Le plaisir de lire en Algérie

11/11/2024 mis à jour: 04:32
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Le Salon international du livre (SILA), qui se tient actuellement à Alger, est une occasion pour nous rappeler la nécessité vitale de développer une politique d’incitation à la lecture. 

Les Algériens sont-ils nombreux à lire des livres ? Il est difficile de répondre avec précision à cette question, vu la rareté d’études récentes sur les pratiques de lecture en Algérie. Une étude réalisée, en 2013, sur les pratiques de lecture chez les étudiants de langue française dans huit universités,  M’sila, Tizi Ouzou, Tiaret, Saïda, Sidi Bel Abbès, Relizane, Djelfa et Mostaganem, a conclu à «une pratique de lecture assez faible». 

Ce sondage a été réalisé sous la direction du défunt Hadj Miliani, brillant enseignant de l’université de Mostaganem et ancien talentueux chercheur au CRASC d’Oran. La lecture assidue de livres a été davantage mise en difficulté par l’avènement du numérique. La concurrence des loisirs numériques, tels que les divertissements et les réseaux sociaux, est là pour nous détourner de la lecture. 

Malgré ces défis, l’ère numérique offre aussi des opportunités pour la lecture. L’accessibilité des livres électroniques a permis à des millions de personnes dans le monde d’avoir accès à la littérature. Des initiatives ont été prises, ces dernières années, au niveau institutionnel en Algérie, pour encourager la lecture de livres, à l’image de l’organisation de foires du livre à travers les wilayas, la mise en place du Centre national du livre et la création d’annexes de la Bibliothèque nationale algérienne dans 14 wilayas. 

Cependant, l’impact de ces mesures reste à évaluer. Pour promouvoir la lecture de livres en Algérie, plusieurs mesures d’incitation pourraient être envisagées. La première mesure est d’abord l’allégement des programmes scolaires pour laisser un peu de place et d’énergie aux élèves pour lire des livres en dehors des manuels scolaires. Nos enfants ont besoin de moins de devoirs à accomplir et d’évaluations à subir ; ils souhaitent plutôt avoir des lieux d’accueil et des espaces de liberté suffisamment attrayants pour que chaque enfant puisse, à son rythme et à sa manière, explorer, imaginer et rêver autour des livres. 

Le ministère de l’Education nationale peut aussi intégrer l’exigence de lecture de livres extrascolaires dans les programmes officiels, comme la lecture d’un certain nombre d’ouvrages par an. L’enfant qui se forge une représentation favorable du livre a plus de chances de se familiariser plus facilement avec l’art subtil et complexe de la lecture.

 Il suffit de répondre à la volonté d’éveiller et de nourrir la curiosité et l’envie des enfants autour des livres et du monde de l’écrit. Il est aussi primordial d’augmenter le nombre d’annexes de la Bibliothèque nationale et de bibliothèques publiques et la multiplication des campagnes visant à sensibiliser les jeunes à l’importance de la lecture et promouvoir les événements littéraires, tels que les Salons du livre et les foires pour stimuler l’intérêt et la vente de livres. 

De leur côté, les collectivités locales sont appelées à construire des bibliothèques dans chaque commune, dans les villages et les quartiers les plus défavorisés. Enfin, nos villes gagneraient surtout à prendre exemple d’Alexandrie, Beyrouth, Conakry et Accra qui ont été récemment désignées «Capitales mondiales du livre» par l’Unesco.

Le mérite de ces villes est qu’elles ont initié de vastes et pertinents projets de promotion de la lecture en favorisant des rencontres ludiques et plaisantes avec les livres, et en suscitant l’émergence de la passion à découvrir les livres et ont su créer et entretenir le plaisir de lire.  

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