Le chiffre d’affaires de Sonatrach en hausse de 70% : Une manne inespérée pour le pays

04/07/2022 mis à jour: 00:31
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Photo : H. Lyès

Fin mai 2022, Sonatrach a totalisé 21,5 milliards de dollars de recettes, contre 12,6 milliards de dollars à fin mai 2021, selon le bilan des réalisations du groupe qui table sur plus de 50 milliards de dollars de revenus à fin 2022.

Le contexte favorable du marché pétrolier a permis à la compagnie Sonatrach de booster de 70% son chiffre d’affaires à l’exportation en cinq mois. A fin mai 2022 Sonatrach a totalisé 21,5 milliards de dollars de recettes, contre 12,6 milliards de dollars à fin mai 2021, selon le bilan des réalisations du groupe qui table sur plus de 50 milliards de dollars de revenus à fin 2022.

La production primaire d’hydrocarbures a atteint, quant à elle, 79,2 millions de tonnes équivalents pétrole (TEP) à fin mai 2022, en hausse de 2% par rapport aux réalisations à fin mai 2021, est-il précisé dans le même bilan présenté, hier au siège du groupe Sonatrach, par le directeur Gestion de la performance au sein du groupe, Mohamed Rochdi Boutaleb, en présence du PDG de Sonatrach,

Pour l’année 2021, Sonatrach a réalisé un chiffre d’affaires à l’export de 35,4 milliards de dollars, soit une hausse de 75% par rapport à 2020. «Le chiffre d’affaires a augmenté sous l’effet des prix, à hauteur de 76%, et des volumes à hauteur de 24%», indique Mohamed Rochdi Boutaleb. Cette hausse a été notamment réalisée, dans le sillage de la progression notable des cours du pétrole, avec un prix moyen de 72,3 dollars/baril du Sahara Blend – référence pour le pétrole algérien – en 2021, contre 41,9 dollars en 2020.

De plus, le marché gazier, également favorable, a permis l’augmentation des exportations nationales de 54%, par gazoduc et de 13% par voie liquéfiée (GNL), explique le même responsable.

Le montant de la fiscalité pétrolière versée par la compagnie nationale des hydrocarbures a augmenté de 40% par rapport à 2020, atteignant 2601 milliards de dinars en 2021. En outre, Sonatrach a consenti un montant de 4,4 milliards de dollars pour l’exploration-production, en 2021, sur son budget global d’investissement s’élevant à 5,1 milliards de dollars, indique le bilan annuel des réalisations du groupe.

«Les réalisations en matière d’investissements en Algérie durant l’année 2021 ont atteint au total 5,1 milliards de dollars équivalent, dont 62% en dinars. 87% du total des investissements, soit 4,4 milliards de dollars équivalent ont été consentis dans le segment Exploration Production», est-il par ailleurs précisé dans le bilan présenté par les responsables de Sonatrach.

Les agrégats chiffrés de 2021 comportent aussi la production primaire d’hydrocarbures qui a atteint 185,2 millions tonnes équivalents pétrole (TEP), en hausse de 5% par rapport à 2020, constituée de 67% de gaz naturel, de 23% de pétrole brut, 5% de condensât et 5% de GPL.

Augmentation des prix du gaz exporté vers l’Europe, plusieurs accords scellés

Sonatrach a confirmé hier son intention d’augmenter les prix du gaz à ses partenaires, dans le cadre de la révision prévue par les clauses des contrats en vigueur avec ses différents clients européens. Le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, qui animait la conférence de presse bilan de sa compagnie, a ajouté que des accords entre Sonatrach et ses clients dans le domaine gazier seront «prochainement annoncés» pour une révision des prix du gaz exporté par l’Algérie. Le PDG de Sonatrach a souligné en outre que la révision des prix «ne visait pas une seule entreprise ou un seul pays», ajoutant que trois contrats ont déjà été scellés, alors que d’autres sont en cours de révision.

Les négociations sont très avancées afin d’adapter les prix aux conditions actuelles du marché, caractérisé par la flambée des prix sur les marchés internationaux. «Un accord a déjà été trouvé avec trois des partenaires européens, alors que des négociations sont en cours avec les autres. Nous sommes convaincus que nous parviendrons bientôt à des accords pour revoir les prix avec d’autres partenaires», a notamment déclaré aux journalistes Toufik Hakkar, sans nommer – mis à part le groupe italien ENI – les parties avec lesquelles un accord a déjà été conclu.

«En plus de l’accord récemment signé avec le groupe italien ENI, d’autres accords sont en cours de négociation avec deux partenaires, d’autant plus qu’au cours du dernier trimestre, les prix du gaz ont augmenté sur le marché spot», a-t-il précisé. Il est à savoir que Sonatrach est engagé dans différents contrats avec plusieurs partenaires européens, tels que l’italien Eni, les espagols Cepsa et Endesa, Galp au Portugal, et Engie en France

Selon une information Reuters répercutée, il y a quelques jours, «Sonatrach, qui négocie des moyens de bénéficier d’importantes hausses du prix mondial du gaz dans ses contrats à long terme avec des acheteurs européens, envisage plusieurs options, y compris un lien partiel avec les prix du gaz au comptant dans des contrats qui ont toujours été indéxés jusqu’à présent sur le prix du brut Brent». Reuters estime que «le rôle de l’Algérie en tant que fournisseur de gaz pour l’Italie, l’Espagne et d’autres pays d’Europe du Sud a pris une importance accrue en raison du conflit en Ukraine et de l’imposition par l’Europe de sanctions contre Moscou».

L’Algérie qui est très sollicitée par plusieurs pays européens pour la fourniture de gaz, a annoncé une importante découverte de gaz et condensât dans le périmètre de Hassi R’mel, dont la première production démarrera dès le mois de septembre prochain, selon Toufik Hakkar, grâce aux installations existantes, avec un volume attendu de plus de 10 millions de mètres cubes par jour.

Les nouvelles potentialités annoncées par Sonatrach lui confèrent un rôle important en tant que producteur gazier dans un contexte de forte demande en Europe en conflit avec la Russie pourvoyeur à hauteur de 40% du gaz consommé par le vieux continent. Toufik Hakkar a souligné, hier, la forte demande de gaz algérien, par de nouveaux partenaires, citant notamment des demandes des pays d’Europe de l’Est qui «sont actuellement à l’étude».

A une question sur l’éventuel détournement de gaz algérien vers un autre pays par des partenaires – en référence à l’envoi par l’Espagne de gaz au Maroc depuis le 29 juin –,Toufik Hakkar a déclaré : «En aucun cas il n’y a eu revente de gaz algérien à l’heure actuelle. Il y a des textes dans nos contrats de fourniture de gaz qui nécessitent l’accord préalable de Sonatrach avant l’éventuelle revente de gaz à d’autres clients. Si ces textes ne sont pas respectés, il y a des procédures prévues.»

 

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