Le sud du Liban aux prises avec les frappes israéliennes : L’urgence humanitaire

29/10/2024 mis à jour: 09:02
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Les infrastructures médicales du sud Liban, déjà soumises à une pression extrême, sont aujourd’hui confrontées à des risques inédits

Après une nouvelle nuit d’horreur, les secouristes de la ville de Tyr exploraient hier chaque recoin de débris à la recherche de survivants. Il s’agit, une fois de plus, d’une frappe aérienne israélienne d’une violence inouïe qui a rasé plusieurs quartiers de cette ville côtière du sud du Liban. 

Les secouristes déploient leurs maigres moyens dans l’espoir de sauver des vies ou, à défaut, de retrouver des corps pour leurs proches. Le dernier bilan du ministère de la Santé libanais fait état de sept morts et de dix-sept blessés. Le cratère béant semble indiquer, selon des témoins cités par la chaîne Al Jazeera, une série de frappes puissantes, vraisemblablement menées par des avions de chasse israéliens, témoignant de l’intensité de l’attaque.

La situation humanitaire dans le sud du Liban devient chaque jour plus critique. Les infrastructures médicales de la région, déjà soumises à une pression extrême, sont aujourd’hui confrontées à des risques inédits. Près de cinquante hôpitaux et centres de soins ont dû fermer leurs portes ces dernières semaines, les bombardements israéliens se rapprochant dangereusement. Les rares établissements encore en fonction peinent à absorber l’afflux de blessés, et les médecins, épuisés, travaillent jour et nuit avec des ressources et des fournitures médicales dramatiquement limitées.

A Aita El Chaab, l’une des localités les plus touchées, la quasi-totalité des infrastructures a été détruite. Le village, qui a été le théâtre de la guerre en 2006, est aujourd’hui ravagé par les bombardements. Les familles, réfugiées dans des abris de fortune, se heurtent à des conditions de vie insoutenables, manquant de tout : eau potable, électricité, médicaments... Les attaques ciblées sur les infrastructures civiles, cumulées à la fermeture des centres de santé, exposent la population libanaise à une crise humanitaire sans précédent.

Depuis le 30 septembre, l’armée d’occupation israélienne a intensifié ses opérations terrestres et aériennes dans le sud du Liban, fief historique du Hezbollah. Si les troupes israéliennes n’ont pas pénétré en profondeur sur le territoire libanais, elles mènent néanmoins des opérations de type «hit and run», frappant les positions stratégiques avant de se retirer rapidement. Le Hezbollah, de son côté, a répondu par des tirs de roquettes visant les troupes israéliennes, notamment près de la ville d’El Wazzani. Le mouvement chiite, bien que discret quant à ses pertes, poursuit sa résistance en multipliant les attaques dans les zones frontalières.

Le sud du Liban s’enfonce ainsi chaque jour un peu plus dans une guerre d’usure.  Outre les civils libanais, les journalistes présents dans le sud du Liban font également les frais de la guerre. Le 27 octobre, une frappe israélienne a touché un complexe situé dans la ville druze de Hasbaiyya, tuant trois journalistes. Les autorités libanaises ont rapidement dénoncé cet acte en le qualifiant de «crime de guerre» et ont porté plainte devant le Conseil de sécurité des Nations unies. 

Dans un communiqué, le ministère libanais des Affaires étrangères a condamné «les attaques répétées contre les équipes de presse» et exigé que des mesures soient prises contre Israël. L’Etat sioniste, de son côté, a déclaré que cette frappe était «en cours de révision» et a maintenu qu’elle visait des combattants du Hezbollah. La communauté internationale fait mine de s’émouvoir face à cette escalade. Lors de la réunion de l’Union pour la Méditerranée (UPM) à Barcelone, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a exhorté à un cessez-le-feu immédiat des deux côtés de la «ligne bleue», la frontière sud du Liban fixée par les Nations unies en 2000. Appelant à l’application stricte de la résolution 1701 de l’ONU, l’Union européenne a réaffirmé son soutien à la souveraineté du Liban et a demandé la fin immédiate des «hostilités». Mais l’Etat sioniste, fort de son impunité, fait fi des condamnations internationales. Les autorités israéliennes ont intensifié leurs messages aux civils libanais, appelant les habitants de Tyr et des villages alentours à «se diriger vers le nord» pour fuir les zones de combat. 

