Pendant que la Protection civile et les forestiers s’attaquaient hier à un nouveau foyer d’incendie sur les hauteurs de Béni Maouche, au sud de la wilaya de Béjaïa, la solidarité s’organise. Contrairement à ce qui était d’usage dans le domaine de la solidarité, où les citoyens prenaient en main ces actions d’entraide, cette année, ce volet est pris en charge par l’administration qui a impliqué le mouvement associatif.
Les premières aides ont commencé à être acheminées vers la salle omnisports de Béjaïa faisant office de centre de collecte et de stockage, hier matin, depuis les wilayas limitrophes et des localités épargnées par le feu. Selon le responsable du centre, chapeauté par la Direction de l’action sociale de Béjaïa (Dass), «les aides, composées essentiellement de denrées alimentaires, de matelas, de couvertures, de produits pharmaceutiques et de médicaments, sont rassemblées dans ce centre, avant qu’elles ne soient réparties, au fur et à mesure, sur les communes sinistrées». Pour acheminer ces dons, des volontaires se sont proposés.
Les camions des APC sont également mobilisés pour convoyer les kits alimentaires et autres effets aux victimes. Cependant, hier, à 14 h, des citoyens des 28 villages de la commune de Toudja, la localité la plus touchée par le feu, regrettent «n’avoir rien ou peu reçu d’aides dans les villages».
À l’APC de Toudja, dont la plupart des élus sont sinistrés, c’est l’«anarchie», dit-on. «Quelques dons sont arrivés au siège de la mairie, mais il s’est posé en suite le problème de manque de moyens de transport et de personnel pour organiser la distribution vers les villages sinistrés d’Ait Ouassalah, Boudaoud Souk-El-Djemâa dans le douar Abraras», qui ont vu défiler, ces deux derniers jours, plus de délégations officielles que des convois d’aides, regrettent-ils.
Par ailleurs, plusieurs associations ont mobilisé leurs adhérents dans le but de venir en aide aux victimes. Certaines d’entre elles, à l’image de l’association «Kafil El Yatim», a ouvert son bureau pour recevoir des dons de bienfaiteurs.
La même organisation a lancé hier une campagne de don de sang au profit des structures de santé ayant pris en charge, sans relâche, plusieurs jours durant, les blessés évacués en grand nombre vers les urgences.
À propos de la situation sanitaire, on a appris hier matin que sur les dernières 14 personnes admises, mardi, au CHU Khellil Amrane de Béjaïa, il n’en reste plus que 4 qui poursuivent leurs soins dans les différents services de l’hôpital.
Le suivi médical et psychologique des personnes touchées est assuré un tant soit peu par la direction de l’action sociale depuis lundi, dans des refuges ouverts pour la circonstance à Toudja, Beni K’sila, Melbou et Adekar. Evacués au sommet de la violence des incendies, de nombreux rescapés ont fini par rejoindre leurs maisons.
Pour sa part, la directrice de la Dass s’est déplacée à travers les localités de Melbou, Adekar, Ben Djellil, Toudja et Beni Maouche afin de superviser l’opération de solidarité et le recensement des besoins des populations locales. La mission de la Dass est soutenue par les cellules locales du même service et des associations.
Ces dernières ont une meilleure connaissance du terrain, à l’instar de l’association de bienfaisance «Tudert d’Amizour» pour d’aide aux malades cancéreux qui a mis à la disposition de l’opération de solidarité ses ambulances et des volontaires.
Des commissions de la Direction des services agricoles (DSA) sont à pied d’œuvre depuis lundi pour évaluer les pertes économiques. Il est utile de rappeler que de nombreux agriculteurs ont perdu leurs poulaillers, leurs animaux d’élevage.
Des cheptels entiers d’ovins, de bovins et de caprins ont été décimés, ainsi que des ruches. Connus pour leur pratique d’une agriculture vivrière, les fellahs de la localité de Toudja se retrouvent du jour au lendemain sans moyens de subsistance.
Enfin, selon la Conservation des forêts de Béjaïa, le seul incendie qui s’est déclaré à Béni Maouche a été maîtrisé après avoir parcouru quelques hectares de maquis.