La responsable du PT a été reçue lundi par le chef de l’état : Ce que Louisa Hanoune a dit au président Tebboune

14/12/2023 mis à jour: 02:30
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Le président Tebboune reçevant à El Mouradia la responsable du PT, Louisa Hanoune - Photo : D. R.

Sur le plan socioéconomique, Louisa Hanoune affirme avoir demandé au président de la République à ce que «les augmentations des salaires des fonctionnaires soient généralisées à toutes les catégories de travailleurs».

La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, révèle le contenu de sa discussion, lundi dernier, avec le président Abdelmadjid Tebboune. Intervenant lors d’un point de presse, animé hier au siège de sa formation politique à Alger, elle affirme d’emblée que «les échanges, pendant trois heures, étaient sans tabous et ont porté sur tous les sujets d’actualité nationale et internationale». «Je ne suis pas allée négocier avec lui, mais pour discuter de la situation dans notre pays», précise-t-elle, indiquant que le rendez-vous a été décidé à l’occasion de la célébration de l’anniversaire du déclenchement de la Guerre de Libération nationale, le 1er novembre dernier.

Après avoir mis la rencontre dans son contexte, Louisa Hanoune passe à la présentation du contenu de cet échange. Ce dernier, indique-t-elle, a porté sur la situation à Ghaza et la guerre d’extermination du peuple palestinien, la question des libertés dans le pays ainsi que les volets socioéconomiques.

«J’ai d’abord insisté sur la nécessité de renforcer l’immunité de notre pays et de consolider sa résilience, en traitant tous les problèmes susceptibles d’être exploités par des forces étrangères pour attaquer notre souveraineté», souligne-t-elle.

Pour ce faire, la secrétaire générale du PT affirme avoir demandé au chef de l’Etat de «procéder à des mesures d’apaisement et à la libération des détenus d’opinion». «Je lui ai dit que l’année 2024 est une année charnière et qu’il est nécessaire d’accélérer ces mesures», souligne-t-elle, en rappelant qu’Abdelmadjid Tebboune peut user de ses prérogatives pour le faire, comme il l’avait déjà fait par le passé.

Toujours sur ce point, Louisa Hanoune affirme avoir évoqué le dossier de l’affaire de Larbaa Nath Irathen et la condamnation à mort de 38 accusés dans ce dossier. «J’ai dit que l’impunité est rejetée. Mais il faut traiter ce dossier comme un Etat éclairé», soutient-elle.

Libertés : «Tebboune  m’a dit qu’il n’a donné  aucune instruction»

Louisa Hanoune affirme également avoir demandé l’ouverture du champ médiatique, plus particulièrement tous les médias publics, car cela permettra aussi de libérer les médias privés. «C’est ainsi qu’on rétablira les conditions d’un débat politique pluriel et contradictoire, à la veille d’une année charnière qui est celle qui précède la présidentielle de 2024», rappelle-t-elle.

En réponse, dit-elle, Abdelmadjid Tebboune lui a affirmé «qu’il n’a donné aucun ordre pour verrouiller le champ médiatique et restreindre les libertés». «Même le directeur de la communication de la Présidence a affirmé la même chose. Le Président affirme que la liberté d’expression est garantie dans le cadre du respect de l’unité nationale», enchaîne-t-elle.

La secrétaire générale du Parti des travailleurs fait savoir également qu’elle a demandé au président Tebboune «d’abroger l’article 87 bis du code qui ouvre la voie à des dérives», ainsi que la révision des lois sur «l’exercice syndical et le droit de grève». «J’ai demandé aussi l’enrichissement du projet de loi sur les partis politiques. Dans sa réponse, le président affirme qu’il n’a pas l’intention de caporaliser la vie politique et syndicale», fait-elle savoir.

Sur le plan socioéconomique, Louisa Hanoune affirme avoir demandé à ce que «les augmentations des salaires des fonctionnaires soient généralisées à toutes les catégories de travailleurs».

«Le Président m’a déclaré que d’autres mesures pour l’amélioration du pouvoir d’achat vont suivre», explique-t-elle, ajoutant  qu’il avait ordonné «de revoir les lois sur la lutte contre la spéculation et contre la surfacturation». «Concernant les familles des oligarques emprisonnés, le chef de l’Etat m’a dit qu’il a ordonné à ne pas saisir leurs habitations principales», annonce-t-elle.

L’oratrice indique aussi que le président Tebboune «lui a assuré qu’il ne permettra pas l’ouverture des capitaux des banques (CPA et BDL) aux étrangers». L’échange a porté aussi sur la situation à Ghaza, le rôle de l’Algérie et l’attitude de la Ligue arabe et surtout les Emirats arabes unis devenus, selon elle, «des défenseurs acharnés de l’occupation israélienne».

Concernant ce dernier pays, lance-t-elle, «il devient une menace pour la stabilité de l’Algérie». «Cette entité (Emirats arabe unis, ndlr) collecte de l’argent et arme le Maroc. Avec l’entité sioniste, elles poussent à la guerre au Maghreb. Les Emirats font aussi la même chose au Sahel, notamment au nord du Mali. Ce pays est dangereux», met-elle en garde, appelant carrément à réduire «sa présence dans l’économie algérienne et à nationaliser la SNTA». «Ces investissements en Algérie ne sont qu’une couverture. L’objectif est d’infiltrer nos institutions», dit-elle.

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