Le président Tebboune avance le chiffre de 950 communes pauvres : «Les aides de l’Etat doivent aller aux localités sans ressources»

25/12/2024 mis à jour: 11:54
8644
Le président Tebboune a adressé des assurances aux walis les incitant à investir dans leurs wilayas - Photo : D. R.

Outre les aides de l’Etat, le président de la République a évoque la révision de la fiscalité pour qu’une partie des «ressources fiscales générées par les communes servent à leur propre gestion».

Le président Abdelmadjid Tebboune souligne l’engagement de l’Etat à enclencher une nouvelle politique de développement des collectivités locales. «Les aides de l’Etat doivent aller aux communes pauvres», déclare-t-il à l’ouverture, hier à Alger, de la réunion gouvernement-wali. Selon lui, sur les 1541 communes que compte le pays, 950 sont pauvres et sans ressources financières leur permettant de répondre aux besoins de leurs citoyens. Dans ce sens, il met en avant la nécessité de réviser le code communal en vue de lever les contraintes sur la gestion de ces localités. «Le code communal actuel s’applique de la même manière à toutes les communes, riches ou pauvres.

Ce n’est plus possible aujourd’hui. Tout cela sera révisé. Il y aura une classification des communes selon leurs ressources», annonce-t-il, en révélant certaines dispositions du futur code communal, qui est actuellement en phase d’enrichissement au niveau des deux Chambres du Parlement. «Les collectivités locales constituent le trait d’union entre l’Etat et le citoyen.

La commune est le socle de l’Etat et il est temps, plusieurs décennies après l’indépendance, de réviser les codes communal et de wilaya pour qu’ils puissent concrétiser la volonté du peuple au niveau local», déclare-t-il. Dans la foulée, il affirme «qu’il y a une révision en profondeur du code communal en termes de prérogatives, de moyens alloués et de classification des communes». Et cela, ajoute-t-il, dans l’objectif «d’instaurer un équilibre financier et économique entre les communes riches et celles moins favorisées».

Outre les aides de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune évoque la révision de la fiscalité pour qu’une partie des «ressources fiscales générées par les communes servent à leur propre gestion». «Il y a des communes qui ne peuvent même pas recruter un employé. C’est pourquoi, la gestion de certaines infrastructures, telles que les cantines scolaires, sera confiée à l’Etat au lieu des communes, pour ne pas les accabler financièrement», indique-t-il.

Walis : «Vous êtes protégés !»

Le chef de l’Etat incite aussi les responsables des APC à déléguer la gestion de certains services aux entreprises locales. «Il n’y a pas d’inconvénient à ce que les communes délèguent à des entreprises locales certains services publics, comme le domaine de l’hygiène, en trouvant des mécanismes juridiques pour demander des comptes sur les performances», explique-t-il, annonçant aussi la relance des PCD (plans communaux de développement), des plans de développement des wilayas, ainsi que la création d’une nouvelle banque devant soutenir le développement des collectivités locales.

Concernant le nouveau code de wilaya, le chef de l’Etat révèle aussi un changement important. «Nous avons proposé, dans la nouvelle version du code, de conférer au président de l’Assemblée populaire de wilaya (APW) la qualité d’ordonnateur, afin que l’élu local soit un responsable investi des pleines prérogatives», annonce-t-il. A partir de 2025, dit-il, «nous entamerons une nouvelle ère de gestion des collectivités locales». «Nous aurons ainsi mis en place les institutions permettant l’instauration d’une véritable démocratie, et non pas celle de la démagogie.»

Revenant sur le développement des «zones d’ombre», Abdelmadjid Tebboune s’est félicité de la «réussite de la démarche». Selon lui, «plus de 6,5 millions d’Algériens ont été touchés par les réformes dans les zones d’ombre». Il indique, dans la foulée, que «certains responsables que nous avons démis estimaient que le développement des zones d’ombre ne relevait pas de leurs prérogatives». «Il faut que vous sachiez que nous sommes au service du peuple, du Président au plus simple fonctionnaire public», lance-t-il.

Par la même occasion, il adresse des assurances aux walis, les incitant ainsi à encourager les investissements dans leurs wilayas. «Les walis sont protégés tout en tenant compte des erreurs administratives qu’ils peuvent commettre tant qu’il ne s’agit pas de corruption. Nous sommes au courant des résidus de la Issaba, qui menacent les walis et les responsables locaux en utilisant des relais pour les dissuader d’accomplir leurs missions», déclare-t-il. Le chef de l’Etat invite aussi les walis à fournir davantage d’efforts pour la création de l’emploi dans leurs localités.

«Croire pouvoir s’emparer de l’Algérie avec un hashtag est un leurre»

Le président Abdelmadjid Tebboune a profité de la réunion gouvernement-wali, dont les travaux ont débuté hier à Alger, pour réagir à la campagne, lancée sur les réseaux sociaux par un hashtag : «maniche radi». «Le peuple algérien est uni. Nos jeunes ne sont pas seulement des nationalistes, mais des chauvins. Plus de 5 millions d’Algériens se sont sacrifiés, depuis les résistances populaires à la Guerre de Libération nationale, pour la libération du pays», déclare-t-il.

Et d’ajouter : «Nous protégerons ce pays dont le peuple a le sang des chouhada dans les veines. Il se leurre celui qui croit que l’Algérie est une proie dont on peut s’emparer avec un hashtag»,lance-t-il. Le hashtag «maniche radi» (je ne suis pas satisfait) a fait son apparition sur les réseaux sociaux à la fin de la semaine dernière. Pour faire face à cette campagne, un autre hashtag a été lancé sous le slogan de «ana ma3a baladi» (je suis avec mon pays). M. M.

Dessalement de l’eau de mer : «Cinq stations opérationnelles avant le mois de Ramadhan»

Le président Abdelmadjid Tebboune promet de réceptionner les cinq stations de dessalement de l’eau de mer, en cours de réalisation, avant le mois de Ramadhan prochain. D’une capacité de 300 000 mètres cubes/chacune, ces unités, dit-il, résorberont une grande partie du déficit en eau potable.

Selon lui, ces stations «sont achevées à 90%» et la distribution de l’eau devra s’étendre sur une bande de 150 kilomètres à partir de la côte. «L’Algérie aura, de ce fait, réduit le stress hydrique de 70%. Nous sommes un pays de défis», déclare-t-il, dans une allocution prononcée, hier, devant les participants à la réunion gouvernement-walis. Le chef de l’Etat appelle les walis à se mobiliser, «sans attendre la pression de la rue pour prendre en charge les insuffisances constatées dans le secteur».

Il les invite aussi fournir un effort pour la récupération des eaux usées en vue de les exploiter dans l’agriculture. «Nous consommons 1 milliard de mètres cubes d’eau, mais nous ne récupérons même pas 10%. Ce n’est pas normal. Nous pouvons facilement récupérer plus de 30% de cette eau», affirme-t-il, citant l’exemple «des pays européens qui ont investi dans le domaine de traitement des eaux usées, même s’ils ne connaissent pas de stress hydrique». M. M.

Loi sur les partis : «Le texte sera prêt début 2025»

La nouvelle loi sur les partis politiques pourrait être prête au début de l’année 2025, affirme le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune. «Ce projet sera élaboré par les partis», déclare-t-il, promettant de donner plus de détails lors de son prochain discours devant le Parlement. Le projet de loi sur les partis, rappelons-le, était en préparation depuis plusieurs années. Une première mouture soumise à l’appréciation des formations politiques a suscité de vives critiques. M. M.

 

Copyright 2024 . All Rights Reserved.