Le FMI prévoit une croissance mondiale incertaine : Risque inflationniste élevé en raison des politiques protectionnistes

20/01/2025 mis à jour: 23:56
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Photo : D. R.

Dans ses nouvelles perspectives sur l’économie mondiale pour l’année 2025, le Fond monétaire international (FMI) prévoit une croissance à 3,3% (elle restera la même en 2026), soit un niveau inférieur à sa moyenne historique de 3,7% sur la période 2000/2019.

L’inflation globale devrait quant à elle ralentir à 4,2% en 2025, puis à 3,5% en 2026, ceci alors que «le solde des risques pesant sur la croissance à moyen terme penche vers un scénario défavorable, tandis que les perspectives à court terme se caractérisent par des risques hétérogènes».

Selon le nouveau rapport du FMI, des facteurs d’amélioration pourraient stimuler l’économie américaine notamment la croissance à court terme, alors que dans les autres pays, les perspectives risquent d’être révisées à la baisse dans un contexte de forte incertitude sur le plan des politiques économiques.

«Les perturbations du processus de désinflation entraînées par l’action des pouvoirs publics pourraient mettre un frein au changement de cap vers un assouplissement de la politique monétaire, ce qui aurait des répercussions pour la viabilité des finances publiques et la stabilité financière», indique le rapport en suggérant aux pouvoirs publics de s’attacher, entre autres mesures,  à équilibrer les arbitrages entre inflation et activité réelle.

Des foyers d’inflation élevée persistent dans certains pays émergents et en développement, ainsi qu’en Europe et en Amérique latine. Une situation qui poussera les banques centrales à rester attentives aux indicateurs de l’activité économique et du marché de l’emploi, ainsi qu’aux fluctuations des taux de change. Le FMI table par ailleurs sur une baisse de 2,6% des prix des produits de base en raison de la baisse des cours du pétrole justifiée par une baisse de la demande chinoise et l’augmentation de l’offre de pétrole des pays membres de l’OPEP+.

Mais cette baisse sera compensée par une hausse des prix du gaz stimulée par des températures inférieures aux prévisions et des perturbations des approvisionnements liées aux conflits au Moyen-Orient et l’arrêt de production de certains gisements de gaz.

Par ailleurs, les prix de produits de base hors combustibles, devraient augmenter de 2,5% en 2025 en raison de la révision à la hausse des prix des produits alimentaires et des boissons suite aux mauvaises conditions météorologiques affectant les grands producteurs. Les taux directeurs des banques centrales continueront à cet effet de baisser mais à des rythmes différents en fonction des  conditions financières de chaque pays. Cependant, tous ces indicateurs restent soumis à l’évolution de la situation géopolitique et des différends commerciaux entre les pays.

Se conformer aux règles de l’OMC

Sur le plan des échanges commerciaux, le FMI alerte sur l’incertitude entourant les politiques commerciales qui entretiennent la morosité des investissements. «Une intensification des mesures protectionnistes, par exemple sous la forme d’une nouvelle vague de droits de douane, pourrait exacerber les tensions commerciales, diminuer les investissements, réduire l’efficience des marchés, entraver les flux commerciaux et perturber de nouveau les chaînes d’approvisionnement», avertit le FMI.

La croissance pourrait ainsi se retrouver à la peine à court et moyen terme, mais à des degrés différents selon les pays. «En cas de prédominance des effets néfastes des droits de douane et de la réduction de la main-d’œuvre, l’activité économique dans le monde ainsi qu’aux Etats-Unis pourrait subir des retombées négatives à moyen terme», note le rapport en avertissant que les incertitudes sont élevées.

«Les réponses des pouvoirs publics face aux actions prises par d’autres pays pourraient se manifester par notamment une escalade des représailles tarifaires…» ce qui devrait orienter les dynamiques de l’inflation dans des directions opposées. «L’ampleur de l’effet inflationniste des droits de douane est particulièrement incertaine…», précise la même source en prévoyant une accélération de l’inflation plus élevée cette fois-ci par rapport aux précédents épisodes de différends commerciaux.

Une aggravation des conflits au Moyen-Orient et en Ukraine impliquerait, également, des conséquences directes sur les routes commerciales ainsi que sur les prix des denrées alimentaires. «Les pays importateurs de produits de base pourraient être particulièrement touchés, puisqu’ils subiraient les répercussions stagflationnistes de l’augmentation des prix des produits de base, exacerbées par la hausse du dollar.»

Le FMI estime que les politiques commerciales «qui doivent être conformes au cadre juridique de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) doivent également être claires et transparente, afin de réduire l’incertitude, de diminuer la volatilité sur les marchés et d’atténuer les distorsions». 


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