Le JRC insiste sur l’extrême gravité de la situation au Maghreb, plus particulièrement le Maroc qui fait face à sa sixième année avec peu de précipitations. Cela n’est pas sans conséquences sur le niveau de remplissage moyen des barrages qui a atteint difficilement 23%.
Rareté de la pluviométrie et de la neige, des barrages asséchés, des ressources souterraines surexploitées et des sols menacés de désertification… le bassin méditerranéen subit visiblement les pires effets des changements climatiques. Les pays du Maghreb, le Portugal, l’Espagne, la France, l’Italie, la Grèce et Malte traversent, en effet, une situation climatique exceptionnelle.
Celle-ci dure depuis plusieurs années déjà en Afrique du Nord et depuis deux ans dans les pays du sud de l’Europe. Le phénomène risque d’être durable, selon les centres spécialisés dans la recherche sur le climat.
«Après les températures extrêmement élevées qui ont marqué l’année 2023, 2024 débute dans des conditions critiques de sécheresse dans le bassin méditerranéen», font remarquer les scientifiques du Centre commun de recherche de la Commission européenne (JRC), cité dans un article du quotidien français, Le Monde, consacré à ce sujet.
Dans un rapport concernant ce phénomène rendu public le 20 février dernier, le JRC, s’appuyant sur les indicateurs de leur Observatoire européen de la sécheresse, fondé sur l’exploitation des images satellites du programme européen Copernicus, évoque «un état d’alerte pour le sud et l’est de l’Espagne, le sud de la France, la majorité de l’Italie, Malte, Chypre, une partie de la Roumanie, de la Grèce et de la Turquie». «Globalement, tout l’ouest du bassin méditerranéen est frappé de plein fouet», souligne la même source.
Le JRC insiste sur l’extrême gravité de la situation au Maghreb, plus particulièrement le Maroc qui fait face à sa sixième année avec peu de précipitations. Cela n’est pas sans conséquences sur le niveau de remplissage moyen des barrages qui a atteint difficilement 23%.
Dans ce pays, les pluies étaient inférieures de 70% à la moyenne depuis septembre 2023. La situation est similaire en Algérie qui a traversé également une longue période de sécheresse ayant impacté fortement les barrages et les approvisionnements en eau potable.
L’Algérie a, cependant, été sauvée, un tant soit peu, par les pluies du mois de février dernier qui ont permis d’augmenter, même faiblement, le niveau de remplissage des barrages (avec un taux moyen de 40,85%).
Face à cette situation, les pays du Maghreb comptent sur le dessalement d’eau de mer pour compenser le déficit (huit usines au Maroc, neuf en Algérie et sept en Tunisie). Même option pour Barcelone, en Espagne, qui s’apprête à se doter de deux grandes usines de dessalement d’eau de mer pour approvisionner ses habitants.
«Risque très élevé d’incendies»
Comme le Maghreb, la Catalogne subit sa «pire sécheresse depuis un siècle», selon le président du gouvernement régional Père Aragonès. La région espagnole est placée en état d’urgence depuis le 1er février, ce qui a déclenché une série de restrictions sur la consommation de la ressource.
Le sud de la France connaît également la même situation, avec 22 mois de déficit de pluviométrie depuis le début de l’année 2022. Selon les relevés météorologiques de ce pays, les Pyrénées-Orientales connaissent une sécheresse historique en durée et en intensité, la plus sévère depuis nos premiers enregistrements qui datent de 1959.
Selon le même rapport, les anomalies de température, la sécheresse des sols et celle des arbres ne peuvent que favoriser les incendies, alertant sur un danger «très élevé», voire «extrême» en Afrique du Nord, et «modéré à fort» dans le sud-est de l’Espagne.
Cité par Le Monde, le climatologue français, Joël Guiot, soutient que «la surface de la Méditerranée devrait, d’ailleurs, continuer de se réchauffer».
«Nous observons, depuis 2017 que la zone des hautes pressions des Açores s’est déplacée au-dessus du Maroc, de l’Espagne, du sud de la France, de l’Italie», souligne pour sa part Davide Faranda, chercheur CNRS, climatologue à l’Institut Pierre-Simon Laplace, cité par le même quotidien.