Le 3e Festival national de la Cnefa a eu lieu à Beni Abbès : Escapade poétique dans le désert

15/01/2022 mis à jour: 03:05
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«Chaque année, les professeurs de la Cnefa font participer leurs élèves au concours Europoésie Unicef et les résultats sont remarquables» / Photo : D. R.

«La poésie nous rassemble» est le thème de cette manifestation culturelle qui a regroupé des participants venus des quatre coins du pays.

La troisième édition du Festival national de la poésie organisé, du 22 au 26 décembre 2021, par la Cnefa (Coordination nationale des enseignants de français d’Algérie), à Beni Abbès, au sud-ouest du pays, a certainement laissé une bonne impression aussi bien chez les participants que chez la population locale.

La manifestation est placée sous le signe «La poésie nous rassemble». Ce thème concorde ainsi amplement avec l’événement qui a bien évidemment regroupé les adhérents de la Cnefa venus des quatre coins d’Algérie pour se retrouver dans une ambiance festive tant cet art du langage fait voyager. 

L’ouverture du festival a eu lieu au niveau de la salle de spectacles de l’hôtel Rym avec, à la clé, les allocutions des responsables de la Cnefa, en l’occurrence le président, Mohand Outahar et la secrétaire générale de ladite structure, Fatiha Bousmaha, qui ont mis l’accent sur l’objectif de cette rencontre qui vise, selon eux, à donner une opportunité aux poètes en herbe d’étaler leur talent dans une atmosphère de convivialité. 

Le président du festival euro-poésie, Joel Conte, a envoyé un message d’encouragement aux organisateurs. Il a mis en relief les liens que son association entretient avec la CNEF depuis de nombreuses années. 

«Chaque année, les professeurs de la Cnefa font participer leurs élèves au concours Europoésie Unicef et les résultats sont remarquables. L’anthologie réalisée et remise à chaque participant de la jeunesse algérienne met en évidence cette émulation et l’apport de l’écriture poétique dans l’étude d’une langue, le français en l’occurrence. Je me réjouis d’être le partenaire du festival et c’est un honneur d’être associé à un tel événement», écrit-il avant que le chanteur Hamidou ne passe, lui aussi, à son tour, pour exprimer son soutien et d’agrémenter d’une chanson envoûtante le public du festival qui a mis en compétition des élèves, des étudiants et des enseignants. 

Ces derniers ont déclamé des poèmes en avalanche ou en vers libres, mais surtout enveloppés dans une infinie d’images, d’états et de sensation. Le jury du festival composé d’Idir Bellali, artiste et sociologue de formation, Ahcène Mariche, poète, auteur et animateur d’émissions TV ainsi que Mme Bouskine, enseignante, a arrêté les critères de sélection qui s’articulent, entre autres, sur l’originalité du sujet, la déclamation, l’expression et la gestuelle. 

L’assistance a ainsi écouté, avec beaucoup d’attention, les productions des participants, dont Vénus de mon temps de Selma Beldjoudi, enseignante de didactique à l’université de Skikda, Vivre de Hanna Ben Aliouat, Toutes les lumières de Sid Ali Guedouah (universitaire), La vie de Lyza Idirene (doctorant en linguistique et enseignante à l’école des techniques hôtelières), La vie est déjà poésie de Mordjane Hamlaoui, enseignante. 

Le passage des poètes est marqué par des intervalles, histoire de permettre aux autres artistes de présenter des travaux réalisés afin de meubler le programme de cette journée. Akacha Taibi a livré au regard du public ses créations artistiques qui consistent en des images en peinture préparées pour un recueil de poésie en chantier. 

L’ambiance était bon enfant dans la salle avec des récitals poétiques qui donnent des frissons tant la teneur des vers se fait sentir comme une luminosité persistante se dégageant doucement d’un paravent de nuages. 

Les résultats proclamés après des moments de grand suspens étant donné tous ces beaux poèmes se valent comme l’a laissé entendre l’assistance mais le dernier mot revient aux membres du jury. 

Le premier prix du Festival est revenu à Assia Khorsi (enseignante) tandis que le deuxième a été décroché par Maya Zerouk (étudiante) alors que le troisième a été attribué à Lina Taright (étudiante). 

