L'économie, demain…

17/08/2023 mis à jour: 00:18
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De quoi sera faite l’économie algérienne demain ? Tout un passif à solder et l’avenir est à penser et à construire. Face à la somme des contraintes internes et externes, le temps d’aujourd’hui est à l’urgence. L’atout majeur est la manne des hydrocarbures, à un niveau inespéré depuis le déclenchement de la guerre ente la Russie et l’Ukraine et la reprise économique dans les grands pôles industriels mondiaux. Et également du profit tiré de la nouvelle ligne constante de l’OPEP de contrôle de la production et des prix des hydrocarbures à l’exportation.

La conjoncture mondiale est donc favorable au pays. On n’a pas vu cela depuis 2014, année qui vit s’abattre sur le pays une grave crise financière, suite à la chute brutale sur les marchés mondiaux des prix des hydrocarbures, une crise suivie d’une autre, cette fois-ci d’essence politique, aboutissant à la chute de l’ancien régime accompagnée de fortes turbulences.

Avant le conflit Russie-Ukraine, l’économie à la peine subsistait par la planche à billets tant décriée pour ses effets inflationnistes. Et aussi par une forte ponction dans la cagnotte financière placée dans les banques étrangères, ce qui a considérablement rétréci les réserves de change.

Dès le début de la nouvelle embellie financière, les autorités avaient fixé comme perspective à court terme un taux de croissance moyen de 5%. Ils s’attelèrent à réduire le niveau des importations à 38 milliards de dollars après avoir frôlé les 60 milliards de dollars par le passé du fait, essentiellement, du gaspillage de l’argent public et des pratiques de surfacturation des importateurs.

Quant aux exportations hors hydrocarbures, elles ont bondi à 7 milliards de dollars (en 2022) et les réserves de change ont atteint 60 milliards de dollars pouvant couvrir deux années d’importations au cas où les prix du pétrole venaient à s'effondrer. Mais il y a une grande ombre au tableau, un taux d’inflation de 9,6% dû à la flambée des prix à l’international de la plupart des produits, notamment alimentaires, à de fortes perturbations au niveau des circuits d’approvisionnement à l’échelle mondiale.

Et également à la forte dépendance du pays vis-à-vis des importations de produits et services ayant subi de fortes hausses. Des réformes structurelles ont été engagées par les autorités, les plus marquantes concernent la révision des lois sur la monnaie et le crédit et l’investissement tant interne qu’externe.

Il est attendu d’elles la mise en place de ce qui a toujours manqué à l’Algérie : une économie productive forte basée sur un tissu industriel large et performant et une agriculture assurant l’autosuffisance alimentaire et dégageant des excédents à l’exportation.

Ainsi que des services publics efficaces tournés vers le numérique. Si depuis l’indépendance, l’Algérie n’est jamais sortie du sous-développement précisément, c'est parce qu’elle s’était contentée de vivre avec une économie rentière qui prenait en charge un embryon de tissu industriel mais en même temps servir à maintenir la paix sociale à travers le soutien massif aux produits et services de large consommation.

Aujourd’hui, il faut manager tout cela mais après l’urgence, il faut opérer une conversion des mentalités tant au niveau de la population que des sphères politiques et économiques. Les appareils bureaucratiques parasitaires ne devront plus se substituer aux mécanismes du marché et l’Etat devra s’orienter essentiellement vers une tâche de régulation et de contrôle en s’adossant à la justice et aux structures corporatistes bien représentatives.

Le secteur privé devra être réhabilité aussi bien dans ses missions que dans son image. Des décennies durant, cette image a été désastreuse essentiellement pour des raisons idéologiques. Accaparé par la bureaucratie d’Etat, le secteur public économique est devenu un boulet pour les finances publiques.

Les start-up, le numérique et autres innovations sont aujourd’hui de bonnes options, mais l’essentiel réside dans une vision économique plus large et plus moderne de la création de richesses dans laquelle la jeunesse algérienne aura un rôle clé à jouer. Elle compose les 70% de la population.
 

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