La France et la Palestine

11/07/2024 mis à jour: 09:34
1998

Avec la nouvelle configuration de son Assemblée nationale, la France sortira-t-elle de son ambigüité vis-à-vis de la question palestinienne ? Sera-t-il mis un terme au «soutien inconditionnel à Israël», tel qu’exprimé par l’ancienne présidente du Parlement, Yaël Braun Pivet,  faisant  ainsi l’impasse tant sur la guerre génocidaire menée à Ghaza que sur le droit des Palestiniens à  vivre en paix sur leur terre spoliée.

Le Parlement ira-t-il jusqu’à reconnaître l’Etat de Palestine et emboîter le pas  aux pays européens qui l’ont fait, notamment l’Espagne et les deux tiers des pays de l’Assemblée générale des Nations unies ?

Il faut dire que le  seul groupe  politique qui irait dans cette direction est le Nouveau Front Populaire de gauche arrivé en tête des législatives. Avec la grande nuance que la seule formation politique qui a les idées claires sur ce  dossier et  dispose de la volonté d’aller franchement de l’avant est le parti Les Insoumis conduit par Jean-Luc Mélenchon.

Il est d’ailleurs en première ligne depuis le 7 octobre dernier face à l’hystérie d’une large partie de la classe politique française intoxiquée par les puissants  réseaux sionistes  français et une  bonne partie des médias toutes catégories confondues. Il s’est battu inlassablement  pour que le génocide opéré à Ghaza par Israël ne soit pas passé sous silence en France. Presque seul contre tous.

Le viol d’une adolescente juive à Paris par deux jeunes de son âge a été instrumentalisé à mort par ses adversaires pour le qualifier d’antisémite. Mais il  n’est pas sûr que ses  nouveaux alliés de gauche au Parlement le suivent complètement, notamment les socialistes qui ont toujours baigné dans l’ambigüité concernant la séparation entre antisémitisme et  sionisme, deux notions bien différentes pourtant. 

Pour  le chercheur Dominique Vidal, il n’y aurait aucun point commun entre l’antisémitisme et l’antisionisme : «L’antisémitisme comme la haine des Arabes, la haine des Noirs ou la haine des Roms est un délit poursuivi et sanctionné par tout un arsenal dans le droit français. L’antisionisme est une opinion à laquelle chacun est libre d’adhérer ou non.» «Il n’y a aucun point commun entre les deux. Etre antisioniste ne veut pas dire qu’une personne est hostile à l’existence d’Israël et encore moins qu’elle est hostile aux juifs», écrit-il.

Pour Eric Coquerel, député de la France Insoumise, «on doit pouvoir critiquer la politique de Benyamin Netanyahu, comme on doit pouvoir critiquer une politique de théocratie islamiste sans passer pour un antimusulman ou sans passer pour un antisémite».

La bataille promet  donc d’être rude et longue sur ces questions sensibles, d’autant que la droite, l’extrême droite et  le parti présidentiel pourraient même faire front au Parlement, le plus important pour eux  étant  de contrer toute idée des Insoumis, pas seulement celles concernant la question palestinienne.

LFI est le parti à abattre, car il a osé s’opposer à Israël et défendre les Palestiniens. Ses ennemis iront-ils jusqu’à  faire barrage à toute reconnaissance par Paris de la Palestine  et aller ainsi  à l’encontre  d’un processus qui s’élargit  en Europe et dans le monde entier ? Enfin seront-ils tentés de déterrer le projet de Macron de faire voter une  loi sur l’antisionisme ?

Le chef de l’Etat a été  un temps intoxiqué,  comme ses alliés de droite, par les lobbys sionistes, notamment le CRIF leur recommandant un tel texte infamant. Pour Dominique Vidal, «punir l’antisionisme pourrait être très dangereux, car c’est un doigt dans un engrenage totalitaire. Nous disposons de plusieurs lois pour punir les insultes antisémites : la loi de 1881, la loi de 1972, la loi Gayssot de 1990, il n’y a qu’à les appliquer.

Punir l’antisionisme, ce serait revenir à un délit d’opinion, ce serait interdire une idée, une manière de voir l’histoire des juifs et du Proche-Orient». Est-ce que ces députés veulent la réintroduction de la censure légale en France ?

Les prochaines semaines, les regards seront braqués sur le Parlement français lorsque sera abordée la question palestinienne. Une bonne nouvelle déjà, l’hémicycle  est  débarrassé d’un fou furieux sioniste, le député Meyer Habib, franco-israélien battu lors du second tour des législatives. Mais il en reste beaucoup malheureusement.

 

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