Le ministre de l’agriculture évoque des ajustements dans les filières stratégiques : L’amendement de la politique agricole en marche

16/05/2022 mis à jour: 06:25
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Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni

Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni, a insisté hier sur l’urgence de changer la politique de production nationale. Une démarche imposée, selon le ministre, qui intervenait à l’ouverture de la rencontre nationale des cadres du secteur des 58 wilayas, par la situation de guerre qui prévaut actuellement en mer Noire. 
 

Des changements sont donc au menu du secteur en ce qui concerne le plan à adopter pour assurer la sécurité alimentaire du pays en ces temps de flambée des prix des matières premières sur le marché mondial. 
 

«Le contexte actuel à travers la crise des céréales et des oléagineux n’est qu’un indicateur qui nous pousse vers le changement et qui nous incite à compter sur nos capacités nationales et nos compétences pour augmenter les volumes de production et réduire les importations», a souligné le ministre dans son discours à l’occasion de cette réunion d’évaluation. 

Une réunion qui a permis aux représentants du secteur de faire le point sur tout ce qui a été fait jusqu’à présent et de mettre l’accent sur les défis à relever, notamment dans les cultures stratégiques, comme les huiles, les céréales et le lait, où des ajustements sont attendus, alors que le recensement des superficies agricoles destinées à ces cultures à l’échelle nationale débutera prochainement pour avoir une base de données claire à ce sujet. 

Ce qui facilitera l’identification de l’offre nationale par rapport aux besoins. C’est le cas dans la filière des oléagineux qui se prépare à se tourner vers le tournesol, après que la culture du colza a déjà commencé à faire partie du programme du ministère allant de 2021 jusqu’à 2024. Les difficultés et insuffisances constatées dans le programme de production de colza au niveau des wilayas de l’est du pays, et qui ont poussé le MADR à dépêcher une commission d’enquête à cet effet sur les lieux, pourraient expliquer ce changement de cap, même si le ministre ne l’a pas dit clairement. Mais, ce qui est certain, c’est que de nouvelles orientations seront mises en œuvre et une nouvelle feuille de route n’est pas à écarter. 
 

Le ministre l’a bien mentionné samedi dernier devant l’Union nationale des paysans algériens (UNPA). Le secteur se dirige vers «l’amendement des politiques publiques pour le développement des filières agricoles de large consommation et l’adoption d’une nouvelle approche qui facilitera la modernisation du secteur, l’amélioration des rendements agricoles et la conception d’une vision rationnelle qui prend en compte le véritable potentiel du pays».
 

Optimiser la collecte des céréales
 

En attendant, la priorité actuellement est à la réussite de la campagne moisson-battage qui a déjà démarré au Sud. Il s’agit surtout d’optimiser la collecte des céréales pour sécuriser les stocks et éviter toute éventuelle rupture d’approvisionnement au cours de la période à venir. Et ce, à la lumière de la crise ukrainienne à l’origine de la perturbation de la production et des exportations. 
 

Les directeurs des services agricoles ont reçu des orientations pour faciliter justement la collecte, via les commissions installées à cet effet en assurant les conditions adéquates tant aux agriculteurs qu’au niveau des points de collecte des coopératives des céréales et des légumes secs (CCLS). Faut-il rappeler dans ce sillage que les statistiques de la saison 2020-2021 révèlent un déficit en matière de quantités collectées. 

Les quantités de céréales collectées au niveau de l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) ont en effet atteint 13 millions de quintaux (q) de blé tendre et dur durant la saison 2020-2021. Et ce, avec une quantité de 135 000 q d’orge collectée pour des besoins qui dépassent 8 millions de quintaux. Ce qui a eu pour effet l’apparition de la spéculation dans la production du son et sa mise à disposition pour les éleveurs. 
 

C’est cette situation que le ministre cherche à éviter en cette période de crise. Autant alors travailler, selon lui, pour ramasser le maximum de production. Une collecte qui se situerait cette année entre 27 et 30 millions de quintaux et qui permettrait à l’Algérie de réduire ses importations céréalières de 25%, sachant que la superficie totale ensemencée en céréales au cours de cette saison est de 2 900 000 ha, dont 54% en blé dur, 29% en orge, 14% en blé tendre et 3% en avoine.
 

Parallèlement, les capacités de stockage ont été portées à 44,5 millions de quintaux, avec des points supplémentaires.
 

L’autre dossier sur lequel s’est penchée la réunion d’hier porte sur la prévention des feux de forêt. A l’approche de la saison des grandes chaleurs propice aux incendies ravageurs, le ministre a appelé au renforcement de la Commission nationale chargée de la protection des forêts et à faire participer toutes les parties prenantes, notamment la société de civile, pour lutter contre les incendies et protéger le patrimoine forestier. Il s’agit surtout d’éviter le scénario de l’été dernier.

 

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