Les ressources en eau se raréfient chaque année un peu plus. Certains spécialistes craignent même que ces dernières atteignent leurs limites d’ici 2050, surtout que les effets du changement climatique, en grande partie responsables de ce stress hydrique et des sécheresses, sont déjà observés. En Algérie, une source bien informée au niveau de l’Agence nationale des barrages a affirmé que «le pays va aller vers le dessalement d’eau de mer à raison de 42% en 2024 et 60% à l’horizon 2030». Face aux changements climatiques et à la rareté des pluies, le dessalement d’eau de mer devient donc essentiel. A cet effet, la source explique : «Les stations de dessalement vont couvrir une profondeur de 150 km jusqu’aux Hauts Plateaux. Comparé à 2021, on peut dire que la situation s’est nettement améliorée.» D’ailleurs, Azzedine Hani, professeur en hydrogéologie à l’université Badji Mokhtar de Annaba, estime que le recours au dessalement est une bonne chose. M. Hani précise que compte tenu de la situation géographique, il constitue même une bonne solution surtout en utilisant l’osmose inverse. «En ce qui concerne le coût énergétique de ces stations, je pense qu’il faut aller vers l’utilisation du renouvelable (solaire) pour réduire notre consommation de gaz», recommande-t-il. Selon le chercheur, même si le dessalement apparaît comme étant la solution la plus indiquée, il faut qu’on arrive à instaurer une vraie politique de gestion intégrée des ressources en eau en jouant sur l’ensemble des paramètres de la GIRE. Un avis largement partagé par Djamel Belaid, ingénieur agronome, spécialisé en vulgarisation des techniques innovantes qui ajoute : «Etant donné que cette eau coûte cher vu ce que sa production consomme comme énergie, il est nécessaire de développer une tarification qui incite aux économies d’eau.» Alors que l’Algérie compte 80 barrages et 5 en cours de construction, les spécialistes s’accordent à dire que «la politique des barrages, devant la rareté des pluies, n’assurera pas une alimentation en eau pérenne lors des longues sécheresses». A cet effet, la source affirme qu’«à l’heure actuelle, le taux de remplissage national est de 31%, mais qu’à l’horizon 2030, l’eau des barrages sera consacrée à l’irrigation». Ainsi, pour faire face aux changements climatiques et ses conséquences notamment sur la pluie, il est important d’avantager la sobriété hydrique. Par ailleurs, certains aliments que l’on consomme, notamment les fruits, ont aussi un impact sur l’environnement, car ils atteignent des records en termes de consommation d’eau. C’est pourquoi, Djamel Belaid estime qu’aujourd’hui, il est important de choisir les fruits à consommer, même si ces derniers sont de saison. Selon lui, il est nécessaire de tenir compte de l’évaporation et de la transpiration des plantes. «L’évaporation est plus importante au Sud et en présence de vent. C’est d’ailleurs pour cela que les agriculteurs installent des brise-vent». Ainsi, en ces circonstances de réchauffement climatique, de sécheresse et de stress hydrique, Djamel Belaid explique que stopper la culture des fruits gourmands en eau (la pastèque par exemple) relève d’un processus de concertation. Selon lui, il s’agit de réunir agriculteurs, services agricoles et services de l’hydraulique afin d’examiner l’état de la réserve hydrique pour chaque région. «Puis en fonction du quota autorisé pour assurer une durabilité de la ressource en eau. Et c’est aux irrigants de déterminer pour chacun le volume d’eau à se répartir.» Pour ce qui est des cultures stratégiques à privilégier et celles à mettre en stand by, le spécialiste estime que la décision revient aux pouvoirs publics. «C’est aux autorités de définir et de traduire dans les faits des cultures stratégiques : céréales, pommes de terre, légumes secs et oléagineux», conclut-il.