Des tracts ont été largués sur les villes de Qlaileh et Haniya, ainsi que dans les hauteurs de Jabal El Rayhan, pour pousser les populations à évacuer les lieux. Pourtant, nombreux sont ceux qui refusent de quitter leurs terres, craignant que cela ne soit interprété comme un abandon de leur village. 


Des civils tués en Iran

Deux agences de presse iraniennes ont annoncé, hier, la mort d’un civil, tué dans les raids israéliens menés samedi avant l’aube contre des sites militaires en Iran. «Le martyr Allahverdi Rahimpour, un civil tué près de Téhéran lors de la récente attaque du régime sioniste, a été inhumé», ont affirmé les agences Fars et Tasnim. Après les frappes, l’armée iranienne avait annoncé la mort de quatre officiers. Téhéran a promis une «réponse ferme» aux raids aériens israéliens sur des sites militaires iraniens samedi. «Nous utilisons tous les moyens disponibles pour répondre de manière ferme et efficace à l’agression du régime sioniste», a annoncé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Esmaeil Baghaei, dans sa conférence hebdomadaire, rapporte l’Agence France Presse.

Les autorités irakiennes ont, par ailleurs, annoncé avoir officiellement protesté auprès du secrétaire général des Nations unies et du Conseil de sécurité contre une «violation flagrante» perpétrée par Israël, dont les avions ont pénétré l’espace aérien irakien pour frapper samedi l’Iran voisin.

Téhéran «espère que ''ses'' amis irakiens annonceront les sanctions nécessaires» et qu’ils «ne permettront pas que de tels incidents se reproduisent», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Esmaeil Baghaei, selon l’AFP.  Amel Blidi

 

 

 

CIJ : l’Afrique du Sud dépose ses «preuves» du «génocide» 

L’Afrique du Sud a annoncé hier avoir déposé devant la Cour internationale de justice (CIJ) son dossier de «preuves» du «génocide» commis, selon elle, par Israël à Ghaza. Ce dossier «contient des preuves démontrant que le gouvernement d’Israël a violé la convention sur le génocide», ont indiqué dans un communiqué les services du président sud-africain, Cyril Ramaphosa. 
Israël réfute ces accusations. La CIJ, située à La Haye, a confirmé hier avoir reçu le document, via un de ses responsable, mais a refusé de donner davantage de détails. «Les preuves montreront que les actes génocidaires d’Israël sont fondés par l’intention particulière de commettre un génocide», assure la présidence sud-africaine. Elle souligne «l’échec d’Israël à empêcher l’incitation au génocide, à empêcher le génocide lui-même et l’échec à punir ceux qui incitent et commettent des actes de génocide». Ce «mémorial», qui ne «peut être rendu public» conformément aux usages de la Cour, contient plus de 750 pages d’argumentation et plus de 4000 en annexes, précise la Présidence.
Plusieurs pays se sont joints à la procédure intentée par l’Afrique du Sud contre Israël  : la Bolivie, la Colombie, la Libye, l’Espagne et le Mexique. Bien que les décisions de la CIJ soient juridiquement contraignantes, la Cour ne dispose d’aucun moyen concret pour les faire respecter.

 

167 secouristes tombés en martyrs

Le ministère libanais de la Santé a indiqué que 167 secouristes sont tombés en martyrs depuis le début de l’agression sioniste contre le Liban en octobre 2023. Un communiqué publié dimanche par le ministère indique que «le bilan total des victimes parmi les secouristes depuis le début de l’agression s’est élevé à 167 martyrs, tandis que le nombre de blessés a atteint 275». Le communiqué souligne que «ce nombre a augmenté après la mort de 3 ambulanciers lors d’un raid mené par l’ennemi (sioniste) contre un centre de la Société d’ambulance sanitaire Al Resala dans la ville de Aïn Baal, au sud du pays». Pour le ministère, «cibler les ambulanciers paramédicaux représente un crime de guerre et il est du devoir de la communauté internationale d’assumer ses responsabilités et d’y mettre un terme». Plus tôt dimanche, l’agence de presse libanaise a rapporté que «trois personnes sont mortes en martyrs suite au ciblage (par l’armée sioniste) d’un nouveau centre de la Société Al Resala pour l’ambulance sanitaire». Depuis le 23 septembre dernier, l’entité sioniste a élargi la portée du génocide qu’elle commet à Ghaza depuis le 7 octobre 2023, pour inclure la plupart des régions du Liban, y compris la capitale Beyrouth, par des raids aériens d’une violence et d’une intensité sans précédent et une incursion terrestre dans son Sud.

 

 

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