Le directeur de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire (ANSS), le Professeur Kamel Senhadji, a dévoilé, hier, lors de son passage au forum d’El Moudjahid, les grands axes de la stratégie nationale de sécurité sanitaire (SNSS) 2025-2030. Il a, à l’occasion, affirmé que le document final portant sur la SNSS «est ficelé» et qu’il «sera bientôt entre les mains du président de la République».
Outre ce document, un rapport scientifique basé sur des données antérieures et historiques relatif aux pathologies réémergentes sera, également, remis au chef de l’Etat. «Nous allons soumettre au Président des messages chiffrés et actualisés ainsi que des scénarios liés aux risques sanitaires pour les cinq prochaines années», a-t-il dit. Cette stratégie, élaborée par une équipe pluridisciplinaire, «renforcera les capacités nationales dans le domaine de la prévention des risques sanitaires», a-t-il ajouté.
Le Pr Senhadji a, aussi, expliqué que le Comité permanent d’élaboration, de suivi et d’évaluation de la SNSS a collecté, avec la collaboration de 31 départements ministériels, et traité des données liées aux urgences sanitaires dans le pays. Il a, à ce sujet, précisé que l’effectif de l’Agence n’est pas composé uniquement de scientifiques issus du monde de la médecine. Il compte un tiers de médecins, de pharmaciens et de biologistes, alors que les deux autres tiers sont formés de mathématiciens, de modulateurs, de statisticiens et d’autres de cadres dans d’autres spécialités.
L’Agence, «c’est aussi une grosse plateforme numérique, du Big Data, un centre de calcul intensif et des outils de développement qui font appel à l’intelligence artificielle (IA)», a-t-il poursuivi. L’intervenant a souligné que l’Agence a «exploité tous les outils et mécanismes fournis par le progrès scientifique pour traiter les données et détecter les dangers dans le but de prévoir de manière proactive les menaces potentielles pour la santé et d’y faire face en temps opportun».
«Messages d’anticipation»
S’appuyant sur le triptyque observation-veille et alerte, l’Agence «formule des messages d’anticipation», l’un destiné aux citoyens et qui consiste à sensibiliser et à orienter ; l’autre au plus haut sommet d’Etat pour «se préparer à différentes options». Interrogé sur les priorités de la SNSS, l’orateur a insisté sur le fait de bien savoir tirer les leçons de la pandémie de la Covid-19 et d’engager des actions dès maintenant, à travers des axes transversaux, pour faire face à d’autres éventuelles pandémies.«Il faut relocaliser la fabrication de vaccins car, souvenez-vous, lors de la pandémie, les grands fabricants refusaient, au début, de vendre des vaccins anti-Covid aux pays émergents», a-t-il plaidé, faisant savoir que l’Algérie avait, à un moment donné, réussi à fabriquer des vaccins à usage courant.
Le Pr Senhadji a, par ailleurs, indiqué que plusieurs propositions ont été formulées dans le document qui sera remis au président de la République, dont celle relative à la construction d’un hôpital de confinement adossé à un centre de recherche en vaccinologie. Un laboratoire de haut confinement biologique dédié à l’étude des agents pathogènes du groupe de risque 4 (P4) figure parmi les recommandations émises. «Le laboratoire va permettre de travailler sur des souches dangereuses et de stocker des prototypes de vaccins. Cela doit se faire dans les toutes prochaines années», a-t-il fait savoir.
Il a, également, rappelé que le Comité pour l’élaboration, le suivi et l’évaluation de la SNSS s’est réuni à plusieurs reprises, dans le but d’établir la vision et les objectifs de cette stratégie à l’horizon 2030. L’Agence a, en effet, organisé la première réunion des sous-comités thématiques rattachés à ce Comité permanent aux fins de finaliser le diagnostic stratégique et d’entamer la préparation du plan d’actions multisectoriel y afférent. Avec la participation de plus de 100 représentants de divers départements ministériels et organismes concernés par les aspects liés à la sécurité sanitaire, et en présence d’experts en planification stratégique, cette réunion axée sur le principe de «la santé dans toutes les politiques» a été organisée les 5 et 6 août derniers sous forme d’ateliers thématiques.
Des ateliers consacrés à la santé et à la réforme du système national de santé, à l’environnement et aux changements climatiques et à l’alimentation et son impact sur la santé. Face à une situation sanitaire mondiale déséquilibrée et perturbée notamment par trois défis majeurs (les épidémies, l’environnement et le changent climatique, l’alimentation), la SNSS 2025-2030 «constitue désormais un choix stratégique systématique visant à mettre en place les bases d’un système national d’anticipation qui favorise la résilience de notre système de santé pour la protection des générations actuelles et futures contre les risques sanitaires», a-t-il soutenu.