La hausse des prix s’installe dans la durée : Aucun répit pour les ménages

18/04/2022 mis à jour: 02:06
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Photo : D. R.

En plus de la pénurie qui a touché l’huile et la semoule, les consommateurs font face à une spirale inflationniste sans précédent puisque l’envolée a touché l’ensemble des catégories des produits alimentaires, notamment ceux relevant des biens industriels et des produits agricoles frais.

Alors qu’habituellement les prix reviennent à la normale dès la deuxième semaine du mois de Ramadhan, c’est le contraire qui se produit actuellement. La flambée est toujours de mise et les prix poursuivent leur ascension au grand dam des consommateurs. C’est dire que l’inflation s’installe dans la durée dans ce contexte de fortes tensions sur les prix des matières premières alimentaires. Mais pas que. L’inflation n’est pas seulement importée puisque le marché semble dominé par la désorganisation, notamment en matière de distribution.

Ce qui est à l’origine de cette hausse continue des prix dont l’évolution reste à évaluer du côté de l’Office national des statistiques (ONS), dont la publication des indices de prix à la consommation concernant les mois de février et mars n’a pas encore été faite.

Prévu dans le calendrier de l’Office pour mars (indices de février) et pour avril (indices de mars), la publication tarde à se faire. En attendant de connaître ces chiffres officiels pour ces deux mois et les raisons de cette flambée, rappelons qu’après avoir progressé de 8,5% en décembre 2021 par rapport au même mois de 2020, les prix à la consommation ont bondi de 9% en janvier dernier par rapport au même mois de l’année 2021.

En variation mensuelle, l’indice brut des prix à la consommation de la ville d’Alger avait enregistré une hausse de 1,1% en janvier 2022 par rapport à décembre 2021, soit un taux mensuel plus important que celui relevé au même mois de l’année écoulée (+0,6% en janvier 2021 par rapport à décembre 2020). Le taux d’inflation a, quant à lui, atteint 7,6% en glissement annuel (février 2021 à janvier 2022/ février 2020 à janvier 2021).

Et ce, après le pic de 9,2% en octobre dernier. Ce qui reflète l’accélération des prix qui a fini par s’accentuer en ce mois de Ramadhan avec le poulet qui a encore pris de l’aile se vendant à plus de 400 DA/kg, la laitue à 320 DA/ kg et la pomme de terre à 170 DA/kg. Des sommets jamais atteints pour des produits de large consommation sans parler de la banane dont le prix a atteint 850 DA/kg ces derniers jours avant de retomber tout en restant inaccessible.

C’est le cas également pour d’autres denrées. Ainsi, en plus de la pénurie qui a touché l’huile et la semoule, les consommateurs font face à une spirale inflationniste sans précédent puisque l’envolée a touché l’ensemble des catégories des produits alimentaires, notamment ceux relevant des biens industriels, note l’ONS.

«Les biens alimentaires industriels se distinguent par un relèvement de 5,2%. Des augmentations importantes sont observées pour cette catégorie, notamment pour les pains et céréales (+6,8%), les laits, fromages et dérivés (+3,2%), les huiles et graisses (+4,2%)», avait précisé l’ONS dans sa dernière note portant sur le mois de janvier.

Entre-temps, la hausse s’est accélérée. Ces indices s’annoncent en forte hausse pour les mois suivant surtout après l’explosion des prix durant ce mois de Ramadhan. Un mois pour lequel le gouvernent a pourtant prévu une série de mesures mais sans impact réel sur le pouvoir d’achat en dégradation continue.

D’où la colère sur la scène syndicale à travers les mouvements de grève annoncés pour réclamer la revalorisation des salaires. Ce qui menace, selon les experts, la cohésion sociale. L’économiste Abderrahmane Mebtoul le dit d’ailleurs dans une contribution adressée à notre rédaction et prévoit même un taux d’inflation à deux chiffres au cours de cette année.

«Le processus inflationniste a atteint un niveau intolérable : plus 100% pour les pièces détachées et les voitures, entre  50/100% pour certains produits alimentaires, parallèlement à une pénurie de nombre de produits. Nous ne devons pas nous réjouir donc d’un excédent de la balance commerciale qui provoquerait une paralysie de l’économie», prévient-il. Et d’appeler à éviter «les visions populistes» dans cette situation.

«Doubler les salaires sans contrepartie productive entraînerait une dérive inflationniste, qui pénaliserait les couches les plus défavorisées, l’inflation jouant comme redistribution au profit des revenus spéculatifs», avertit M. Mebtoul. 

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