Un cyclone d’une rare force a causé la mort de plusieurs centaines de personnes à Derna, El Marj et plusieurs autres villes de l’Est libyen. Les secouristes semblent dépassés par l’ampleur de la catastrophe, d’après des images filmées par des habitants de la région qui circulent sur les réseaux sociaux et montrent un paysage apocalyptique.
Le cyclone Daniel est passé du 4 au 7 septembre au nord-est de la Méditerranée, la Grèce, la Turquie et la Bulgarie. Elle a frappé la côte libyenne, notamment les villes de Derna et Al Marj, dans la nuit du 10 au 11 septembre. Vingt-six décès et deux disparus ont été enregistrés en Grèce, alors que plus de 2300 décès et 6000 disparus ont été enregistrés dans la seule ville de Derna. La ville voisine de Soussa a été submergée par les eaux. Les villes d’Al Baïdha, Takens, Bayadha et Batta sont encore cernées par les eaux. Les responsables et la Croix-Rouge internationale craignent cependant un bilan beaucoup plus lourd.
Les secours ont mis du temps pour pouvoir entrer à Derna à cause des coulées de boue, résultant de l’effondrement de deux anciens barrages au sud de la ville. Un responsable de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a indiqué hier que les inondations en Libye avaient fait un nombre «énorme» de morts qui pourraient se compter en milliers et 10 000 disparus. «Les besoins humanitaires dépassent largement les capacités du Croissant-Rouge libyen et même les capacités du gouvernement», a indiqué Tamer Ramadan, lors du point de presse régulier de l’ONU à Genève. L’importance des pertes humaines est due à l’aspect rudimentaire de l’infrastructure de la région.
Les ports pétroliers de l’Est libyen, Briga, Raslanouf, Zouitina et Sedra ont été fermés à la navigation suite au passage du cyclone Daniel. Les experts ont assuré que le niveau de l’eau s’était élevé de trois mètres et que le retour des activités à la normale devrait prendre entre 48 et 72 heures.
Le porte-parole du service de secours libyen, Oussama Ali, a indiqué hier au téléphone à El Watan que «les autorités locales n’ont pas étudié profondément les conditions météorologiques, le niveau de la mer, les quantités prévues de pluie, ainsi que la vitesse des vents, pour prendre des mesures préventives comme l’évacuation des localités sur l’axe de la tempête». Il a précisé que «la situation s’est davantage compliquée suite à l’effondrement de deux anciens barrages au sud de Derna, ce qui a dégagé des coulées énormes de boue qui ont emporté, jusqu’à la mer, des quartiers entiers bâtis sur l’ancienne voie d’un fleuve». Oussama Ali a parlé d’un vrai «tsunami créé par l’effondrement des barrages». Il a conclu en regrettant que «les autorités libyennes n’aient pas pris les précautions nécessaires suite au passage de Daniel par la Grèce, la Bulgarie et la Turquie. Elles s’attendaient à une tempête affaiblie suite à sa traversée de la Méditerranée».
La tempête Daniel est un cyclone subtropical méditerranéen qui a été à l’origine de pluies torrentielles dépassant les 800 mm en 24 heures dans les villages grecs de Zagora et Portaria en Thessalie en Grèce. Des dégâts sur les voies ferroviaires et les autoroutes ont été enregistrés. Le 7 septembre, la principale autoroute grecque entre Athènes et Thessalonique a été fermée et la liaison ferroviaire entre les deux villes a été suspendue. En Thessalie, des bâtiments et des ponts ont été démolis et des villages entiers ont été submergés.
Plus de 800 personnes ont dû être secourues. C’est dire l’importance des dégâts sur la rive nord de la Méditerranée, se limitant toutefois essentiellement à l’aspect matériel, par opposition à la rive Sud vers laquelle s’est dirigé le cyclone en traversant. Son impact a été catastrophique sur le nord-est de la Libye, notamment la ville de Derna où plus de 2300 décès et 6000 disparus ont été enregistrés. La tempête Daniel, affaiblie, à traversé ensuite l’Egypte où son impact fut très limité.
Cette catastrophe a eu pour effet de rapprocher les Libyens de l’Est et de l’Ouest, deux régions rivales. Le président du Conseil présidentiel Mohamed El Menfi a déclaré «zone sinistrée» l’Est libyen. Le chef du gouvernement d’Union nationale, Abdelhamid Dbeiba, a ouvert des dotations au profit des municipalités de l’Est et mis à leur disposition tous les équipements dont ils disposent. Les aides son venues également des pays voisins.
Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a téléphoné à Mohamed Younes El Menfi, le président du Conseil présidentiel libyen, et lui a exprimé tout le soutien de l’Algérie et sa disposition à mettre tout son potentiel au service des Libyens. Pour sa part, la Tunisie a exprimé les mêmes prédispositions pour soutenir les frères libyens. De son côté, l’Egypte a installé un pont aérien vers les aéroports de Labrag, Bnina et Toubrouk. La Turquie et le Qatar ont également annoncé des aides pour la Libye.
Le porte-parole du ministère de l’Intérieur du gouvernement de l’Est non reconnu par la communauté internationale, cité par les médias, a affirmé que «plus de 5200» personnes avaient péri à Derna. «Je m’attends à ce que le nombre de morts s’élève à 10 000», a averti lundi soir le ministre de la Santé au sein de ce gouvernement, Othman Abdeljalil, soulignant que de nombreux quartiers étaient toujours
inaccessibles. Les secouristes semblent dépassés par l’ampleur de la catastrophe, d’après des images filmées par des habitants de la région qui circulent sur les réseaux sociaux et montrent un paysage apocalyptique.
L’Algérie envoie en urgence d’importantes aides humanitaires en Libye
L’Algérie a décidé, sur instruction du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, l’envoi en urgence d’importantes aides humanitaires à l’Etat frère de Libye, suite aux pluies torrentielles et aux inondations ayant touché plusieurs villes libyennes, a indiqué, hier, un communiqué de la présidence de la République. «En réponse à la demande d’aide aux régions sinistrées formulée par le président du Conseil présidentiel libyen, Mohamed Younes El Menfi, suite aux pluies torrentielles et aux inondations ayant touché plusieurs villes de l’Etat frère de Libye, l’Algérie décide, sur instruction du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, l’envoi en urgence d’importantes aides humanitaires, constituées de produits alimentaires, de matériel médical, de vêtements et de tentes via un pont aérien de huit avions relevant des Forces aériennes de l’Armée nationale populaire (ANP)», lit-on dans le communiqué. Ces aides, poursuit le communiqué, expriment «l’engagement de l’Algérie, Gouvernement et peuple, en faveur de la solidarité inconditionnelle sans limites avec le peuple libyen frère en vue de l’aider à surmonter cette douloureuse épreuve». (APS)