La crise entre l’Est et l’Ouest s’exacerbe : Risque d’arrêt total de la production de pétrole en Libye

29/08/2024 mis à jour: 01:59
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Un arrêt total de la production de pétrole en Libye se profile suite à une série de fermetures de sites pétroliers dont dépend l’économie du pays, dans un contexte de conflit interne sur le contrôle de la Banque centrale.

Mohammed El Menfi, chef du Conseil de la présidence à Tripoli, avait pris la décision de remplacer le directeur de la Banque centrale, Sadik Al Kebir, et le conseil d’administration de la banque qui supervise la richesse pétrolière du pays. Une décision rejetée par le Parlement de l’Est.

Les champs pétroliers libyens sont en train de fermer les uns après les autres. La production de pétrole du champ pétrolier d’El Feel, dans le sud-ouest de la Libye, a été arrêtée, et la production de plusieurs autres champs dans l’Est et le Sud-Est a été interrompue ou réduite. Les opérateurs locaux ont indiqué à Bloomberg que la production cesserait progressivement dans tout le pays.

Les autorités de l’Est, où se trouvent la plupart des champs pétrolifères, ont menacé, selon Oil Price, de les fermer tous, aggravant l’impasse avec le gouvernement internationalement reconnu de Tripoli. La production pétrolière libyenne, qui s’élevait en moyenne à 1,2 million de barils par jour avant les fermetures, a fluctué ces derniers mois, avec des perturbations majeures survenues en janvier dernier et en août en raison de troubles politiques.

Il y a quelques jours, un cas de force majeure a été déclaré sur le plus grand champ pétrolier du pays, dont la capacité de production dépasse les 300 000 barils de brut par jour, ce qui a encore une fois affecté «les opérations d’exportation de pétrole brut vers la station de Zawiya», selon la Compagnie pétrolière nationale libyenne (National Oil Corporation-NOC).

La plus longue interruption de la production pétrolière libyenne s’est produite de janvier 2020 à septembre 2020, Cette interruption a été déclenchée par les forces affiliées au commandement général de l’Armée nationale libyenne (ALN) autoproclamée, dirigée par le général Khalifa Haftar, basé à Benghazi.

Au cours de cette période, la production pétrolière libyenne a chuté d’environ 1,2 million de barils par jour (bpj) à moins de 100 000 bpj, ce qui a eu de graves répercussions sur l’économie du pays. En 2020, la perte continue de revenus a poussé les deux parties en conflit à s’asseoir à la table des négociations.

Les interruptions de production les plus courtes ont duré entre quelques semaines et quelques mois, la dernière s’étant produite en 2022 lorsque des milices locales ont bloqué les champs pétrolifères, y compris le plus grand champ pétrolier de Sharara, ce qui a entraîné une perte de production d’un million de barils par jour.

Le Brent à 78 dollars hier à Londres

Les prix du pétrole poursuivaient leur baisse hier, le marché se recentre sur les craintes d’une demande faiblissante et d’une offre excédentaire. Le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en octobre, perdait 1,95% à 78,00 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison le même mois, baissait de 2,14%, à 73,91 dollars.

Malgré les risques géopolitiques, les inquiétudes concernant la demande ont repris le dessus, constatent des analystes. Les prix du brut restent sous la pression des prévisions moroses de la demande, notamment du côté de la Chine, premier importateur de pétrole.

Les premières données hebdomadaires sur les stocks américains de pétrole par l’API, la fédération américaine des professionnels du secteur, publiées mardi, font pourtant état d’une baisse la semaine dernière des réserves commerciales de brut d’environ 3,4 millions de barils, ainsi que d’une diminution des réserves d’essence d’environ 1,86 million de barils.

Cette publication «a été accueillie avec dédain par le marché», remarquent les analystes, et restait à mettre en perspective plus tard hier avec le rapport hebdomadaire sur l’état des stocks de pétrole aux Etats-Unis de l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) pour la semaine achevée le 23 août, réputé plus fiable. R. E.

 

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