Le burnous algérien, un habit tissé depuis plusieurs générations à travers certaines régions du pays, souvent par les femmes pour habiller les hommes, est un habit traditionnel chargé de symboles qu’il faut préserver et promouvoir, ont souligné les participants au 5e festival du burnous de Halli Ali, dans la commune d’Assi Youcef, au sud-ouest de Tizi Ouzou.
Abrité par l’école primaire d’Ath Hidja, l’événement a été l’occasion pour les organisateurs et les participants de réitérer l’importance de sauvegarder ce patrimoine national et de le promouvoir, le burnous n’étant pas un simple habit qu’on porte pour se couvrir et se protéger du froid, notamment dans les régions montagneuses et les Hauts-Plateaux où l’hiver est rigoureux, vu qu’il véhicule tout un savoir-vivre et un savoir-faire artisanal ancestral. Les membres de l’association culturelle Amlouline, qui organise depuis vendredi le festival, ont rappelé que l’événement vise à promouvoir le burnous qui revient au goût du jour, puisque de plus en plus de jeunes le portent, notamment à l’université et lors d’événements familiaux ou de rendez-vous culturels et autres occasions à travers tout le territoire national.
Le chercheur et écrivain Djamel Laceb, qui a animé une conférence sur le burnous, au premier jour de cette manifestation qui se poursuivra jusqu’à demain, a particulièrement insisté sur l’importance de préserver ce patrimoine de l’imitation. Il a appelé à acheter le burnous algérien auprès des artisanes, une manière d’encourager ces dernières et de préserver le métier. «Il faut préserver ce patrimoine particulièrement en raison de toute la charge symbolique, identitaire et historique qu’il véhicule», a-t-il dit, ajoutant que «la différence entre le burnous imité et celui authentique algérien est que ce dernier porte une partie de l’âme de celle qui l’a tissé».
Il a rappelé qu’«en Kabylie, on dit que le burnous à 99 âmes, car il porte en lui les chants et les soupirs de la femme qui l’a tissé, ses complaintes, sa sueur et la lumière de ses yeux». Aussi, a-t-il ajouté, il faut «savoir promouvoir nos produits et les valoriser». La manifestation, organisée en partenariat avec le mouvement associatif local, la commune d’Assi Youcef, les directions de la culture et du tourisme, l’assemblée populaire de wilaya et d’autres partenaires, a été l’occasion de rencontrer les tisseuses du burnous de la wilaya de Tizi Ouzou. Elles ont expliqué que cet habit est tissé à partir de laine de mouton ou de chèvre, ce qui lui donne sa couleur blanche, offrant aux hôtes du festival une démonstration des étapes de production, du travail de la laine jusqu’au tissage.
Les visiteurs ont aussi eu l’occasion de s’imprégner de la richesse du patrimoine culturel et artisanal algérien, grâce à la participation d’artisans d’autres wilayas, dont Ghardaïa, Bouira, M’sila et la wilaya déléguée de Boussaâda, et de découvrir les burnous produits dans ces régions, qui sont souvent de couleur brune étant tissés à base de poils de dromadaires. Et parmi ces visiteurs, l’ambassadeur du Vietnam en Algérie qui, accompagné de sa famille, s’est déplacé à Assi Youcef pour découvrir de près le burnous algérien, le festival étant, a-t-il dit, «un espace de rencontre et d’échange, mais aussi une occasion pour le touriste de découvrir la région qui a une riche tradition culturelle».
Tout au long du festival, une exposition permanente de burnous et autres habits traditionnels et produits de l’artisanat ainsi que des démonstrations de tissage du burnous et des conférences-débats sont prévues, selon le programme concocté par l’association Amlouline.