L’accession de l’opposant Bassirou Diomaye Faye aux premières loges du pouvoir au Sénégal, à l’issue d’un processus électoral des plus accidentés, est indéniablement un événement marquant en Afrique, notamment dans cette partie occidentale aussi riche naturellement qu’instable politiquement.
On sait les turbulences majeures que connaissent le Mali, le Niger et le Burkina Faso, avec ce retour fracassant des militaires au modus vivendi du putsch, et la guerre ouverte qu’y livrent par procuration des entités internationales et régionales.
Que le Sénégal, un pays certes où les pratiques politiques sont beaucoup moins monolithiques et autoritaires, puisse une nouvelle fois se sortir d’une crise institutionnelle aiguë par la voie d’une élection présidentielle à la régulière, avec en prime un jeune Président élu qui promet un nouvel élan et de nouvelles exigences au pays, est en soi un fait qui redonne espoir aux démocrates du pourtour africain.
L’année 2024 s’annonce comme celle qui doit voir se dérouler des élections importantes à l’échelle des enjeux nationaux. Elles seront déterminantes parfois au-delà des frontières, avec des retombées stratégiques inévitables sur les relations internationales.
Près de la moitié de la population mondiale ayant l’âge de voter, dans plus de 75 nations dans le monde (dont les huit les plus peuplées de la planète), représente ce fabuleux corps électoral concerné cette année par des scrutins, soit 4 milliards de personnes, estiment les spécialistes qui notent que l’on enregistre là un record statistique absolu.
Une partie a déjà commencé à être convoquée pour des rendez-vous électoraux depuis janvier dernier, dont les citoyens qui viennent d’élire Bassirou Diomaye Faye au Sénégal et Vladimir Poutine à la tête de la Fédération de Russie. Bien avant, le 13 janvier, l'île de Taïwan, vigoureusement réclamée par la Chine, avait élu William Lai comme président, renouvelant ainsi sa préférence pour un détachement définitif de l’emprise de Pékin.
A des niveaux différents bien entendu, ces trois élections sont à elles seules un exemple de ce que peuvent être ces scrutins à forte charge politique nationale avec onde de choc plus ou moins étendue à l’étranger.
Le monde entier regarde à ce titre vers les Etats-Unis où se décidera le nom du futur locataire de la Maison-Blanche, le 5 novembre prochain. L’issue du duel entre Joe Biden, le président sortant, et le tonitruant Donald Trump ne pèsera pas seulement sur la vie politique dans le pays mais aussi sur l’orientation des relations internationales, voire des équilibres géopolitiques et sécuritaires.
La situation au Moyen-Orient, déjà explosive, pourrait connaître une évolution encore plus critique, alors que l’Europe, engagée dans une guerre de plus en plus incertaine face à la Russie sur son flanc est, prie tous ses dieux que Donald Trump soit vaincu à la fin de l’année. 400 millions d’électeurs européens sont invités avant cela, début juin prochain, à élire les 720 députés du Parlement continental, avec la menace de plus en plus précise que la vague d’extrême droite, qui perce un peu partout, gagne les travées de l’institution.
L’Inde et son grand défi logistique et sécuritaire de canaliser plus d’un milliard d’électeurs pour des législatives dans quelques semaines, l’Afrique du Sud et son Parlement à renouveler avec la possibilité de voir détrôné, pour la première fois depuis 30 ans, l’ANC de Nelson Mandela, le Venezuela et sa énième présidentielle décisive quant à l’avenir du chavisme, durant le deuxième semestre… sont les autres moments forts qui font le caractère exceptionnel de cette année.