Le directeur général de la bourse d’Alger Yazid Benmouhoub à partir de Constantine : «L’Algérie compte 12 000 entreprises remplissant les conditions d’entrée en Bourse»

18/01/2022 mis à jour: 12:30
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L’absence de culture boursière et la structure des entreprises privées expliquent pourquoi peu de sociétés sont cotées en Bourse / Photo : D. R.

Malgré toutes les opportunités offertes au même titre que les Bourses au niveau international, et surtout les avantages fiscaux, la Bourse d’Alger reste toujours boudée par les sociétés algériennes.

En dépit des avantages offerts et de son rôle primordial dans l’émergence de l’économie nationale, la Bourse d’Alger demeure moins populaire aux yeux des hommes d’affaires algériens. Invité hier à animer une conférence à l’Ecole supérieure de comptabilité et de finances de Constantine (ESCF), le directeur général de la Société de gestion de la Bourse des valeurs - Bourse d’Alger, Yazid Benmouhoub, n’a pas manqué de mettre en exergue les avantages, surtout fiscaux, qu’offre cette institution financière en comparaison avec d’autres très connues à l’échelle internationale.

«Non seulement on offre les mêmes opportunités au même titre que les Bourses au niveau international, mais celle d’Alger a une particularité qui fait partie de la stratégie des pouvoirs publics pour développer le marché. Il s’agit d’accorder des avantages fiscaux aux sociétés cotées dans la loi de finances de 2015, qui donne des réductions de l’impôt sur les bénéfices des sociétés (IBS) sur une période de 5 ans ; mais aussi aux actionnaires qui souhaitent placer leur argent dans l’investissement financier», a-t-il déclaré en réponse aux questions d’El Watan en marge de la rencontre, soulignant que des exonérations sont accordées à ces actionnaires.

Ceci dit, une personne physique ne paiera aucun impôt sur les intérêts et les perçus, ou encore moins sur les plus-values. Notre interlocuteur affirme que cette mesure est également valable pour les entreprises qui seraient en excédant aux trésoreries en voulant placer leur argent. En comparaison avec d’autres Bourses, à l’instar de celle de la Tunisie ou du Maroc, celle d’Alger se perçoit comme la plus intéressante sur ce placement.

M. Benmouhoub explique que dans le droit commun et à partir de 2022, les entreprises doivent payer 5% d’IBS au titre de placement des dividendes perçus en dehors du marché. Par contre, si la société concernée place la même somme au niveau de la Bourse, elle ne paiera aucun centime. Malgré tous ces avantages qui attisent l’appétit, la Bourse demeure boudée par les investisseurs et n’a que 5 sociétés cotées, dont deux du secteur public et trois privées, avec une capitalisation de 44,9 milliards de dinars.

60% de l’argent circule dans l’informel

Plusieurs causes ont été avancées, notamment l’absence de la culture boursière, la structure des entreprises privées, dont beaucoup sont familiales. Donc, les investisseurs ont peur d’ouvrir le capital et se le partager avec des personnes étrangères. La transparence et l’obligation de la diffusion de l’information est un véritable frein. En termes de chiffres, il y a un manque de profondeur sur le marché, parce que sur 1,2 million de PME annoncées par le ministère de l’Industrie, 99% sont des TPE (toutes petites entreprises).

Elles ne remplissent pas les conditions de l’introduction en Bourse. A cela s’ajoute l’informel, qui n’est pas uniquement un fardeau pour la Bourse, mais pour toute l’économie nationale. Un chiffre communiqué fait état de 60% de l’argent qui circule dans l’informel.

«Le président de la République a donné un chiffre de 90 milliards de dollars. Le but est d’essayer de capter cet argent à travers l’inclusion financière, surtout les produits boursiers. Il faut aussi réfléchir à lancer des ‘‘Green Bonds’’, ce qu’on appelle des obligations vertes. Parce que l’Algérie aujourd’hui s’oriente sur les énergies renouvelables, le développement de l’énergie solaire et électrique. Donc, il faudrait lancer des projets financés par la Bourse», a indiqué notre interlocuteur.

Par ailleurs, l’information sur l’efficacité de l’écosystème a été également avancée. Beaucoup de choses manquent encore pour l’émergence du secteur. L’invité a soulevé l’absence d’analystes du marché financier pour éclairer l’investisseur et les entreprises. «Nous n’avons pas les organismes de placement en capitaux variables OPCVM et Sicav.

La réglementation existe depuis 2006, mais nous n’avons pas d’OPCVM créés. La loi de finances 2022 a introduit des dispositions nouvelles pour redynamiser cette partie. Cela fait partie des énormes efforts déployés par les pouvoirs publics pour redynamiser la Bourse d’Alger», a-t-il dit, insistant à introduire des entreprises viables, comme Mobilis, Djezzy et Ooredoo, qui est cotée à l’étranger. Sachant aussi que l’Algérie compte 12 000 entreprises SPA, qui remplissent les conditions d’entrée en Bourse.

De nouveaux projets à la Bourse d’Alger

Dans le contexte de la création d’un écosystème de start-up, Yazid Benmouhoub a estimé que notre pays est doté d’un «socle» important dans ce sens, qui se perçoit dans la création d’un ministère délégué chargé des start-up et du Fonds acté en octobre 2020 et le label start-up.

Selon ses dires, pratiquement toutes les start-up labélisées sont automatiquement orientées vers le Fonds et l’Etat a pris des parts dans leur capital pour les financer.

Il a avancé le chiffre d’une soixantaine de projets fiancés par ce Fonds. «Nous essayons de travailler avec ce Fonds pour capter ces start-up, pour que les plus prometteuses d’entre elles entrent en Bourse. Mais pour cela, nous envisageons de créer un marché dédié à la start-up, en associant le ministère délégué, la Commission d’organisation et de surveillance des opérations de Bourse (Cosob) et tous les intermédiaires. Le projet est finalisé et transmis aux autorités pour validation», a-t-il noté. Et de poursuivre que le deuxième projet entre dans le cadre du développement de la finance islamique en Algérie.

«En 2021, le ministère des Finances a autorisé aux sociétés d’assurance de fournir des produits islamiques, par conséquent, il devient nécessaire d’avoir un marché conforme à la charia. Et de créer des ‘‘sukuk’’ à la Bourse d’Alger. Le projet a été finalisé et transmis aux autorités, dont le ministère des Finances et le Haut Conseil islamique. Nous attendons la publication des textes réglementaires, car il est question de la modification du code de commerce», a-t-il conclu.

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