Le président Abdelmadjid Tebboune sera demain à Tunis : Une tripartite maghrébine à Carthage

21/04/2024 mis à jour: 00:56
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A l’invitation de son homologue tunisien Kaïs Saïed, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, se rendra demain, lundi, à Tunis, pour participer à la première réunion consultative entre l’Algérie, la Tunisie et la Libye. 

C’est ce qu’a annoncé hier la Présidence tunisienne sur sa page Facebook officielle. La même invitation a été adressée au président du Conseil présidentiel libyen, Mohamed Younes El Menfi. 

Cette rencontre tripartite, qui aura lieu au palais de la République à Carthage, s’inscrit dans le nouveau cadre de concertation et de coordination entre les trois dirigeants, décidé début mars à Alger. En effet, le président Abdelmadjid Tebboune a réuni, le 2 mars dernier, ses homologues tunisien et libyen à la fin des travaux du 7e sommet du GECF pour passer en revue les résultats de ce forum mais aussi pour discuter des conditions prévalant dans la région du Maghreb. 

Les trois Présidents se sont alors mis d’accord sur la nécessité d’«intensifier» et d’«unifier» leurs efforts pour faire face aux défis économiques et sécuritaires auxquels sont confrontés ces trois pays de l’Afrique du Nord. Pour assurer une meilleure concertation trilatérale, les trois dirigeants ont décidé de tenir une réunion tripartite maghrébine, tous les trois mois, dont la première a été fixée pour l’après-Ramadhan en Tunisie. 


«Parler d’une seule voix»

Ce nouveau cadre de concertation a été initié par l’Algérie dans le but de combler le vide laissé par la paralysie de l’Union du Maghreb arabe (UMA), une des huit communautés régionales sur lesquelles est bâtie l’Union africaine. 

Cette tripartite maghrébine vise à créer une nouvelle dynamique régionale. C’est ce qu’a d’ailleurs affirmé le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lors de son entrevue périodique avec les représentants des médias nationaux le 30 mars. «Notre démarche est motivée par le vide existant actuellement au niveau région. Même les autres pays africains nous le reprochent. Il y a l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique de l’Est, etc. Mais il n’y a pas de bloc nord-africain. 

Alors, nous avons décidé de nous rencontrer pour coordonner et parler d’une seule voix», avait-il expliqué, tout en précisant que cette initiative avait pour objectif de former un ensemble régional qui permettrait de coordonner les efforts en vue d’«unifier la voix» des pays membres sur de nombreuses questions internationales. 

Le président Tebboune avait rassuré que cette démarche n’était dirigée «contre aucun autre Etat» et que «la porte était ouverte aux pays de la région» qui voudraient y adhérer. «Nos voisins de l’Ouest ont fait d’autres choix sans nous consulter», avait-il relevé, allusion faite au Maroc qui œuvre depuis un moment à intégrer la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et le Conseil de coopération du Golfe (CCG). 

Le président Tebboune avait rappelé dans ce sillage les excellentes relations qu’entretient l’Algérie avec la Tunisie, la Libye et la Mauritanie qui pourrait également rejoindre bientôt ce cadre de concertation. Il faut relever dans ce sillage que le président de la République avait informé son homologue mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, de la teneur de la réunion qu’il a eue avec ses homologues tunisien et libyen en marge du 7e sommet du GECF d’Alger. Historiques et très solides, les relations algéro-mauritaniennes se sont beaucoup renforcées au cours de ces dernières années, grâce à la nouvelle dynamique que leur ont insufflée les présidents Tebboune et El Ghazouani.

Relancer l’ensemble maghrébin

L’Algérie, qui ne ménage aucun effort pour renforcer l’intégration économique africaine, s’emploie ainsi à créer de nouveaux espaces qui permettront une réelle intégration économique maghrébine à même de pallier la mort clinique de l’UMA. Créée le 17 février 1989, l’UMA n’a toujours pas parachevé la mise en place de ses structures ni l’adoption des 36 conventions maghrébines traitant de divers secteurs. 

Le dernier sommet des chefs des cinq Etats membres s’est tenu en avril 1994 à Tunis. Si la construction de l’UMA n’a pas abouti, c’est tout simplement parce que le Maroc en a décidé ainsi. Le makhzen a conditionné la construction maghrébine par la caution des autres membres de cette organisation régionale à sa colonisation du Sahara occidental. Depuis l’annonce du Traité de Marrakech en 1989, le Maroc ne cesse, en effet, de tenter de faire du conflit du Sahara occidental une affaire maghrébine, voire un problème bilatéral avec l’Algérie. 

Cela alors que le dossier est sur le bureau de la commission de décolonisation des Nations unies depuis près d’un demi-siècle. Pourtant, feu Hassan II avait initialement accepté le principe de découpler le projet de construction maghrébine du conflit du Sahara occidental. 

Derrière cet entêtement, se cache une réelle volonté du Maroc de bloquer l’intégration sous-régionale. Sinon, comment peut-on expliquer que 35 ans après la création de l’UMA, Rabat n’a ratifié que 9 traités contre 29 signés par Alger. 

Aujourd’hui, sous l’impulsion de l’Algérie, les autres pays du Maghreb semblent vouloir trouver une alternative à cette organisation moribonde afin de pouvoir avancer ensemble pour relever les défis à la fois sécuritaires et économiques auxquels ils sont confrontés.
 

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