La photographe Noun expose à la galerie XBM Studio à Alger : Ode poétique à l’espoir et à la résilience

01/08/2024 mis à jour: 03:05
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Le photographe Noun expose ses œuvres à la galerie XBM Studio à Alger

La photographe et cinéaste Noun dévoile, jusqu’au 3 août, sa première exposition personnelle de photographies au niveau de la galerie de XBM Studio à Alger.

Si par le passé Naila Megrad alias Noun a déjà exposé en collectif en France, aujourd’hui, elle est fière d’exposer en solo. «ILI» est le titre de son exposition personnelle. Un terme qui fait référence à l’existence en tamazight. 

D’emblée, la trentenaire nous précise qu’elle s’inspire de l’initiale arabe de son prénom qui la mythologie égyptienne, l’océan primordial, représentant à symbolise, dans la fois le chaos originel et le berceau fertile de la vie sur Terre. A travers son exposition, elle explore diverses dimensions de l’existence, à savoir la coexistence des espèces sur terre, les communautés multiples partageant un même espace géographique et la cohabitation des cultures variées à l’intérieur de soi. Cette exposition n’est autre qu’une ode à l’espoir, à la tolérance et à la résilience. L’exposition est traversée par trois espaces distincts. 

Une cinquantaine de photographies en couleurs et en noir - de petit, de moyen et de grand formats - orne les cimaises de la galerie, le tout rehaussé par une lumière éclatante. L’artiste fait de la photo documentaire depuis quatre ans. Si elle a beaucoup appris, elle reconnait qu’elle a beaucoup pratiqué. Ayant plus d’une corde à son arc, elle travaille dans le cinéma en tant que réalisatrice de films documentaires. Elle a été script notamment dans la série 11. 11 qui a été diffusé pendant le ramadan dernier. Si notre jeune photographe fait beaucoup de choses en même temps, elle avoue qu’elle aime particulièrement la photo documentaire. Elle se plait à se balader  partout en Algérie avec son appareil photo numérique qui ne la quitte, pour ainsi dire, jamais.


Trois années de labeur

A travers son objectif, elle capture entre autres l’essence même de la vie humaine, urbaine,  environnementale révélant la beauté fugace d’instants ordinaires. Cette présente exposition de photographies est la résultante d’un fruit de trois années de travail documentaire. Elle nous livre un projet accompli avec un rendu des plus prometteurs. Il est difficile de résumer ce travail en quelques mots. Cependant, son œuvre tient à la fois du reportage documentaire et de la photo d’auteur. Une œuvre empreinte d’humanisme, qui sait nous faire ressentir un jaillissement des modes intimes dont sont habités les sujets qu’elle photographie. Finement composées, toujours avec cette touche personnelle, ses  instantanés font preuve d’une étonnante capacité à s’émerveiller sans cesse de son environnement et de ses relations humaines. 

En effet, la photographe nous fait entrer dans l’intimité de certains personnages qu’elle a connus au détour d’une balade heureuse dans la capitale ou encore à travers le territoire national. Elle a également, immortalisé des moments d’amitié avec certaines personnes qu’elle a rencontrées lors du festival FiSahar 2022, organisé dans un camp de réfugiés au Sahara occidental. L’œuvre intitulée Connecter, représente une belle jeune fille au regard tendre se trouvant dans une khaima préfabriquée au Sahara occidental. En parcourant l’exposition en question, on se rend compte que Noun a essayé de mettre en valeur l’exisence sous toutes ses formes.  

 


Des personnages rayonnants

Au-delà de l’existence de portraits de différentes personnalités qui rayonnent, une vie sous forme végétale est également omniprésente. Dans un autre espace de l’exposition, la photographe Noun a voulu faire un clin d’œil à sa regrettée grand-mère Halima, décédée en 2021, et ce, à travers l’installation d’une œuvre des plus attendrissantes intitulée Bab el Jenna. 

Une porte métallique du jardin de la défunte est posée contre un mur. Des photos de  l’espace de la maison de sa grand-mère sont accrochées sur cette ferraille blanche, agrémentés par d’autres objets personnels tels qu’un foulard, un chapelet, des bougies, le drapeau algérien ou encore du jasmin. Le troisième pan de l’exposition est consacré à la saga du football algérien. 

Un grand visuel laisse apercevoir quatre femmes supportrices avec des costumes, caractérisant leurs régions d’appartenances. Un hommage est également rendu à la Palestine où une supportrice porte le keffieh palestinien autour de la taille. 

 L’encadrement de cette œuvre est orné avec la récupération de paquets de cigarettes : façon singulière de montrer la diversité des choses qui ont un point commun. Notre interlocutrice explique que l’encadrement fait partie aussi du sens qu’on veut donner à son œuvre. Elle a fait, justement, attention d’encadrer sa collection, avec des matériaux nobles, comme le bois brut ou encore avec des matériaux de récupération. 

Un autre hommage est rendu à différents métiers représentatifs tels que les passionnés de moto, des vendeurs de   Smartphones ou des cordonniers. L’artiste précise que la photo, c’est son lien avec les autres. «D’apprendre des choses sur des vies qui ne sont pas les miennes. Finalement, c’est un moyen de rendre hommage et de mettre en lumière des personnes qui ont des vies et des histoires très intéressantes. J’aime bien être un tremplin. Pour moi, cette exposition, ce n’est pas uniquement la mienne. C’est une exposition de toutes ces personnes que j’ai croisées sur mon chemin», ajoute-t-elle.


En somme, c’est avec la photographie que l’artiste Noun réinvente le réel. Ces différentes œuvres remettent en question notre logique humaine. Des œuvres qui interpellent et nous invitent à nous interroger à plus d’un titre. 
Nacima Chabani
 

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