Le Sud n’est pas contre le Nord

29/01/2024 mis à jour: 00:55
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La capitale ougandaise, Kampala, vient d’accueillir deux événements géopolitiques réunissant les pays du Sud Global : le 19e Sommet du Mouvement des non-alignés (MNA) et le 3e Sommet du Sud du G77 +Chine.

 Les deux rencontres ont permis une mise à jour de la volonté d'autonomisation des pays du Sud Global en renforçant leur capacité de négociation au sein du système des Nations unies. 

Le concept du Sud Global n’est pas nouveau. Depuis sa création, il y a plus de 60 ans, le cap est resté le même : la nécessité vitale de redéfinir les règles dans la mise en place des politiques internationales visant un monde pluriel, polycentrique et équitable. 

C’est avec un rappel à l’unité que s’est achevé le sommet G77 + Chine, qui rassemble 130 pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, représentant 80% de la population mondiale. La déclaration finale a rappelé la réunion du groupe, tenue à Alger en 1967, sanctionnée par l'adoption de «la Charte d'Alger», qui a posé les jalons d'une volonté d’intégration, de complémentarité et de solidarité entre les pays du Sud. L’idée est de défendre des communautés d’intérêts entre pays du Sud. 

A l’instar des autres pays du Sud Global, l’Algérie réclame «une réforme du système des Nations unies afin de le rendre plus représentatif et renforcer le multilatéralisme». L’Algérie milite aussi pour «une réforme substantielle de l'architecture financière mondiale», qu’elle qualifie d’«injuste, exclusive et d’inéquitable». 

La démarche du Sud se veut «constructive». Cette volonté d'autonomisation du Sud Global intervient dans un contexte marqué par une perte d'influence des pays euro-atlantiques, une intensification de l’antagonisme sino-américain et une montée en puissance de la Chine et de l'Inde, qui sont à l’origine de la création des BRICS et du groupe de Shanghai, des institutions de plus en plus influentes. Que veut vraiment le Sud Global ? 

D’abord, il faut dire que le Sud Global n’est pas contre le Nord Global, car la Chine et l’Inde se trouvent déjà au Nord. La dénomination du Sud Global n’est pas du tout géographique. 

En se définissant comme figurant dans le Sud global, la Chine et l'Inde veulent tout simplement renforcer leurs liens avec l’Afrique et les pays de l'Asie du Sud-Est (Asean). Le Sud Global n’est pas contre l’Occident ou les pays euro-atlantiques. Le Sud Global ne cherche pas à créer un «monde post-occidental». 

Le Sud Global n'est pas «le reste du monde», car il constitue la majorité du monde. Il ne s'agit pas non plus de reconstituer l’ancien bloc de l’Est, ou de remplacer le défunt clivage Est-Ouest par un nouvel antagonisme Nord-Sud. Le Sud Global n’est pas aussi contre le G20, car ce dernier compte déjà l’Union africaine, l’Inde, l’Indonésie, le Brésil et l’Afrique du Sud, qui sont une partie intégrante du Sud Global. 

Le Sud Global ne demande pas de concessions au Nord Global. Il n'y aura pas d’ère post-occidentale. Il n'y aura pas non plus de désoccidentalisation du monde. 

Dans sa quête vieille de plus de 60 ans d’un rééquilibrage du monde, le Sud Global veut simplement redéfinir les règles dans les enceintes planétaires, notamment au sein de l’ONU, ses agences et ses juridictions internationales, pour une remise en question de l’ordre actuel, marqué par une gouvernance mondiale injuste et impuissante à prévenir les génocides et les conflits sanglants.

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