La vente de drogue lui rapporte 23 milliards de dollars chaque année : Maroc, plaque tournante du trafic de cocaïne et de cannabis au Maghreb

03/05/2023 mis à jour: 00:56
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Le Maroc est devenu un narco-Etat

Un rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), publié fin 2022, accable le makhzen en considérant le Maroc comme le «premier producteur et exportateur mondial de cette drogue». 

Tout particulièrement le village Issaguen, plus connu sous le nom de Ketama, au pied des montagnes du Rif. Un bourg comptant environ 1500 habitants vivant de ces plantations, sous protection de l’armée de sa majesté, ou plutôt des sbires d’un roi absent depuis plusieurs mois de son pays.

Mohammed El Kharaz, né en 1965, près de Tanger, est un baron de la drogue connu mondialement, notamment chez les Colombiens, les Italiens et d’autres mafias internationales. Sa mission est d’inonder l’Algérie, l’Europe et l’Amérique du Sud en drogues, avec la complicité des services de sécurité marocains.

Samedi dernier, dans le port de Tanger Med, 10 tonnes de résine de cannabis ont été découvertes dans un camion de marchandise, deux jours auparavant 60 kg de cocaïne ont été interceptés dans un conteneur frigorifique, à destination du territoire ibérique.

Des saisies qui s’opèrent épisodiquement, volontairement, pour faire croire à cette thèse du makhzen luttant contre le trafic de la drogue. «C’est une stratégie des autorités chérifiennes qui consiste à saisir une quantité et faire passer le double ou le triple en même temps. 

C’est de la diversion connue chez tous les trafiquants, d’ailleurs», indique un spécialiste, au fait de ce trafic à grande échelle. «Cette quantité importante de cocaïne, qui était emballée dans des entrailles de thon, provenait de l’Equateur et partait pour l’Espagne.» 

C’est dire si le Maroc, en plus de la résine du cannabis qu’il exporte dans le monde entier, est devenu le relais, la plaque tournante, des cartels sud-américains alimentant l’Europe en cocaïne. «Les 70 000 tonnes de kif produites annuellement, c’est juste la quantité déclarée par les autorités royales, en réalité, la véritable production est nettement supérieure», estime notre source. 

La réalité, aussi, est que parmi les barons, figurent essentiellement des membres de la famille royale, mais aussi des hommes politiques. Il y a quelques jours, le secrétaire général du Parti islamiste de la justice et du développement (PJD) et ancien chef de gouvernement, a dénoncé, lors d’un meeting dans l’Oriental «l’intrusion d’hommes d’affaires et de barons de la drogue dans la vie politique au Maroc». 

Curieusement, même l’ancien porte-parole du palais, Hussein Aourid, s’est laissé aller en affirmant que «les barons de la drogue influencent les décisions politiques au royaume». Des déclarations non innocentes de hauts responsables de l’Etat dans un contexte marqué par des troubles et des manifestations dans plusieurs villes du royaume. A cette situation, il faut ajouter l’absence du pays d’un roi malade. 

Le poids des barons de la drogue 

Dans une étude intitulée «Economie de la drogue et réseaux de corruption au Maroc», publiée en 2004 dans la revue Politique africaine, les deux journalistes Philippe Bordes et Alain Labrousse écrivent en substance : «Au Maroc, les trafiquants représentent la plus importante source de devises dans l’économie marocaine et sont à l’origine de réseaux de corruption et de clientélisme allant du choix, par la population, de trafiquants comme autorités villageoises dans le Rif jusqu’aux plus hauts niveaux des autorités de l’Etat, du moins sous le règne de Hassan II. 

Si ce dernier avait laissé aux trafiquants et à leurs appuis dans l’administration et au sein des élus une marge de manœuvre importante dans la région du Nord, c’était pour préserver la loyauté d’une région réputée hostile au pouvoir central…» 

Dans sa biographie explosive, intitulée L’éducation d’un voyou, publiée en 2021, l’écrivain Gérard Fauré, dont le père était le médecin particulier de Mohammed V, évoque également la connexion entre le makhzen et le trafic de drogue. 

Il a acquis une notoriété qui avait fait de lui un enfant du milieu royal, protégé et gâté, mais il finira par mal tourner, en embrassant le monde de la drogue dure. Il s’en explique : «J’ai été initié à la drogue, la cocaïne particulièrement, par Fatima Oufkir, l’épouse du général, l’assassin et l’opposant Ben Barka.» Il révèle que l’Algérie était particulièrement visée. «Le jour où Hassan II monta sur le trône, c’est le jour où le Mossad s’est installé au Maroc. Il deviendra (Hassan II) automatiquement l’informateur et le délateur d’Israël», indique l’écrivain. Le jeune roi tout naturellement vendra les Arabes et leurs causes. 

La cible de Hassan II était l’Algérie particulièrement, et son fils, Mohammed VI, continuera sur la même lancée maléfique en normalisant avec l’entité sioniste pour menacer davantage l’Algérie, en installant des bases militaires et en organisant des manœuvres secrètes sur les frontières, sans oublier Pegasus, qui a espionné tout le monde, spécialement de hauts responsables algériens… 

Pour se prémunir des méfaits du pays voisin, les autorités algériennes ont creusé des tranchées profondes et très larges sur le tracé frontalier de la wilaya de Tlemcen.

 Des barrières qui ont privé les habitants du Maroc oriental, vivant pendant 40 ans du carburant et de produits algériens de première nécessité. Une décision qui est restée en travers de la gorge du makhzen. 

 

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