«Je suis très heureuse de décrocher cette distinction. J’aime bien la poésie. Je tiens à remercier les organisateurs de cette compétition qui nous a réunis ici, dans cette région du Sud», a déclaré Mme Khorsi, qui a ajouté qu’en écoutant les participants déclamer leurs vers, nous avons découvert qu’il y a vraiment des personnes qui ont des aptitudes avérées dans la poésie à l’école primaire, au collège, au lycée et à l’université. 

C’est un signe qui augure de belles choses surtout avec ce genre de rencontres qui permettent de dénicher des artistes en herbe, a-t-elle estimé avant d’être chaleureusement acclamée par le public. Après la remise des prix aux lauréats, le festival continue ces activités annexes, notamment avec la magnifique soirée musicale dans une grande kheïma où les troupes locales ont donné le ton à des moments festifs. 

Des artistes ont passé en revue le répertoire du groupe berbère Tinariwen comme Salamou et d’autres chansons Planantes avec des harmonies de voix vibrantes. Vraiment des chants anciens à couper le souffle. L’un des musiciens s’appelle Abdellah. Il est originaire de Timimoun mais il habite à Béni Abbès depuis son enfance. «Nekini Sawalagh tamazight (Moi, je parle tamazight)», nous dit-il. 

«Je suis déjà venu en Kabylie dans le cadre d’un échange culturel avec la direction de la culture de Tizi Ouzou. Notre groupe a même chanté dans un gala à Ighil Bouamas, village de Lounis Aït Menguellet. Notre pays a une diversité immense. La région de Beni Abbès révèle le secret d’une culture ancestrale où s’entremêlent, danses, rîtes, légendes coutumes, traditions et chants», nous ajoute-t-il. 

Notre interlocuteur nous parle aussi de l’hospitalité des gens de cette localité récemment érigée au rang de wilaya où la population souhaite que ce nouveau statut permettra la création de projets en mesure d’alléger les souffrances des citoyens. 

Hadj Khelil, un inspecteur de l’éducation à la retraite et qui tient, avec sa famille, deux maisons d’hôte qu’il loue pour des touristes en visite dans la région, nous a expliqué que Beni Abbès nécessite beaucoup de programmes de développement, notamment dans le secteur du tourisme car, elle recèle beaucoup de potentialités. 

«Chaque année, on reçoit des visiteurs, même de l’étranger. C’est un pôle touristique à valoriser aux portes du Sahara, la ville est appelée la Perle de la Saoura » ou l’Oasis blanche. Notre wilaya est créée en 2019 à la faveur du nouveau découpage administratif. Elle compte en son sein environ 45  000 habitants», nous confie-t-il. Le voyage des poètes de la Cnefa se poursuit le lendemain vers le Grand Erg, les palmeraies, la Chapelle de Charles de Foucault et les Ksour dont certains sont encore habités. 

«Le tourisme est le principal secteur économique de la ville. Les gens viennent durant la fête du Mawlid Ennabaoui, à l’occasion du festival musical et autres manifestations culturelles ou lors des rencontres scientifiques des chercheurs qui fréquentent le CRSTRA (Le Centre scientifique et technique sur les régions arides)», nous explique M’hamed, un guide touristique pétri de culture. 

Il fait ce métier depuis plus de 15 ans. Le troisième jour, les festivaliers ont déclamé, chanté et dansé près d’un horizon s’inclinant dune après dune. C’est l’escapade du désert. 

«Difficile à expliquer ce sentiment d’émerveillement qui nous habite quand on vient pour la toute première fois dans ces montagnes de sable à perte de vue », murmure Mokrane Amrani de Boumerdès pour décrire ce paysage de grandes surfaces arides et dénuées de végétation. « Les mythiques dunes du Sahara », laisse-t-il entendre devant Sid Ali, Ramdane, Abdelkader venus respectivement de Laghouat, d’Ain Sefra et de Bouira pour prendre part à la rencontre de la Cnefa. 

«Un poème s’impose dans cet endroit magnifique», lance Ahcène Mariche. Madame Bousmaha veille sur le temps pour ne rater aucune activité prévue dans le programme. Il était déjà 18h. 

Nous quittons les dunes, tout en observant le soleil se coucher. Direction El Marhouma, un lieu où est érigée une tente. Nous avons assisté à un autre spectacle nocturne, dégusté un plat traditionnel local appelé El Mardoum et partagé un thé à la menthe préparé sur un feu de camp. 

Une autre soirée musicale a couronné cette nuit en bivouac dans le désert. De belles rencontres ont marqué le festival organisé par la Cnefa à Beni Abbès. La poésie à fleur de peau dans le Grand Erg…  

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