Invité comme témoin privilégié de l’attaque contre les 15 humanitaires, le Dr Younes Al Khatib, président du Croissant-Rouge palestinien, pour lequel travaillaient huit des 15 victimes tuées par Israël, a déclaré que «de nombreux records effroyables ont été battus dans cette guerre contre Ghaza, vu le nombre de travailleurs humanitaires tués le plus élevé de tous les conflits».
Récemment, a-t-il révélé, une mission coordonnée par l’OCHA (Bureau de la coordination des affaires humanitaires) a découvert une fosse commune où 15 secouristes, dont huit ambulanciers du Croissant-Rouge palestinien, six membres de la Défense civile et un officier de l’Onu, ont été enterrés.
Samedi dernier, a-t-il dit, «nous avons été témoins de l’un des moments les plus sombres d’un conflit qui a profondément bouleversé notre humanité commune», puis il poursuit son témoignage en revenant sur la découverte des corps des humanitaires, ensevelis dans une fosse commune, après avoir essuyé des tirs de l’armée israélienne alors qu’ils tentaient de secourir des civils blessés dans les environs de Rafah.
«Ils ont été tués alors qu’ils étaient en mission pour sauver des vies», a précisé le Dr Al Khatib. «Nous avons documenté les tirs intenses que le centre de dispatch a pu entendre alors que l’équipement VHF était allumé», a révélé le Dr Al Khatib. Selon lui, un membre de l’équipe, Asad Al Nasasra, «a signalé qu’ils étaient pris pour cible. Puis, de manière glaçante, le centre de dispatch a intercepté une conversation en hébreu entre les forces israéliennes et les secouristes piégés.
Cela signifie que certains étaient encore vivants lorsqu’ils étaient sous le contrôle des forces israéliennes». «Al Nasasra est le seul membre de l’équipe dont la dépouille n’a pas été retrouvée. Il reste à ce jour porté disparu», a affirmé le Dr Al Khatib, en rappelant avoir pris note des documents du Croissant-Rouge sur le déroulement de la mission, ainsi que des communications du service de répartition et de ce qu’une équipe avait constaté à son retour sur les lieux, avant d’affirmer : «Asad Al Nasasra, membre du Croissant-Rouge, a signalé que son équipe avait essuyé des tirs et que plusieurs collègues avaient été blessés.
Il est toujours porté disparu. Nous appelons les forces d’occupation israéliennes à fournir des informations sur son sort.» Il a conclu son témoignage en demandant «une enquête approfondie» et «la reprise immédiate de l’acheminement de l’aide», avant d’exhorter «le Conseil de sécurité et l’ensemble de la communauté internationale à ne ménager aucun effort pour rétablir le cessez-le-feu».
Le témoignage du président de la Société du Croissant-Rouge palestinien a été aussi poignant que glaçant. Selon lui, «la déshumanisation des Palestiniens est intentionnelle et la solution appartient aux politiciens, et non aux humanitaires.
Certains pourraient penser que ce problème pourrait être résolu par une aide humanitaire accrue, en investissant davantage à Ghaza et en Cisjordanie… N’espérez pas que les humanitaires fassent leur travail. Lorsque des travailleurs humanitaires ont été pris pour cible comme notre équipe à Ghaza… c’est votre responsabilité», a lancé le Dr Al Khatib aux membres du Conseil de sécurité.