Le stress hydrique et la hausse des températures ont eu raison de la production : Une année difficile pour les oléiculteurs

09/11/2023 mis à jour: 00:30
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Les prévisions du Comité national de la filière oléicole sont des plus pessimistes

Le patrimoine oléicole algérien a subi les néfastes effets du stress hydrique, qui se prolonge depuis des mois. Un début d’assèchement a même été observé dans de nombreuses oliveraies, notamment celles du centre du pays, où se concentre la majorité dudit patrimoine. 

«Le phénomène touche tous les pays du pourtour méditerranéen. En Algérie, ce sont les wilayas du Centre, Bouira, Béjaïa, Tizi Ouzou, Jijel, Boumerdès, etc., connues pour leur grand potentiel oléicole, qui sont les plus touchées. Cette année est vraiment difficile pour les oléiculteurs. Juste après le début de la floraison, vers mois de juin, de fortes chaleurs avoisinant les 50°C ont balayé le nord du pays en juillet, occasionnant d’énormes pertes. Seules les oliveraies irriguées par-ci, par-là ont été épargnées par les fournaises», explique Arezki Toudert, président du Comité national de la filière oléicole, et d’ajouter que le peu de production existant a été envahi par la mouche de l’olivier, causant ainsi d’énormes dégâts. 

«Les conditions climatiques ont favorisé la prolifération de cet insecte ravageur, notamment la hausse des températures lors des deux mois de septembre et octobre», déplore notre interlocuteur. L’olive de table, cultivée notamment dans l’ouest du pays, a par contre été moins touchée par la calamité du stress hydrique, car la plupart des exploitations sont irriguées et entretenues. 

La production nationale en chute libre

La production nationale annuelle d’olives, qui se situe entre 120 000 et 130 000 tonnes, connaîtra une chute drastique cette année. Les prévisions du Comité sont des plus pessimistes. «Il y a des endroits où nous avons enregistré zéro production. Il se pourrait que nous n'atteignions même pas la moitié de la production habituelle», déplore le président du Comité. 

Quant au prix de l’huile d’olive sur le marché international, il a connu une flambée sans précédent. «D’habitude, le litre fait dans les 2 à 3 euros, or, ces derniers jours, il a atteint les 8 à 9 euros. Nous avons reçu beaucoup de commandes émanant de nombreux pays, mais que ne nous pouvons malheureusement pas satisfaire, vue la situation actuelle. Sur le marché local, le litre d’huile d’olive ordinaire coûte déjà 1000 DA en ce début de saison de la récolte, alors qu’il se situait entre 500 et 600 DA. L’huile vierge, quant à elle, dépassera certainement les 1500 DA le litre», indique M. Toudert. La chute de la production impactera aussi les oléifacteurs. 

Des huileries risquent une année blanche. Par ailleurs, notre interlocuteur est revenu sur le Programme d'appui au secteur de l'agriculture (PASA) pôle Soummam, que finance l’Union européenne. Pour lui, le programme a connu un échec cuisant. «Ce projet d’appui à la filière oléicole dans les wilayas de Béjaïa, Bouira et Tizi Ouzou n’a pas donné les résultats escomptés. 

Nos propositions ont été toutes rejetées sans aucun motif, à l’instar de l’installation d’une coopérative oléicole, la création d’une unité de transformation et la valorisation des déchets de l’olive, un laboratoire d’analyses physico-chimiques dans chaque région, etc. Les voyages à l’étranger, organisés dans le cadre du PASA, n’ont été d’aucune utilité pour les oléiculteurs», détaille M. Toudert. «La seule réalisation du programme est un laboratoire d’analyses à Takerietz, dans la wilaya de Béjaïa.

 Il s’agit d’une ancienne bâtisse qui a été aménagée. Cependant, les lieux ne sont pas encore équipés avec le matériel nécessaire», a-t-il confié. 
 

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