Ahmed Ouyahia, les ex-ministres de l’Agriculture, Rachid Benaïssa, de l’Industrie, Abdeslam Bouchouareb, en fuite à l’étranger, ainsi que plusieurs autres fonctionnaires.

Au même rôle, est inscrite également l’affaire de l’ancien wali de Médéa, Mustapha Ayadhi, ainsi que celle des frères Chelghoum, à la tête du groupe privé Amenhyd, qui comparaîtront pour plus d’une dizaine de marchés obtenus (dans le domaine de l’hydraulique) avec l’ancien Premier ministre, Abdelmalek Sellal, l’ex-ministre des Ressources en eau, Hocine Necib, l’ex-wali d’Alger, Abdelkader Zoukh, et plusieurs autres fonctionnaires.

Le 6 janvier, deux autres procès sont programmés, celui de Abdelwahid Temmar, ancien ministre de l’Habitat et wali de Mostaganem, lié à l’octroi d’assiettes foncières à des hommes d’affaires, et celui de l’ex-ministre de l’Industrie, Djamila Tamazirt, poursuivie pour les «indus avantages» accordés au groupe Amenhyd et à celui de Amar Benamor.

C’est dire que nous entamons la nouvelle année avec des procès en cascade. Pour des sources bien informées, cette accélération dans le traitement des affaires dites de corruption a pour objectif d’aboutir à des décisions définitives afin de statuer sur le sort des biens gelés des hommes d’affaires condamnés. En tout état de cause, il est important de rappeler que de nombreux prévenus sont en prison depuis près de deux ans, sans qu’ils aient eu droit à un procès.

Le recours systématique à la détention provisoire laisse croire que celle-ci n’est plus exceptionnelle, comme le garantit la loi, mais plutôt une règle générale, y compris dans les affaires liées aux droits fondamentaux de libre circulation, de pensée et d’expression. 

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