Depuis le début de la guerre civile syrienne en 2011, qui a fait plus de 500 000 morts et a provoqué le déplacement de la moitié de la population, la Syrie est devenue un terrain de rivalité entre grandes puissances mondiales, chacune soutenant des factions opposées au régime d’Al Assad.
La Russie, l’Iran et le Hezbollah, principaux alliés du régime syrien, ont été touchés par d’autres conflits ces derniers temps, de la guerre en Ukraine à l’agression israélienne à Ghaza, ce qui a permis aux groupes armés de lancer leur offensive fulgurante. L’effondrement du régime syrien semble accélère l’affaiblissement de l’influence russe et iranienne, tandis que la Turquie semble avoir joué un rôle déterminant dans cette chute.
Les Etats-Unis et l’Union européenne, qui ont longtemps appelé à un changement de régime en Syrie, voient la chute de Bachar Al Assad comme un développement positif. Les Etats-Unis se trouvent en Syrie depuis 2014 dans le cadre de la coalition internationale contre Daech.
Ils maintiennent des bases dans les zones sous contrôle des FDS, notamment à Al Omar et Al Tanf, près des frontières jordanienne et irakienne. Ils disposent également de forces spéciales stationnées dans les zones de Deir Ezzor et Hasaka. Leur présence vise principalement à contrer l’EI et à contenir l’influence iranienne.
La Russie, en tant que principal allié militaire de Bachar Al Assad, subit également un revers important avec la chute du régime syrien. Moscou a consacré d’importantes ressources pour soutenir le régime d’Al Assad, notamment à travers des frappes aériennes, des conseils militaires et le soutien diplomatique.
La perte de ce puissant allié dans la région pourrait affaiblir la position de la Russie au Moyen-Orient, un secteur où elle cherche depuis des années à renforcer son influence face à l’Occident et aux Etats-Unis. La Russie est militairement présente en Syrie depuis 2015. Ses bases militaires se trouvent à Hmeimim et à Tartous, alors que ses forces terrestres et aériennes sont déployées dans des zones sensibles comme Idleb, Alep et le désert de Badiya.
Pour sa part, la Turquie, qui restait prudente face à l’offensive militaire des groupes armés en Syrie, espère y gagner à terme le retour d’une partie des trois millions de Syriens réfugiés sur son sol et l’occasion de mettre fin à la menace kurde à sa frontière sud, selon l’observateur.
La Turquie a combattu l’expansion du groupe Hayat Tahrir Al Sham (HTS) dans sa «zone de sécurité», dans le nord-ouest de la Syrie. Ankara a fait pression sur ce groupe pour qu’il rompe son affiliation à Al Qaïda et ne s’en prenne pas aux minorités, chrétienne et druze en particulier. Damas et Ankara ont rompu leurs relations en 2011, après le début du conflit syrien qui a morcelé le pays et fait un demi-million de morts environ.
Mais le président turc, Recep Tayyip Erdogan, soutien des rebelles, a tendu la main à partir de 2022 à Bachar Al Assad, qu’il qualifiait jusque-là d’«assassin». En juillet, il s’est dit prêt à l’inviter «à tout moment» mais Bachar Al Assad a conditionné cette rencontre au retrait des forces turques de Syrie, malgré la médiation de la Russie, alliée de Damas.
La chute du président syrien, qui met fin à cinq décennies de règne du parti Baas en Syrie, constitue aussi un revers de taille pour le régime iranien et le Hezbollah libanais. Depuis son intervention initiale dans la guerre civile syrienne pour soutenir le régime du président Bachar Al Assad, l’Iran avait réussi à consolider considérablement sa présence dans le pays, influençant à la fois les aspects militaires, sociaux et politiques.
Cette présence a non seulement renforcé le régime d’Al Assad, mais a également modifié la dynamique du pouvoir dans la région, générant de nouvelles tensions. Mais, depuis octobre 2023, la formation pro-iranienne s’est lancée dans une guerre contre Israël en soutien au Hamas à Ghaza ; une guerre qui a considérablement affaibli ses capacités militaires. Son commandement militaire a également été décimé par les frappes de l’armée israélienne.
L’avancée des rebelles dans la province d’Alep, dont la ville du même nom est le chef-lieu, s’est faite dans une zone où des groupes pro-iraniens, principalement le Hezbollah, jouissaient d’une forte influence. Mais, le Hezbollah avait retiré progressivement, ces derniers temps, ses combattants de plusieurs positions, ainsi que d’autres régions, pour les mobiliser face à Israël.