La décarbonation face à des coûts de plus en plus élevés : Plusieurs facteurs ralentiront la transition énergétique en 2024

10/12/2023 mis à jour: 02:53
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L’année 2024 ne sera pas celle de la transition énergétique, c’est en tout cas ce que dit une analyse de Standard&Poor’s. Cette dernière souligne que même si «le changement climatique reste reconnu comme un risque mondial majeur, toute accélération de la décarbonation pourrait se heurter à des défis- liés à des coûts plus élevés, des perturbations géopolitiques et des réactions négatives en matière de politique environnementale - qui détourneraient les priorités d’atténuation du changement climatique». 

Le spécialiste des projections financières estime que le risque de crédit est plus élevé dans une transition brutale et le potentiel de perturbation des secteurs à forte intensité de carbone reste à la fois élevé et difficile à prévoir. La même analyse livrée la semaine dernière relève également que des taux d’intérêt «plus élevés pendant une longue période et une inflation des coûts des intrants pourraient ralentir la transition énergétique» en 2024.  S&P fait remarquer que le coût de la transition a augmenté durant la dernière décennie. 

«Les coûts de financement plus élevés affectent davantage les investissements dans les énergies renouvelables que dans le combustibles fossiles», précise l’analyse en notant également que les goulots d’étranglement de la chaîne d’approvisionnement et les effets inflationnistes qui en résultent sur les matériaux essentiels à la transition énergétique restent des problèmes-clés alors que la demande de technologies propres augmente à l’échelle mondiale, en particulier pour le stockage de énergies éolienne et des batteries. 

Le recours à la décarbonations aura un coût difficile à supporter par les entreprises. «Des contraintes budgétaires plus strictes exercent une pression sur les politiques environnementales», note S&P en justifiant que même si les pompes à chaleur, les améliorations éco-énergétiques et les véhicules électriques deviennent de plus en plus compétitifs en termes de coûts par rapport à leurs alternatives aux combustibles fossiles, des coûts d’emprunt plus élevés sont susceptibles de ralentir leur adoption par les ménages. 

Et de noter : «A l’horizon 2024, les consommateurs pourraient être confrontés à des choix difficiles entre ce qui est le plus rentable pour leur famille ou ce qui est meilleur pour la planète». 

Outre cet argumentaire, la même analyse suggère qu’avec une croissance économique plus lente et des coûts de financement plus élevés, les priorités pourraient se détourner de la lutte contre le changement climatique. 

De même, que lors d’une transition abrupte, le risque crédit est plus élevé alors que les secteurs les plus émetteurs de carbone ne subissent pas encore beaucoup de pression en matière de crédit. «La tarification du carbone à l’échelle mondiale reste faible, le secteur pétrolier et gazier n’a pas été confronté jusqu’à présent à une détérioration de ses conditions de financement, même si l’AIE prévoit que la demande en combustible fossile aura culminé d’ici 2025», précise S&P en notant que même les secteurs, du ciment, de la chimie et de l’aérien ne subissent pas non plus des changements contraignants. Il y a toutefois des risques à prévoir et qui seront imposés par des contraintes commerciales. 

«Le manque de préparation pourrait également provenir d’une faible résilience aux risques physiques climatiques et de besoins d’adaptation non satisfaits. De nombreux gouvernements et entreprises ne prennent toujours pas en compte ces risques lorsqu’ils examinent le déficit d’adaptation». 

La même analyse relève par ailleurs que l’incertitude géopolitique pourrait empêcher la coordination mondiale nécessaire à la transition énergétique. S&P souligne ainsi que les conflits en cours, tels que les guerres en Ukraine et en Palestine, «pourraient rendre plus difficile la réalisation de la coordination mondiale requise pour véritablement atténuer le changement climatique». 

De même que les différends commerciaux dans le domaine des technologies propres pourraient devenir plus importants et aggraver le problème de l’action collective.
 

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