L’ancien SG de l’UGTA a été placé jeudi en détention provisoire à Alger : Abdelmadjid Sidi Saïd rattrapé par la justice

14/05/2022 mis à jour: 03:18
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Abdelmadjid Sidi Saïd, ancien secrétaire général de l’Union générale des travailleurs algériens, est poursuivi pour corruption

L’ancien secrétaire général de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Abdelmadjid Sidi Saïd, un des derniers membres de l’ancien régime de Bouteflika, a fini par être rattrapé par la justice. Il a en effet été placé, jeudi, en détention provisoire par le magistrat instructeur près le tribunal de Sidi M’hamed d’Alger. Accompagné de ses deux fils, Hanafi et Djamil, il a comparu auparavant devant le procureur de la République près le même tribunal qui a transmis son dossier, pour instruction, en recommandant sa mise sous mandat de dépôt. 

C’est ce qu’a appris El Watan de sources judiciaires, ajoutant qu’«il est là pour répondre de plusieurs de ses actes, dont des griefs ayant trait à des affaires de corruption, retenus contre lui et ses deux enfants». Abdelmadjid Sidi Saïd et ses deux fils ont été, avons-nous appris par ailleurs, arrêtés mercredi après-midi à son domicile par les services de sécurité de Saoula, dans la banlieue d’Alger. 

Personnalité controversée, l’ancien secrétaire général de l’UGTA était déjà sous le coup d’une ISTN (Interdiction de sortie du territoire national) avant même qu’il ne soit présenté devant la justice. 

Il était considéré comme l’un des soutiens les plus acharnés de l’ex-président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Il a mis son organisation syndicale au service de l’ancien chef de l’Etat pendant 20 ans. Sous la pression hirakiste contre un régime en phase d’effritement et une large contestation syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd avait cependant été contraint de quitter son poste en 2019. 

Le nom de Abdelamdjid Sidi Saïd est par ailleurs étroitement lié au scandale «Khalifa» qui avait éclaboussé en 2003 plusieurs hauts responsables politiques. 

Cependant, aucun des piliers du régime de Bouteflika impliqués dans l’affaire n’avait été inquiété, malgré la gravité des faits. Ancien président du conseil d’administration (CA) de la Caisse nationale des assurances sociales (Cnas), Abdelmadjid Sidi Saïd a considérablement fragilisé la caisse en question en décidant de placer ses avoirs chez Al Khalifa Bank. Cela à l’insu des autres membres du CA. 

Interrogé en tant que témoin en février 2007, dans le cadre du procès lié à ce scandale, il avait reconnu outrecuidant devant la juge avoir ordonné le placement de l’argent de la CNAS dans la banque privée Khalifa «unilatéralement», usant de sa qualité de président du conseil d’administration (PCA) dont une copie a été transmise à la tutelle. Il avait fini son témoignage par un véhément : «J’assume !» Il était certainement assuré qu’il ne lui arriverait rien.

Dans son livre intitulé Mémoire d’un syndicaliste, l’ancien secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR), Abdelmadjid Azzi, avait apporté de graves révélations sur l’affaire Khalifa. 

Selon ce syndicaliste : «A cause de la grosse arnaque de la banque Khalifa, la CNAS a perdu 10 milliards de dinars, la CNR 12 milliards de dinars, la CNAC 3,1 milliards de dinars et la Casnos 2,4 milliards de dinars.» 

Abdelmadjid Sidi Saïd a été installé en tant que secrétaire général de l’UGTA en 1997 à la suite de l’assassinat de l’ancien secrétaire général Abdelhak Benhamouda, à Alger, par des terroristes. Il a été remplacé par Salim Labatcha le 21 juin 2019 pour une durée de cinq ans. L’UGTA revendique actuellement plus de 3 millions d’adhérents. 

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