L’Algérie et l’Union européenne (UE) s’apprêtent à réviser l’Accord d’association qui les lie depuis deux décennies. La révision de cet accord est rendue nécessaire par une conjoncture géopolitique qui a énormément changé.
L’Algérie a diversifié ses relations économiques, ce qui a produit une compétition entre les grands acteurs internationaux qui souhaitent entretenir des relations économiques privilégiées et mutuellement bénéfiques.
L’UE fait face à la compétitivité accrue de la Chine, de la Russie et d’autres partenaires qui entretiennent des liens économiques de plus en plus intenses avec l’Algérie qui axe désormais sa politique de partenariat sur un rapport d’égal à égal, un respect mutuel des intérêts légitimes de chaque partie, selon une logique d’équité. Les accords économiques devront ainsi être équilibrés.
C’est dans ce contexte qu’intervient ce projet de révision de cet Accord d’association. Pour l’Algérie, il s’agit d’abord de trouver des solutions aux obstacles pour ne pas freiner ses exportations et endiguer le déséquilibre commercial qui est à son désavantage.
Le ministre d'Etat, des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l'étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, a révélé, il y a quelques jours, que les échanges commerciaux entre l'UE et l'Algérie ont atteint 1000 milliards de dollars jusqu'en 2023. Il a également mentionné que les investissements de l'UE en Algérie ne dépassaient pas 13 milliards de dollars, dont 12 milliards s ont été rapatriés sous forme de dividendes durant la période 2005-2023.
Ensuite, l’Algérie souhaite réexaminer les critères fixant les règles d'origine des produits objet des échanges pour faciliter l'accès au marché européen. Nos entreprises plaident pour un assouplissement des règles d'origine et des normes qui entravent leurs exportations vers l'UE. Les entreprises locales aspirent à une protection des industries naissantes en réclamant des mesures pour renforcer leur position face à la concurrence internationale.
Les discussions porteront également sur les normes sanitaires et phytosanitaires qui affectent les exportations algériennes. Au chapitre des investissements, l’Algérie souhaite réévaluer les conditions et encourager les flux de capitaux européens vers le pays. Les entreprises algériennes souhaitent aussi un cadre qui favorise un meilleur accès aux technologies, espérant accéder à de nouveaux savoir-faire pour améliorer leur compétitivité sur le marché international.
Les nouvelles réglementations de l'UE, à l’image du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (CBAM), pourraient affecter dès 2026 certaines exportations algériennes, en imposant des taxes supplémentaires sur par exemple l’acier, le ciment ou encore les engrais.
Cette préoccupation appelle la nécessité d'une révision de l'accord pour mieux protéger les intérêts algériens. La taxe carbone affectera la compétitivité des entreprises algériennes sur le marché international. L'Accord d'association entre l'UE et l'Algérie ne prévoit pas de quotas restrictifs spécifiques pour les exportations d'acier algériennes. Toutefois, certains produits peuvent être soumis à des contingents tarifaires, ce qui peut influencer les volumes exportés.
Cet accord est soumis à des mesures de sauvegarde de l'UE, qui peuvent inclure des quotas pour certaines catégories de produits sidérurgiques afin de protéger le marché européen contre les importations. Ce qui n’arrange pas l'Algérie qui se positionne comme un acteur émergent dans l'exportation d'acier et de produits sidérurgiques.